0 8 minutes 4 semaines

Depuis quelques jours, le gouvernement centrafricain s’est fondu sur un communiqué officiel annonçant une baisse sur le prix du carburant. Une décision qui, selon les mots des autorités, viserait à soulager le quotidien des Centrafricains face à la vie chère. Pourtant, au-delà de la mise en scène bureaucratique et des phrases toutes faites, une question brûle les lèvres de nombreux citoyens : De qui se moque-t-on ?
 Alors que le pays traverse une crise socio-économique profonde, où la majorité de la population vit sous le seuil de la pauvreté, cette « mesure » est perçue comme une insulte à l’intelligence collective.

Car, 50 FCFA, c’est à peine le prix d’un beignet, d’un sachet d’eau ou d’un morceau de savon. Comment croire qu’une telle réduction puisse avoir un quelconque effet sur le quotidien d’un Peuple à genoux ?

Sur le plan politique, cette annonce s’inscrit dans une longue tradition de gestes symboliques sans portée réelle, souvent utilisée par les régimes fragiles pour faire diversion ou prétendre à l’action. À première vue, la baisse des prix du carburant peut sembler être une bonne nouvelle. Mais la réalité, elle est implacable : la décision est purement cosmétique, voire provocatrice.

Le timing n’est pas anodin. À quelques mois ou semaines d’échéances politiques, ou face à la montée des critiques sociales, il est de bon ton de lancer quelques miettes pour tenter de calmer la rue. On appelle cela de la gestion par l’apparence : on communique beaucoup, on agit peu. On parle au Peuple, mais on ne l’écoute pas.

Cette technique de gouvernance, qui consiste à simuler des réponses à des problèmes systémiques par des décisions superficielles, a atteint ses limites. Les Centrafricains attendent des réformes structurelles, pas des pansements sur une plaie infectée.

Un impact économique quasi nul, voire contre-productif

Sur le plan économique, les chiffres parlent d’eux-mêmes. À 50 FCFA de réduction par litre, une moto consommatrice de 5 litres par jour économisera 250 FCFA. Un taxi, environ 500 FCFA. Pour les particuliers, le gain est encore plus mince. Quand le prix du sac de riz a doublé, que les transports en commun ont augmenté de 30 %, que l’électricité est rare et chère, que le pouvoir d’achat est en chute libre, cette mesure devient presque un affront.

Pire encore, dans certaines stations-service de Bangui, la réduction annoncée n’est même pas appliquée intégralement. Le manque de régulation, les pratiques spéculatives des distributeurs, la faiblesse du contrôle de l’État rendent cette décision inopérante sur le terrain. En réalité, la chaîne de distribution du carburant est un véritable labyrinthe d’opacité, dominé par une poignée d’acteurs qui, souvent, dictent leur loi dans l’impunité.

De plus, la baisse des prix des carburants peut entraîner une diminution des recettes fiscales dans un pays où les ressources publiques dépendent fortement des taxes pétrolières. Si cette décision est censée soulager les consommateurs, elle risque aussi d’appauvrir un État déjà structurellement déficitaire, contraint de fonctionner sous perfusion d’aide internationale.

Sur le plan social, cette mesure est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Dans les quartiers populaires de Bangui, à Bimbo, à Bambari ou à Bossangoa, la population lutte pour survivre. L’accès à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation, est une épreuve quotidienne. Le moindre ajustement des prix du carburant a un effet domino sur le coût des transports, des denrées alimentaires, des produits de première nécessité.

Dans ce contexte, annoncer une baisse de 50 FCFA est vécu, non pas comme un soulagement, mais comme une provocation. Cela traduit l’écart abyssal entre la réalité des gouvernants et celle des gouvernés. Cela rappelle aux Centrafricains que leurs dirigeants vivent dans un monde à part, protégés des affres de la vie quotidienne par leurs privilèges, leurs véhicules climatisés, leurs exonérations fiscales, leurs per diem.

Cette décision, au lieu d’apaiser les tensions, risque d’exacerber la colère sociale. Car ce n’est pas seulement l’insuffisance de la mesure qui pose problème, mais son mépris implicite. Le message envoyé est clair : « Nous savons que vous souffrez, mais voilà tout ce que nous sommes prêts à faire. Contentez-vous-en. »

Que faut-il réellement ?

La population ne demande pas des miracles. Elle attend des réformes courageuses, une transparence accrue, marché des carburants, un appui ciblé aux couches les plus vulnérables, une lutte sérieuse contre la vie chère, et surtout une gouvernance qui place l’humain au cœur des priorités.

Il est temps que les autorités sortent de la logique des annonces creuses pour entrer dans celle des politiques publiques cohérentes, durables et inclusives. Il ne s’agit pas seulement de baisser le prix du carburant, mais de refonder le contrat social entre l’État et le peuple. Un contrat basé sur le respect, l’écoute, la justice et l’équité.

La baisse de 50 FCFA sur le carburant ne résout rien. Elle ne calme pas la faim. Elle n’apaise pas les douleurs de ceux qui peinent à joindre les deux bouts. Elle ne reflète aucune ambition. Elle est, au fond, l’illustration même de ce que la gouvernance ne devrait jamais être : déconnectée, cynique et indifférente.

Si le pouvoir croit gagner du temps avec de telles décisions, il se trompe. Car la colère gronde, et elle est bien plus profonde qu’un prix affiché sur une pompe à essence.

Une meilleure régulation du marché des carburants, un appui ciblé aux couches les plus vulnérables, une lutte sérieuse contre la vie chère, et surtout, une gouvernance qui place l’humain au cœur des priorités.

Il est temps que les autorités sortent de la logique des annonces creuses pour entrer dans celle des politiques publiques cohérentes, durables et inclusives. Il ne s’agit pas seulement de baisser le prix du carburant, mais de refonder le contrat social entre l’État et le Peuple. Un contrat basé sur le respect, l’écoute, la justice et l’équité.

La baisse de 50 FCFA sur le carburant ne résout rien. Elle ne calme pas la faim. Elle n’apaise pas les douleurs de ceux qui peinent à joindre les deux bouts. Elle ne reflète aucune ambition. Elle est, au fond, l’illustration même de ce que la gouvernance ne devrait jamais être : déconnectée, cynique et indifférente.

Si le pouvoir croit gagner du temps avec de telles décisions, il se trompe. Car la colère gronde, et elle est bien plus profonde qu’un prix affiché sur une pompe à essence.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *