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Portée par la volonté du Président de la République, Professeur Faustin Archange Touadéra, de renforcer la position de la République centrafricaine sur l’échiquier régional, la ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Témon Notéfé, a mené cette semaine une vaste tournée diplomatique dans plusieurs capitales de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC).

Une mission au pas de charge, articulée autour d’entretiens de haut niveau et de préparatifs en vue de la prochaine Conférence des Chefs d’État de la CEMAC, prévue à Bangui. La première étape de cette tournée a conduit la cheffe de la diplomatie centrafricaine à Yaoundé, au Cameroun, où elle a été reçue au Palais de l’Unité par Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la Présidence camerounaise. Les échanges ont porté sur la coopération bilatérale et les enjeux de sécurité dans le bassin du lac Tchad.

« Nos pays partagent plus que des frontières. Nous partageons des défis communs qui nécessitent des réponses concertées », a déclaré Sylvie Baïpo-Témon à l’issue de l’entretien. De son côté, M. Ngoh Ngoh a salué « l’engagement de Bangui à promouvoir une diplomatie de proximité » et a assuré de la disponibilité du Cameroun à « travailler main dans la main pour la stabilité et la prospérité régionales ».

Rencontres stratégiques en Afrique centrale

La tournée s’est ensuite poursuivie à Malabo, en Guinée équatoriale. La ministre y a été reçue par le Président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Les discussions ont abordé des sujets tels que la facilitation des échanges commerciaux intra-CEMAC et la nécessité d’une politique concertée pour la valorisation des ressources naturelles.

« La République centrafricaine joue un rôle croissant dans les affaires régionales. Nous devons nous appuyer sur cette dynamique pour bâtir une CEMAC plus intégrée », a affirmé le président Obiang Nguema, soulignant l’importance des connexions routières et maritimes entre les États membres.

À Libreville, la diplomate centrafricaine a rencontré le Président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema. Les deux personnalités ont discuté de la coopération en matière de formation militaire et de développement des infrastructures : « La stabilité régionale repose sur la formation et le professionnalisme de nos forces », a indiqué M. Oligui Nguema, qui a salué « l’initiative diplomatique de Bangui » comme un signal fort envoyé à l’ensemble de la CEMAC.

La mission a ensuite conduit Sylvie Baïpo-Témon à Brazzaville, pour un entretien avec le Président Denis Sassou Nguesso. Ce dernier a rappelé que « l’histoire et la géographie lient profondément Brazzaville et Bangui », et a exprimé son soutien aux efforts de la RCA pour accueillir un sommet réussi.

La dernière étape s’est déroulée à N’Djamena, au Tchad, où la ministre a été accueillie par le Premier ministre Allamaye Halina. Les discussions ont notamment porté sur la lutte contre l’insécurité transfrontalière et les initiatives conjointes dans le domaine de l’énergie. « Nous devons travailler à transformer nos atouts naturels en leviers de développement durable », a plaidé Mme Baïpo-Témon.

Préparer Bangui à accueillir la CEMAC

Au fil des rencontres, un fil rouge s’est imposé : la préparation de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la CEMAC à Bangui. Selon Sylvie Baïpo-Témon, ce sommet « sera une opportunité unique pour la République centrafricaine de démontrer sa capacité à jouer un rôle moteur dans la région ».

Les discussions bilatérales ont permis d’harmoniser les positions sur plusieurs dossiers, notamment la libre circulation des personnes, la mise en œuvre de projets d’infrastructures transnationaux et l’harmonisation des politiques monétaires.

À Yaoundé, la ministre a profité de son séjour pour rencontrer le président de l’Association des étudiants centrafricains au Cameroun. Ce rendez-vous, marqué par l’émotion, faisait suite au décès tragique d’un étudiant centrafricain à la cité universitaire. « La diaspora est une composante essentielle de notre nation. Ce qui touche un Centrafricain, où qu’il soit, nous touche tous », a déclaré Mme Baïpo-Témon, assurant que « le gouvernement ne ménagera aucun effort pour soutenir sa jeunesse, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ».

Les étudiants présents ont salué cette attention. « C’est la première fois qu’un ministre vient nous rencontrer personnellement dans un moment aussi difficile », a confié un représentant de l’association, soulignant l’importance du lien entre les autorités et les jeunes vivant à l’étranger.

Pour les observateurs, cette tournée marque une montée en puissance de la diplomatie centrafricaine. Sous la conduite du Président Touadéra, Bangui semble vouloir passer d’une posture défensive à une stratégie d’influence proactive.

« La RCA a longtemps été perçue comme en marge des dynamiques régionales. Aujourd’hui, elle se positionne comme un interlocuteur incontournable », estime un diplomate basé à Libreville, qui voit dans cette initiative « un signe de maturité et de confiance retrouvée ».

En multipliant les contacts directs avec les chefs d’État et les décideurs régionaux, Sylvie Baïpo-Témon a cherché à créer un climat de confiance propice à la conclusion d’accords concrets : « Les relations internationales ne se bâtissent pas seulement dans les communiqués officiels, mais aussi dans la qualité des échanges humains », a-t-elle résumé en marge de son déplacement à Brazzaville.

Ce déplacement illustre également une évolution dans la manière dont Bangui conçoit ses rapports avec ses voisins : plus ouverte, plus concertée, mais aussi plus offensive. « Nous ne sommes pas simplement venus solliciter un appui. Nous sommes venus proposer des solutions et mettre nos forces en commun », a insisté la ministre.

Cette « diplomatie d’initiative », comme elle la qualifie elle-même, pourrait devenir la marque de fabrique de la politique étrangère centrafricaine dans les années à venir. En plaçant la RCA au cœur des discussions sur la sécurité, l’intégration économique et le développement durable, elle entend faire de Bangui un lieu de convergence plutôt qu’un simple spectateur.

La réussite de cette tournée sera jugée à l’aune des résultats concrets qui en découleront, notamment lors du sommet de Bangui. Mais d’ores et déjà, le gouvernement affiche sa satisfaction. « Nous avons trouvé partout une oreille attentive et une volonté de travailler ensemble », a conclu Sylvie Baïpo-Témon à son retour.

Reste à transformer ces promesses de coopération en projets tangibles. Pour la ministre, le cap est clair : « La République centrafricaine est prête à assumer ses responsabilités régionales et à contribuer activement à la construction d’une CEMAC forte, solidaire et prospère. »

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