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L’ancien Premier ministre tchadien, Dr Succès Masra, a été officiellement placé sous mandat de dépôt ce mardi 21 mai 2025, cinq jours après son arrestation survenue dans un climat de tensions postélectorales. Son dossier a été confié à un juge d’instruction, qui a ordonné sa détention préventive, confirmant ainsi une escalade judiciaire dans un contexte politique déjà explosif.

L’arrestation du Dr Masra a eu lieu le 16 mai 2025, à son domicile de N’Djamena, par des hommes en uniforme. Des vidéos de surveillance diffusées par ses proches montrent une interpellation musclée, que ses partisans ont rapidement qualifiée d’« enlèvement ». Le parti Les Transformateurs, que dirige M. Masra, a dénoncé une opération illégale et politiquement motivée.

Selon le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye, cette arrestation est liée à une enquête ouverte pour incitation à la haine et incitation à la révolte. Les autorités judiciaires affirment que des déclarations publiques de M. Masra, jugées subversives, sont au cœur du dossier.

Détention préventive ordonnée

Après plusieurs jours de garde à vue, l’ancien chef du gouvernement a été présenté devant un juge d’instruction qui a décidé de le placer en détention préventive. Aucune date de procès n’a encore été fixée, mais le climat reste tendu dans la capitale.

Les avocats de Dr Masra ont dénoncé de graves irrégularités procédurales, affirmant notamment avoir été refoulés lors de l’audition de leur client, ce qui a conduit au report de celle-ci. Selon eux, l’accusé n’a pas bénéficié de ses droits fondamentaux à une défense équitable.

Cette arrestation survient quelques jours seulement après l’élection présidentielle du 6 mai 2025, dont les résultats ont été fortement contestés par l’opposition. Bien que Mahamat Idriss Déby ait été déclaré vainqueur, des accusations de fraudes massives et de violences électorales entachent le scrutin.

Dr Masra, qui avait accepté d’intégrer le gouvernement comme Premier ministre en janvier 2024 dans le cadre d’un accord de réconciliation, avait démissionné un an plus tard après avoir dénoncé un « simulacre démocratique ». Sa candidature à la présidentielle a mobilisé une partie importante de la jeunesse et de la société civile, qui le considèrent comme une figure de changement.

Réactions et inquiétudes

L’arrestation de Masra a provoqué une onde de choc dans le pays. Des manifestations sporadiques ont éclaté dans certains quartiers de N’Djamena, tandis que des organisations de défense des droits humains dénoncent un acharnement judiciaire à des fins politiques. Plusieurs capitales africaines et partenaires internationaux du Tchad suivent de près l’évolution de la situation.

La détention de Succès Masra ouvre une nouvelle phase d’incertitude pour la transition démocratique au Tchad. Si le pouvoir cherche à imposer une lecture strictement judiciaire de l’affaire, l’opposition et une partie de la société civile y voient une manœuvre de musellement politique, à un moment critique pour l’avenir institutionnel du pays.

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