
Il leur aurait fallu une année entière au comité ministériel pour évaluer les dispositifs d’évacuation des eaux de pluie à N’Djamena : Une année, 12 mois, 365 jours pour regarder un phénomène qui se reproduit chaque année, affirme Djoret Biaka acteur sociopolitique Tchadien.
Il aurait fallu toute une année pour le Président de se rendre compte que rien n’avance. Et maintenant on s’apprête, semble-t-il, à lancer un Plan National de Développement (PND) Connexion 2030. Alors, questions simples : Combien d’années leur faudra-t-il pour mettre en œuvre un plan de développement de 5 ans ?
Réponse probable : 25 ans, plus 3 années de consultations, et une prolongation sous financement extérieur. Pendant ce temps, les marchés flottent, les routes s’effondrent, les classes sont inondées… et le développement reste coincé dans les tuyaux.
Ce qu’on aura réalisé d’ici 2030, ce n’est certainement pas la connexion qu’ils annoncent, mais la connexion des pleurs des Tchadiens, la connexion de la souffrance et des cris de revolte qui vont jaillir des poumons d’une jeunesse exaspérée par le chômage et l’absence d’infrastructures de formation.
L’appel du Président est pourtant éloquent : « Ensemble, nous avons l’opportunité de bâtir un Tchad prospère, inclusif et résilient, prêt à relever les défis du XXIe siècle. Le Tchad de demain se prépare aujourd’hui ! » Enfin ils sont d’accord avec Djoret que l’avenir se prépare aujourd’hui. Mais sont-ils sincères?, s’interroge Djoret Biaka.
Parce que s’il faut une année pour diagnostiquer des flaques d’eau dans N’Djamena, il leur faudra un siècle pour faire couler une idée avec la même équipe et le même style de gouvernance. Le peuple tchadien, soyons clairs, n’a pas besoin de miracles, mais il aspire à une prospérité réelle et partagée, celle qui apaise les cœurs, remplit les marmites, soigne les enfants et rend la vie un peu plus digne.
Mais pour cela, il faudrait une rupture franche avec le théâtre de gouvernance auquel nous assistons depuis des décennies. Parce que les fameux 30 milliards de dollars du Plan National de Développement, ce n’est pas de l’argent en banque, ni des engagements signés, encore moins des financements structurés.
Non. Ce sont, pour l’instant, des promesses suspendues à des “activités de charme” qui seront orchestrées par une société française de communication du nom de Concerto. En gros, une société étrangère est chargée de vendre notre misère en habits de gala, pendant que le peuple barbote encore dans les flaques d’un État qui met un an à observer les inondations. Une société d’un pays qui installe la mauvaise gouvernance à la tête de nos Etats.
Il semble que la part du financement de l’Etat dans ces 30 milliards y est marginale et qu’on va encore trainer avec une pression fiscale hors pétrole des plus faibles au monde, avec des douanes privatisées aux veufs et orphelins de guerres fratricides et tout ceci malgré la digitalisation. Pour avoir l’occasion de justifier le faible taux d’exécution d’ici à 5 ans par un faible engagement des partenaires étrangers désabusés et un environnement sécuritaire dégradé.