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Après une année d’exercice sous le régime de la 7ème République, le Président Faustin Archange TOUADERA a saisi l’occasion lors du discours sur l’état de la Nation, le 28 décembre 2024 dernier à l’Assemblée Nationale, pour exposer devant le Peuple, la vision ayant sous-tendu  la nouvelle Constitution promulgué le 30 juillet 2023 ainsi que les perspectives et opportunités qui se présentent aux principaux secteurs d’activités.

 Pour le chef de l’Etat, la formulation de cette vision s’inscrit dans la droite ligne du travail acharné abattu sans relâche durant tout son premier mandat (2016-2021) afin de sortir la République Centrafricaine de l’anarchie dans laquelle l’avaient plongé deux décennies de crises militaro-politiques.

C’est la raison pour laquelle, désireux de faire mesurer le chemin parcouru, il a tenu à dépeindre d’entrée de jeu, à titre de rappel, la situation jugée calamiteuse dans laquelle se trouvait son pays au moment où le pouvoir lui échoyait, le 30 mars 2016.

« J’ai hérité d’un pays qui était au bord du gouffre », a d’emblée affirmé Faustin Archange TOUADERA, ajoutant que  sur le plan sécuritaire, notre pays était qualifié par certains observateurs « d’Etat failli » ou  d’état « pré génocide ». Il s’est employé ensuite à caractériser l’héritage reçu dans chacun des principaux domaines de la vie publique, à savoir la sécurité, la politique, l’économie et le social.

Au plan sécuritaire, « Plus de 80% du territoire était occupé par des bandes armées, dont les leaders étaient composés, en majorité, de mercenaires étrangers, sans foi ni loi, qui agitaient en permanence la menace de partition du pays », et « le pays traversait les moments les plus tristes de son histoire, sous le regard impuissant de son Armée dont la chaîne de commandement s’était effondrée », a relevé le chef de l’Etat. 

Au plan politique, a-t-il souligné, « Les faiblesses institutionnelles ainsi engendrées ont exacerbé les tensions et entravé les capacités de l’Etat à répondre efficacement aux aspirations légitimes du peuple », le tout « dans un environnement politique stérile, marqué par un héritage dévastateur de pratiques et de mœurs politiques qui ont trop souvent privilégié la division, l’instabilité, le népotisme, le régionalisme, la corruption, au détriment de l’intérêt général ».

«Au plan social, l’enrôlement forcé des jeunes dans les groupes armés, les traumatismes psychologiques des survivants des violences sexuelles et sexistes et des enfants liés aux conflits, ont entraîné la détérioration de l’équilibre social avec, entre autres conséquences, les exclusions de tout genre, l’instabilité dans les noyaux conjugaux », a déploré le chef de l’Etat, avant de souligner que « sur le plan économique, le pays avait connu une forte chute du PIB de 36 % en 2013. », et de prendre à témoin ses compatriotes, qui ont, avec lui, « assisté, médusés, à la destruction du tissu économique, à la prédation et aux pillages des ressources minières et fauniques du pays, aux détournements des biens publics et à la prévarication, à la déstructuration des secteurs productifs ainsi que la dégradation des indicateurs de gouvernance ».

Tous ces méfaits, auxquels il convient d’ajouter les effets de deux embargos sur les armes et sur les diamants,  imposés respectivement par le Conseil de Sécurité de l’ONU et le Processus de Kimberley, ont « aggravé le déficit d’énergie, de l’eau potable et de l’assainissement qui ont eu des conséquences directes sur les conditions de vie de la population, particulièrement dans le développement du capital humain », a expliqué le président de la République.

C’est donc dans l’objectif de rebâtir l’Etat sur le champ de ruines ainsi décrit, que Faustin Archange TOUADERA a indiqué avoir donné les grandes orientations stratégiques, traduites dans le Plan National de relèvement (RCPCA), dont il s’est employé au fil du discours sur l’Etat de la Nation à passer en revue les réalisations dans les principaux domaines d’intervention de ses gouvernements successifs. 

Sécurité : modernisation en marche pour les forces de défense et de sécurité

Au regard des menaces pesant sur la Nation centrafricaine en 2016, il n’y a rien d’étonnant à voir la restauration de la sécurité et la refondation de l’Armée figurer en tête de liste des priorités du Président TOUADERA dès son accession à la magistrature suprême de l’Etat.

