Arrivés en Centrafrique dans le cadre d’un reportage commandité par la chaine France 24, deux journalistes français, basés au Cap, en Afrique du sud, ont été brièvement interpellés à Bangassou puis à Bangui avant d’être relaxés et regagner leur pays de résidence. Si une vaste campagne médiatique avait assimilé la nouvelle de cette interpellation à un « complot » contre l’Etat, « Afrique en plus » a pu se renseigner auprès des sources officielles, et vous livre ici son compte-rendu.
Caroline Dumayéo (reconnue à l’international pour son métier de journaliste sur la chaine France 24) et le photographe Carstens Stefan James sont en effet arrivés en Centrafrique le 3 décembre à bord d’un vol Ethiopians Airlines. Après avoir reçu dument du ministère de la communication et des médias, une accréditation officielle dans le cadre de la réalisation d’une série de reportages sur « la cohésion sociale entre les communautés musulmane et chrétienne six mois avant les élections locales », se sont ensuite rendus dans la ville de Bangassou. Là, ils vont être logés au sein de la mission catholique, sous les auspices du bien indiqué Evêque Aurellio Gazera. Après avoir pris attache avec les responsables régionaux en charge du programme DDRR à Bangassou, les deux hommes de médias vont être conduits vers un ex rebelle démobilisé, lequel bénéficie aussi du programme DDRR. Sauf qu’en l’absence d’une coordination avec les autorités préfectorales, Mme Dumayéo et Mr James vont être invités par la police locale afin d’être conduit à la préfecture. Il leur est reproché de ne pas se présenter aux autorités préfectorales, malgré leur accréditation officielle délivrée par le ministère de la communication. Les autorités locales estiment surtout que les deux hommes sont sortis « hors du cadre » du motif de leur accréditation et leur demandent de supprimer l’interview réalisée avec l’ex-démobilisé ; exigence par ailleurs souscrite par les journalistes.
Informés de la situation, les responsables de la Direction de Sécurité Territoriale (DST) vont devoir interpeller les deux journalistes à leur atterrissage sur le tarmac de l’aéroport Bangui-Mpoko, après une escale faite à Bria. Selon les sources officielles, les deux hommes ont été simplement entendus séparément sur le mobile de leur reportage. N’ayant rien trouvé de compromettant, ils seront purement et simplement relaxés après quatre heures d’audition où ils n’ont jamais été violentés ni physiquement, ni verbalement par les autorités sécuritaires. Les deux journalistes ont donc pris leur vol Ethiopians Airlines sans poursuite judiciaire, sans mesure d’expulsion afin de se rendre dans leur pays de résidence.
Cet incident s’avère donc être un cas isolé qui n’a absolument rien à voir avec une quelconque volonté de la part du gouvernement centrafricain d’empêcher les journalistes étrangers dans l’exercice de leur fonction. Par contre, la leçon à tirer est de remplir désormais toutes les formalités d’usage en matière de conditions sécuritaires et administratives afin d’éviter de tels désagréments à l’avenir.