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En République centrafricaine, la tuberculose (TB) reste une urgence de santé publique, exacerbée par la montée alarmante de la résistance aux médicaments. Ces dernières années, un outil diagnostique de pointe, le Xpert MTB/RIF, a permis d’identifier rapidement les cas de TB et de détecter leur résistance à la rifampicine, un antibiotique clé.

Les données de l’Institut Pasteur de Bangui (IPB) sont édifiantes : 9,1 % des nouveaux cas de TB sont résistants à la rifampicine, et ce chiffre bondit à 46,6 % chez les patients ayant déjà suivi un traitement. Ces taux, largement supérieurs à la moyenne mondiale, placent la RCA au cœur de la crise mondiale de la TB multi résistante.

Cependant, malgré cette avancée technologique, l’accès au diagnostic reste limité aux grandes villes, en particulier à Bangui, privant ainsi une grande partie de la population rurale d’un dépistage rapide et efficace. Dans les provinces, où les infrastructures de santé sont insuffisantes, un patient atteint de tuberculose résistante risque de ne pas être détecté à temps. Faute de tests performants, il reçoit souvent un traitement standard inefficace, ce qui aggrave la résistance et accroît le risque de transmission au sein de la communauté.

Pourtant, la solution est claire : décentraliser l’accès au Xpert MTB/RIF et aux tests de confirmation comme le Line Probe Assay (LPA) afin d’assurer un dépistage plus rapide et précis sur l’ensemble du territoire.

Mais plusieurs obstacles freinent cette ambition : Manque d’équipements et de laboratoires en dehors de Bangui, problèmes logistiques liés au transport des échantillons et à la distribution des médicaments, pénurie de personnel médical qualifié pour effectuer et interpréter ces tests avancés, une crise alimentée par des facteurs multiples, la flambée de la tuberculose résistante en RCA n’est pas un phénomène isolé.

Plusieurs facteurs contribuent à cette situation alarmante : Traitements interrompus ou mal suivis, la tuberculose nécessite un traitement long et contraignant, souvent de six mois ou plus, l’abandon ou une mauvaise observance favorise le développement de souches résistantes, l’absence d’un suivi rigoureux des patients complique encore davantage la situation.

Les conflits récurrents en RCA limitent l’accès aux soins et perturbent l’approvisionnement en médicaments. Le déplacement des populations accentue la propagation de la maladie, notamment dans les camps de réfugiés et les zones surpeuplées.

Co-infection TB/VIH : un double fardeau

La tuberculose est l’une des principales causes de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH. Une meilleure intégration des services TB/VIH est essentielle pour optimiser la prise en charge des patients co-infectés.

Face à cette crise, plusieurs actions doivent être mises en œuvre pour améliorer la lutte contre la tuberculose résistante en RCA : déploiement d’équipements de diagnostic dans les provinces, étendre l’utilisation du Xpert MTB/RIF et renforcer les laboratoires périphériques. Formation du personnel de santé, augmenter le nombre de techniciens qualifiés pour diagnostiquer et traiter la tuberculose multi résistante.

Accès élargi aux traitements adaptés : Assurer une disponibilité continue des médicaments de deuxième ligne pour les patients résistants à la rifampicine. Renforcement des programmes d’observance thérapeutique qui consiste a développé des stratégies d’accompagnement et d’éducation des patients pour éviter les abandons de traitement.

Intégration de la prise en charge TB/VIH : Coordonner les services de lutte contre ces deux épidémies pour améliorer le suivi des patients co-infectés.

Si la tuberculose résistante progresse en République centrafricaine, ce n’est pas par fatalité, mais par manque de moyens et d’organisation. Il est urgent d’agir pour stopper cette épidémie silencieuse qui met en péril des milliers de vies.

L’Institut Pasteur de Bangui continue de tirer la sonnette d’alarme, mais c’est la mobilisation de toutes autorités sanitaires, partenaires internationaux, communautés locales – qui permettra de faire reculer cette maladie. L’enjeu est clair : garantir à chaque Centrafricain un accès équitable au diagnostic et au traitement, afin de briser définitivement la chaîne de transmission de la tuberculose résistante.

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