Evaluant les résultats obtenus, ce dernier a indiqué dans son tout premier discours sur l’Etat de la Nation que les Centrafricains pouvaient désormais « être fiers de disposer d’une Armée, d’une Gendarmerie et d’une Police nationales professionnelles, républicaines, respectueuses du Droit International Humanitaire dont l’inébranlable détermination à protéger la Nation et la démocratie chèrement acquise n’est plus à démontrer ». 

Pour atteindre cet objectif, a-t-il expliqué, « il nous fallait un cadre de coordination et de concertation clair, efficace et transparent, chargé d’appuyer le processus de consolidation de la paix à plus long terme, de contribuer à la restauration de l’autorité de l’Etat, de permettre la relance économique et réduire la pauvreté ».

D’où la création, à la Présidence de la République, d’une Coordination des Programmes de Désarmement Démobilisation Réinsertion Rapatriement (DDRR), de la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) et de la Réconciliation Nationale (RN).

C’est le travail de cette coordination et les exhortations du Président de la République qui ont fini par persuader les responsables des groupes politico-militaires d’adhérer à cette vision qualifiée de « DDRR de la dernière chance ». Il en est de même en ce qui concerne l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation, signée le 6 février 2019 avec les 14 groupes armés, puis la Feuille de route conjointe de Luanda, en ce qui concerne les groupes rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC).

Au-delà de ces actions, le chef de l’Etat a mis un accent particulier sur le renforcement des forces de défense et de sécurité en soulignant que « dans le domaine de la reconstruction de l’Armée, nous sommes passés d’un effectif théorique de 7.000 militaires en 2016 à 23.000 aujourd’hui », tandis que  « Des infrastructures militaires ont été construites ou réhabilitées et la chaîne de commandement rétablie par la réorganisation de l’Etat-Major des Armées, la création de sept (7) Zones de Défense et leur Etat-major, de 13 Bataillons d’Infanterie Territoriale, de deux Bataillons d’Intervention Rapide et d’un Groupement Spécial de Protection Républicaine ». Tout cela s’inscrit, a-t-il expliqué, dans la vision d’une armée de garnison dotée d’une base logistique déjà construite au PK 22, sur la route de Damara, et dont la professionnalisation et l’opérationnalisation conduirait à rouvrir l’Ecole Militaire des Enfants de Troupe (EMET) et à poursuivre la réhabilitation des casernes.

Quant aux forces de sécurité intérieure (gendarmerie et police) chargées de la restauration de l’autorité de l’Etat, Faustin Archange TOUADERA a relevé pour s’en féliciter que la mise en œuvre de la Politique Nationale de Sécurité et la Stratégie Nationale de la RSS ait permis d’avoir « un effectif de 4.600 gendarmes aujourd’hui, contre 2.500 en 2016 », ce qui a permis de créer plusieurs nouvelles unités et d’envisager la réhabilitation de 24 Brigades ainsi que 12 Unités en vue d’assurer le maillage territorial du pays .

Il en est de même pour la Police nationale dont l’effectif initial de 1.474 en 2016  a été porté à 4.308 agents en 2024, grâce à des recrutements successifs, qui ont rendu possible la création de nouvelles unités ainsi que de Commissariats spéciaux pour lesquels plusieurs infrastructures ont été construites ou réhabilitées dans le but de rapprocher la Police de la population et d’envisager sa modernisation avec, notamment, la construction d’un Hôpital de la Police et l’installation d’un laboratoire d’analyse des données numériques.

Vers l’édification d’une Justice forte, indépendante, impartiale et proche des justiciables

« Aujourd’hui, on note une amélioration dans le fonctionnement du service public de la Justice ». Ainsi parle, dans son discours sur l’Etat de la Nation, le Pr Faustin Archange TOUADERA, pour qui « Construire la République Centrafricaine, c’est aussi œuvrer pour une justice forte, indépendante, impartiale et proche des justiciables ».

