
Le vendredi 4 avril 2025 marque une journée charnière pour la République centrafricaine. Une manifestation initiée par l’opposition sous la bannière du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) a pour but de dénoncer la gestion catastrophique du pays et l’éventualité d’un troisième mandat du président Faustin-Archange Touadéra.
Face à cette initiative de l’opposition, le pouvoir en place et ses sympathisants ont orchestré une contre-offensive en appelant au boycott de cette marche et en organisant des manifestations de soutien. Derrière ces démonstrations de force se cache une réalité brutale : la démocratie centrafricaine agonise sous les coups de boutoir du régime.
L’autorisation tardive de cette manifestation par le gouvernement, sous conditions discutables, illustre le malaise profond du pouvoir face à toute forme de contestation. D’abord interdite, puis finalement permise à condition que l’opposition assure elle-même la sécurité de l’événement, cette tergiversation révèle la stratégie habituelle du régime : affaiblir toute voix discordante. Comment un gouvernement qui se prétend soucieux de la stabilité du pays peut-il se désengager de sa responsabilité régalienne d’assurer la sécurité de ses citoyens ?
Le peuple centrafricain, quant à lui, continue de croupir sous le poids d’une économie exsangue et d’un système de gouvernance corrompu. Entre insécurité chronique, explosion du coût de la vie et accès limité aux services de base, l’échec du président Touadéra est palpable. Loin des promesses de redressement, le pays s’enfonce davantage dans une spirale de pauvreté et de désillusion.
Un troisième mandat : ambition personnelle ou crime contre la nation ?
Les partisans du président Touadéra, eux, s’activent pour créer un climat de propagande favorable à un troisième mandat, bravant allègrement les principes démocratiques les plus élémentaires. Cette dérive autoritaire rappelle tristement d’autres régimes africains où la modification constitutionnelle est devenue un instrument de perpétuation au pouvoir.
Faut-il rappeler que la constitution centrafricaine ne prévoit que deux mandats pour un président ? Pourquoi alors chercher à contourner cet élément fondamental du contrat social ? Parce que pour le régime en place, le pouvoir est moins un service rendu à la nation qu’un privilège personnel à conserver coûte que coûte.
Il ne fait aucun doute que la manifestation de ce 4 avril sera un test crucial pour la démocratie centrafricaine. Mais le scénario est tristement prévisible : une forte mobilisation citoyenne, une répression policière musclée, et une rhétorique gouvernementale minimisant l’ampleur du mouvement. Car c’est ainsi que fonctionnent les régimes en fin de cycle : en refusant d’entendre la voix du peuple, ils le poussent inexorablement vers une confrontation qui pourrait être fatale à la nation tout entière.
La marche du 4 avril n’est pas simplement une contestation de plus. Elle est le révélateur d’un malaise profond et d’un rejet massif d’un pouvoir de plus en plus déconnecté des réalités du peuple. La question n’est donc plus de savoir si Touadéra peut briguer un troisième mandat, mais combien de temps encore les Centrafricains supporteront cette mascarade démocratique.