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L’Union Africaine (UA) a récemment rejeté la candidature de Jean-Jacques Demafouth au poste de Commissaire Politique, Paix et Sécurité, un revers diplomatique majeur pour le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra et son ministre des Affaires Étrangères, Sylvain Maliko Baipo.

Cette défaite soulève plusieurs questions sur la crédibilité et les choix stratégiques du régime centrafricain, notamment en ce qui concerne la gestion de ses relations internationales.

Jean-Jacques Demafouth, ancien chef du groupe rebelle APRD, a un passé politique et militaire qui le place dans une position délicate pour prétendre à un poste clé au sein de l’Union Africaine. Son implication dans la guerre civile en Centrafrique et son rôle dans la rébellion ont suscité des inquiétudes, tant sur le plan moral que sur le plan politique. L’UA, censée promouvoir la paix et la démocratie, n’a pas pu soutenir une candidature associée à la violence et à l’instabilité.

« Les ambitions diplomatiques de Touadéra et Baipo »

Le soutien de Touadéra à Demafouth s’explique par des considérations internes et diplomatiques. En soutenant un ancien chef rebelle, le gouvernement centrafricain espérait redorer son image sur la scène internationale et, en particulier, faire oublier les critiques sur sa gestion autoritaire, les violations des droits de l’homme et la constitutionnalisation d’un troisième mandat. Cependant, cette stratégie a échoué en raison de l’impopularité de Demafouth et des questions sur la légitimité de son régime.

Le retard de la RCA dans le paiement de ses cotisations à l’Union Africaine a également joué un rôle dans le rejet de Demafouth. Ce manquement à ses obligations financières a fragilisé la position de la Centrafrique au sein de l’UA. Le soutien à un candidat mal perçu, renforcé par des problèmes internes, a été jugé incompatible avec les exigences d’une organisation panafricaine qui mise sur la stabilité, la paix et le respect des valeurs démocratiques.

« L’injustice envers Dominique Désiré Erenon »

L’échec de Demafouth survient dans un contexte de mécontentement lié à l’injustice subie par l’opposant Dominique Désiré Erenon. Erenon, expert constitutionnaliste, avait été écarté du poste d’expert à l’UA, bien qu’il ait réussi un test de mérite. Cette décision controversée a renforcé les critiques contre le régime de Touadéra, qui semble privilégier les intérêts politiques au détriment de la compétence et de l’équité.

L’échec de Demafouth à la Commission Politique, Paix et Sécurité de l’UA est une lourde défaite diplomatique pour la Centrafrique. Ce revers met en lumière les limites de la stratégie diplomatique du gouvernement centrafricain, qui semble ne pas avoir pris en compte les risques d’une candidature aussi controversée. Ce rejet devrait inciter les autorités à revoir leurs priorités en matière de relations internationales et à chercher à renforcer leur position au sein des organisations panafricaines par des choix plus légitimes et crédibles.

L’échec de Jean-Jacques Demafouth à l’Union Africaine marque un tordant dans la diplomatie centrafricaine. Tandis que le gouvernement de Touadéra tente de redorer son image internationale, cet échec montre que la légitimité et la paix sont des valeurs incontournables, même dans les jeux politiques de l’Afrique. La Centrafrique devra désormais réévaluer sa stratégie et ses choix pour restaurer sa position sur la scène internationale.

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