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Suite aux voix qui se lèvent un peu partout en Europe et aux USA pour condamner l’ingérence du Rwanda dans la crise à Goma, le 13 février 2025, le Parlement européen a adopté une résolution marquante sur l’escalade de la violence dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).

Ce texte, bien que non contraignant, représente un tournant diplomatique majeur pour le gouvernement de Kinshasa dans sa lutte pour retrouver la paix et la stabilité dans une région en proie aux conflits armés depuis plusieurs années.

La résolution du Parlement européen est perçue par le pouvoir de Kinshasa comme une victoire diplomatique importante dans la mesure où elle marque un soutien officiel des institutions européennes aux efforts congolais de rétablissement de la vérité et l’ordre. À travers cette résolution, l’Union Européenne reconnaît publiquement la gravité de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et les violations des droits humains qui y sont perpétrées, mais aussi la responsabilité de certains acteurs régionaux, notamment le Rwanda.

En effet, la résolution met en lumière la responsabilité de l’implication des groupes armés rwandais, notamment le M23, et appelle à une désescalade des tensions, tout en soulignant la nécessité d’une coopération régionale pour rétablir la paix. Cette prise de position européenne fait écho à l’appel constant du gouvernement congolais pour une pression internationale sur le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir indirectement des milices rebelles opérant dans l’est du pays.

Le pouvoir congolais, qui a souvent exprimé son exaspération face à l’inaction de la communauté internationale, ne peut que se réjouir de cette avancée politique et diplomatique qui marque, pour la première fois, un soutien officiel et un appel à la responsabilisation des voisins de la RDC, en particulier le Rwanda. Ce soutien diplomatique pourrait renforcer la position de Kinshasa dans ses échanges avec ses voisins et sur le plan international.

« Quelles conséquences sur le terrain à l’Est de la RDC ? »

Sur le terrain, la résolution du Parlement européen n’aura peut-être pas d’impact immédiat direct sur la violence et l’instabilité dans l’est du pays. Cependant, elle offre à Kinshasa un levier supplémentaire pour poursuivre ses efforts diplomatiques dans la sous-région.

D’un côté, la pression exercée par l’Union Européenne pourrait encourager les autorités rwandaises à adopter une approche plus mesurée face à la situation à Goma et dans la région de Kivu. Le Rwanda, bien qu’ayant toujours nié toute implication directe dans les violences, pourrait être amené à réévaluer sa position face à une pression internationale de plus en plus forte et croissante.

D’un autre côté, le soutien européen pourrait encourager les Nations Unies et d’autres acteurs internationaux à intensifier leurs efforts pour sécuriser les zones touchées par le conflit.

En revanche, le processus de paix risque de se heurter à la complexité des enjeux locaux. Les acteurs régionaux, comme le Rwanda, l’Ouganda et les groupes rebelles eux-mêmes, ont souvent des intérêts contradictoires qui compliquent la mise en œuvre d’une paix durable. La RDC doit donc être prête à négocier ou à faire la guerre, tout en restant ferme sur sa souveraineté, pour éviter que la violence ne perdure.

« Le Rwanda va-t-il entendre raison et desserrer l’étau autour de Goma ? »

Le plus grand défi auquel Kinshasa devra faire face est la réaction du Rwanda à la pression internationale. Kigali, bien que n’ayant jamais avoué son implication directe dans les affrontements à Goma, a toujours défendu ses intérêts en RDC, notamment en raison des liens historiques et géopolitiques complexes, notamment en ce qui concerne les communautés Tutsi de la région des Grands Lacs.

La résolution du Parlement européen pourrait encourager une réévaluation de la politique rwandaise, mais il reste à voir si cela suffira à faire fléchir la position du gouvernement de Paul Kagame. D’autant plus que le Rwanda considère souvent l’est de la RDC comme une zone tampon stratégique dans son affrontement avec d’autres groupes rebelles d’origine rwandaise et congolaise.

Cependant, la communauté internationale, par le biais de cette résolution, pourrait exercer une pression diplomatique plus forte pour faire comprendre à Kigali que la poursuite de son implication dans les conflits pourrait avoir des conséquences diplomatiques négatives sur le long terme, y compris des sanctions économiques ou diplomatiques.

Pour le gouvernement de Kinshasa, cette victoire diplomatique pourrait être le tremplin pour une offensive plus large dans la région et au niveau international. Sur le plan sous régional, la RDC pourrait saisir l’opportunité pour resserrer ses liens avec les pays voisins tout en isolant le Rwanda, si ce dernier persiste dans son soutien aux groupes rebelles.

Au sein des Nations Unies, Kinshasa pourrait également faire pression pour un renforcement des sanctions contre les groupes armés actifs dans l’est du pays, ainsi qu’une révision des mandats de la MONUSCO pour une présence plus proactive sur le terrain. Le soutien de l’Union Européenne pourra faciliter une meilleure coordination avec les Nations Unies pour la mise en place de solutions durables face à la menace sécuritaire.

L’idée serait également de renforcer les initiatives de coopération avec les autres pays d’Afrique centrale pour améliorer la gestion des frontières et des espaces transnationaux où les groupes armés prospèrent, tout en travaillant sur un processus de désarmement et de réintégration des anciens combattants.

Si la résolution du Parlement européen du 13 février 2025 constitue indéniablement une victoire diplomatique pour Kinshasa, son application sur le terrain reste incertaine. Le soutien international doit se traduire par des actions concrètes pour stopper la violence à l’est de la RDC.

La pression sur le Rwanda pourrait avoir un effet dissuasif, mais un réel changement dépendra de la volonté des différents acteurs régionaux et internationaux d’agir de manière coordonnée et d’éviter de permettre à la violence de s’intensifier à nouveau. Le gouvernement de Kinshasa devra rester ferme tout en poursuivant son engagement diplomatique pour une paix durable dans la région des Grands Lacs.

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