Depuis plusieurs mois, les habitants de la ville de Bocaranga, située à 505 km de Bangui, vivent une situation alarmante. Alors que la paix semblait enfin revenue après des années de troubles, les citoyens se retrouvent confrontés à une nouvelle forme de souffrance : les abus des forces de l’ordre censées les protéger.
Dans cette ville de carrefour commercial, la libre circulation des biens et des personnes est devenue un luxe pour les habitants et les villages environnants. Selon des témoignages recueillis, les gendarmes, policiers et FACA imposent aux citoyens des « droits de douane » illégaux, des montants variant de 1 500 à 5 000 francs CFA pour transporter des marchandises vers la ville. Dans certains cas, les amendes arbitraires atteignent jusqu’à 250 000 francs CFA, et ceux qui refusent de payer risquent une détention injustifiée pouvant aller jusqu’à sept mois.
Un habitant de Mokonzi Wali, un village situé à 20 km de Bocaranga, explique : « Quand tu viens avec des récoltes ou des bagages, on te demande de payer. Sinon, tu risques d’être arrêté ou de perdre tes biens. C’est insupportable. »
« Les cultivateurs et commerçants en première ligne »
Ces pratiques affectent particulièrement les cultivateurs et les commerçants de la région, qui dépendent de la ville de Bocaranga pour écouler leurs produits ou acheter des marchandises. À Yadé, un village à 27 km, la situation est encore plus critique. Les habitants, déjà économiquement fragiles, se retrouvent contraints de payer ces taxes illégales pour survivre, un système qui paralyse le commerce local et aggrave la pauvreté.
Depuis octobre 2024, la population multiplie les appels à l’aide. Des plaintes ont été relayées sur la radio locale Mbili, dénonçant ces abus et demandant une intervention rapide des autorités. Pourtant, trois mois et demi plus tard, rien n’a changé. Les autorités locales, bien qu’informées de la situation, semblent impuissantes à agir. La question reste posée : pourquoi le ministère de la Défense et de l’Administration territoriale ne réagit-il pas face à ces violations flagrantes des droits des citoyens ?
« Un appel urgent à l’intervention »
Fatiguée et désespérée, la population de Bocaranga implore le rétablissement de l’État de droit : « Comment faire confiance aux forces de l’ordre si elles deviennent nos bourreaux ? » se demande un commerçant. Le rétablissement de la sécurité et de la justice est une urgence pour cette ville au potentiel économique important. Si rien n’est fait, la situation risque de se détériorer davantage, alimentant un sentiment de méfiance et de désespoir parmi la population.
Les organisations de la société civile, les médias et les défenseurs des droits humains doivent se mobiliser pour mettre en lumière cette crise et exiger des réponses des autorités centrales. Le gouvernement est appelé à agir immédiatement pour enquêter sur ces abus et sanctionner les responsables, tout en mettant en place des mécanismes de contrôle pour éviter de tels incidents à l’avenir.
Bocaranga, symbole de résilience malgré les crises, ne peut se permettre de sombrer à nouveau dans l’injustice et la souffrance. La population attend des actes concrets pour que justice soit rendue et que la dignité des citoyens soit rétablie.