Or, 8 années plus tôt, a-t-il relevé, « les assassinats et tentatives d’assassinat des acteurs judiciaires, notamment des Magistrats, par les bandes armées, avaient entraîné, entre autres, la fragilité et la désorganisation de l’appareil judiciaire avec comme corollaires le règne de l’impunité et le recours à la justice privée. »

Afin de remédier à cette situation, « de 2016 à 2023, sept (7) Palais de Justice ont été réhabilités ou construits, 80 Magistrats, 64 Greffiers, 295 Administrateurs pénitentiaires ont été recrutés et formés », tandis que « trois (3) Tribunaux Militaires ont été créés à Bouar, Berberati et Bambari », permettant d’intensifier « la lutte contre l’impunité à travers la tenue régulière des sessions criminelles par les Cours d’Appel et la Cour Pénale Spéciale, ainsi que des audiences correctionnelles par les Tribunaux Correctionnels et les juridictions militaires », ce qui présente l’avantage « d’éviter les longues détentions préventives qui portent gravement atteinte aux droits des justiciables ».

Selon Faustin Archange TOUADERA, « Les dernières sanctions de radiation et d’abaissement d’échelons prises contre certains Magistrats inaugurent notre ferme volonté de débarrasser la justice des brebis galeuses et de mettre fin à l’impunité qui conforte les auteurs de crimes et produit un effet négatif sur la société ».

Mais, le chef de l’Etat s’est dit déterminé à œuvrer pour l’indépendance réelle de la justice, l’accès de tous à la justice ainsi que l’amélioration des conditions de travail des acteurs judiciaires.

Economie et finances publiques : Le gouvernement sur la bonne voie

A l’entame du mandat que le Pr Faustin Archange TOUADERA se voit confier par les Centrafricains à la tête de leur pays, la mission de redressement de l’économie et des finances qui lui incombe s’apparente à l’un des douze travaux d’hercule.

La situation économique, rappelle-t-il dans son premier discours sur l’état de la Nation, était marquée par une forte chute du PIB de 36% en 2013, année où éclate le conflit, en raison de la destruction du tissu économique, à la prédation et aux pillages des ressources minières et fauniques du  pays ainsi qu’à la déstructuration des secteurs productifs et à la dégradation des indicateurs de gouvernance.

Mais le Chef de l’Etat s’est réjoui de ce que le pays se soit montré résilient en matière d’économie et des finances publiques, ce qui a permis d’enregistrer en 2024 un taux de croissance du PIB établi à 1,4%, contre 1% l’année précédente.

Pour en arriver là, a-t-il expliqué, il a fallu ouvrir d’importants chantiers, à l’exemple de la reconstruction de l’aéroport de Bangui M’Poko, de la stabilisation de l’approvisionnement en produits pétroliers et de l’augmentation de la capacité énergétique du pays.

Les résultats obtenus de ces grands travaux devraient permettre d’atteindre un taux de croissance de 2,9%, a indiqué le Président TOUADERA, qui s’est par ailleurs réjoui de ce que les actions du Gouvernement, combinées à la politique monétaire prudente de la Banque Centrale aient permis de contenir l’inflation dans la proportion de 4,1%. 

Il a néanmoins indiqué avoir instruit le Gouvernement d’accélérer la mise en œuvre des solutions déjà identifiées afin de limiter l’impact de l’inflation importée et les coûts élevés de la chaîne logistique pour que la projection du taux d’inflation à 3,4% en 2025 soit améliorée et que le pouvoir d’achat des Centrafricains puisse être rehaussé.

  Satisfait des réformes  courageuses mises en œuvre depuis deux années qui  ont permis d’augmenter de manière continue les recettes intérieures de l’Etat qui passent  de 84 milliards de FCFA en 2016 à plus de 142 milliards aujourd’hui ayant conduit à un réengagement du FMI en avril 2023 à travers son outil de Facilité Elargie de Crédit (FEC), le Président TOUADERA a confirmé  le maintien du cap de l’assainissement des finances publiques défini en 2016.

Malgré ces résultats, le gouvernement doit faire face à quelques  défis. Afin de répondre aux aspirations des Centrafricains et réduire la dépendance du pays à l’aide internationale, il est nécessaire  d’améliorer la capacité de l’administration financière à collecter davantage de ressources intérieures. 

A cet effet, les Membres du Gouvernement sont invités à travailler en synergie afin de parvenir à la rationalisation des dépenses publiques, à la mise en œuvre d’une politique d’endettement prudente, à la lutte sans merci contre la corruption et les détournements des deniers publics, à la finalisation de la réforme budgétaire avec le passage au Budget Programme. 

 « Ces différents chantiers devraient permettre à court terme de corriger les déséquilibres budgétaires observés en 2024 et d’assainir durablement la gestion de nos finances publiques », a déclaré le Professeur Faustin Archange TOUADERA.

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