
Un prévenu a été retrouvé mort ce mardi 4 mars 2025, dans la matinée dans sa cellule dans les locaux de l’Office Central de la Répression du Banditisme (OCRB) des 92 logements. Un acte qui remet sur la table, la question du traitement des détenus dans les maisons carcérales de Centrafrique.
Selon les informations, le défunt aurait été arrêté et conduit dans cette antenne sans mandat par un Adjudant de l’armée, pour une affaire l’opposant à Emma KOUZOU NGBONDI, une habitante du quartier Langbachi.
Lebon Persévérant Roméo, le défunt aurait été engagé par Emma KOUZOU NGBONDI pour la fabrication de savon artisanal communément appelé « savon acide » dont le montant s’élève à 102.500 FCFA. Malheureusement, le contrat entre ces derniers n’aurait pas été respecté par Roméo. Ce qui a poussé Emma à saisir les autorités compétentes afin d’obtenir gain de cause.
Elle serait d’abord tournée vers leur chef de quartier qui n’a pas pu trancher l’affaire, à cause de refus du défunt de répondre aux convocations. Finalement, le samedi 01er mars 2025, Roméo a été conduit manu-militari à l’antenne de l’OCRB par l’Adjudant des Forces armées centrafricaines, le nommé Woulouba, sur demande d’Emma.
Le responsable de l’OCRB a demandé à Emma de rédiger une plainte en bonne et due forme pour justifier la mise sous les verrous de Roméo. Dans la journée du lundi 03 mars, la famille du défunt a remis une somme de 20.000 FCFA comme caution à la plaignante en vue d’obtenir la libération de leur fils. Sauf que le commissaire et Emma ont jugé que cette somme était insignifiante et qu’il fallait la moitié au moins du montant. La mère de Roméo a alors pris l’engagement de revenir le lendemain avec la somme demandée.
Force a été de constater que dans la matinée du 04 mars, alors que la femme de Roméo venait lui apporter le petit déjeuner, les éléments présents lui ont annoncé la triste nouvelle du décès de Roméo dans un jargon militaire en ces termes « il faut garder le moral ».
Emue d’apprendre la nouvelle, la femme du défunt n’a pas pu retenir ses larmes. Elle a alors appelé les parents de son mari qui se sont dépêchés sur les lieux pour constater les faits. Contre toute attente, et face à cet acte ignoble, la situation a tourné à un affrontement violent entre les policiers et la population qui aurait appris que le corps de Roméo a été déposé devant le portail de la morgue de l’hôpital communautaire, à l’insu de sa famille et en violation de la dignité humaine.
La foule en colère a alors ramené le corps sans vie dans les locaux de l’OCRB pour réclamer justice. Sauf que les policiers, appuyés par les éléments du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), de la gendarmerie ont fait un usage disproportionné de la force en faisant des tirs d’intimidation avec des armes de guerre telles que l’AK 47 et les mitraillettes de type DKM, pour disperser les manifestants.
A en croire les agents de police des 92 logements, Roméo se serait suicidé alors qu’il se trouvait avec un autre détenu dans la même cellule.
« Mais qu’est ce qui l’aurait poussé à se suicider ? Et pourquoi son codétenu n’a pas alerté les agents en faction ? »
Des interrogations qui peuvent faire réfléchir plus d’un lecteur : « Il était bien portant lorsque nous étions au commissariat pour répondre à la convocation. Et il avait le moral en place, mais comment expliquer qu’il se serait suicidé après notre départ ? Parce qu’il porte des stigmates de torture, en voyant sa nuque brisée et des entailles sur différentes parties du corps » a déclaré Cynthia Gladys GUIDA, cousine du défunt.
Selon le constat qui a été fait, la cellule dans laquelle Roméo a trouvé la mort a aussitôt été nettoyée, ce qui a fait disparaitre toutes les preuves concrètes. Car le bout de chemise qui était attachée à la fenêtre de la cellule à une hauteur inférieure à 1 mètre, ne pouvait visiblement servir à une pendaison.
Ce qui fait planer le doute sur la version donnée par les éléments dudit OCRB. D’après les informations recueillies, cette entité policière n’en est pas à son premier forfait. De nombreux cas de violations de droits humains et de tortures lui sont attribués. Une situation inquiétante qui crée un climat de méfiance de la part de la population, surtout avec le silence coupable du ministère de la sécurité publique.