
Près d’un an après l’exécution brutale de José Béfio, ancien chef anti-balaka, par les Forces armées centrafricaines (FACA) et leurs alliés russes, sa famille continue de vivre sous la menace. Edgar Flohingmona, son cousin, a été contraint de fuir après avoir assisté à la décapitation de José Béfio. Aujourd’hui réfugié à Bangui, il se cache et craint pour sa vie.
Le 15 juillet 2024, la ville de Bouca, dans la préfecture de l’Ouham, a été le théâtre d’une exécution choquante. José Béfio, figure influente des milices anti-balaka, a été capturé en pleine rue avant d’être décapité par des hommes en uniforme accompagnés de mercenaires russes. Son corps, exposé aux yeux de tous, a envoyé un message clair à ceux qui oseraient s’opposer au pouvoir en place.
Edgar Flohingmona, qui a échappé de justesse à cette purge, raconte : « Si j’avais été en ville ce jour-là, je ne serais plus en vie. Depuis ce moment, je ne cesse de fuir. » Après avoir trouvé refuge dans plusieurs villages, il a finalement atteint Bangui. Mais même dans la capitale, il est traqué.
Selon plusieurs sources locales, José Béfio aurait été éliminé en raison de ses critiques contre les exactions perpétrées par certaines unités des FACA et leurs alliés russes. Opposé aux massacres ciblant les communautés peules, il aurait refusé de cautionner ces violences : « José disait que ce n’était plus un combat, mais une extermination. Il voulait sortir de cette spirale de violence », confie Edgar.
Cette prise de position aurait fait de lui une cible pour les forces en présence, qui cherchent à éliminer toute voix discordante.
Une justice silencieuse, des organisations inquiètes
L’exécution de José Béfio et la persécution de sa famille ont suscité de vives réactions à l’international. Amnesty International et la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme ont dénoncé ces actes et appelé les autorités à garantir la sécurité des citoyens : « L’impunité ne peut pas être la règle. Ces crimes doivent faire l’objet d’une enquête indépendante », insiste un porte-parole d’Amnesty.
Mais en Centrafrique, où l’État peine à affirmer son autorité, les perspectives de justice restent minces. Aucun responsable n’a été inquiété, et les familles des victimes vivent dans la peur constante.
Un témoin réduit au silence
À Bangui, Edgar tente d’alerter sur la situation, mais il est confronté à des pressions croissantes : « Des hommes m’ont approché en me disant de me taire. Ils savent que je détiens des informations sur ce qui s’est réellement passé », confie-t-il, la voix tremblante.
Aujourd’hui, Edgar vit en clandestinité, changeant régulièrement de cachette. Il espère que son témoignage alertera la communauté internationale et mettra en lumière les nombreuses victimes de cette crise meurtrière.