
Chegera, un village brisé par la guerre. En effet depuis l’entrée des rebelle M23 dans la ville de Goma ont augmenté le taux des violences à l’endroit des filles surtout les adolescents. Selon des organisations non gouvernementales, il risque plusieurs conséquences liées à c phénomène.
Adossée à un vieux manguier à l’entrée du village de Chegera, Pascalis, femme âgée de 40 ans, tente de contenir ses larmes : « J’ai des maux de ventre. La fièvre me monte au crâne », murmure-t-elle d’une voix tremblante. Il y a quelques jours, cette agricultrice et vingt-cinq autres femmes du village ont été violées par des hommes armés. C’était le matin du 14 février 2025, lorsque des centaines de combattants ont surgi de Kalehe, une ville voisine en proie aux affrontements entre les rebelles du M23 et les forces armées de la RDC (FARDC).
« Trois hommes sont entrés chez moi. Ils m’ont menacée avec leurs armes et sont passés à l’acte », raconte Pascalis, le regard perdu dans le vide. Sa fille aînée, assise à ses côtés, écoute en silence. « Ils parlaient lingala », précise-t-elle, laissant entendre que ses agresseurs pourraient appartenir aux forces congolaises.
Dans ce hameau situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Bukavu, les habitants, encore sous le choc, confirment la présence de plusieurs groupes armés aux uniformes variés. Certains portaient les tenues officielles des FARDC, d’autres étaient en civil, renforçant la confusion et la peur parmi les villageois.
« Un fléau qui ne faiblit pas »
Ces scènes de violence ne sont pas isolées. À Goma, dans l’est du pays, l’Unicef a recensé près de 600 cas de viol en une seule semaine après la chute de la ville fin janvier : « Les femmes sont systématiquement prises pour cible lors des offensives. Elles sont attaquées à leur domicile, en fuyant, parfois même sous les yeux de leurs enfants», explique une travailleuse humanitaire sous couvert d’anonymat.
Flore, 29 ans, fait partie des victimes de cette horreur : « Vers minuit, j’ai quitté ma maison avec mes enfants à cause des affrontements, mais trois militaires sont arrivés. Ils parlaient en kinyarwanda et portaient une tenue verte. Ils m’ont violée en pointant une arme sur moi », témoigne-t-elle.
Dans les centres de santé de fortune, les soignants manquent de tout : antibiotiques, contraceptifs d’urgence, soins psychologiques. Beaucoup de victimes n’osent pas signaler leur agression par peur des représailles ou de la stigmatisation.
Alors que le conflit entre le M23, soutenu par le Rwanda, et l’armée congolaise s’intensifie, les violences sexuelles continuent de se multiplier, dans une impunité quasi absolue : « Ces crimes sont commis par toutes les parties au conflit », déplore un expert des Nations unies : « Ni les rebelles ni les forces régulières ne sont épargnés par ces accusations. »
Le gouvernement congolais promet régulièrement d’agir, mais sur le terrain, peu de mesures concrètes sont visibles. Les organisations internationales réclament des enquêtes indépendantes et des poursuites judiciaires, mais les procès restent rares.
En attendant, à Chegera et ailleurs, les victimes tentent de survivre, brisées par la violence mais animées par un espoir fragile : celui de voir un jour justice leur être rendue.