
Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) accuse le Rwanda d’avoir infiltré son territoire et d’occuper la ville stratégique de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, en dépit des appels internationaux à la désescalade du conflit.
Dans un communiqué publié dimanche 16 Février 2025, les autorités congolaises ont dénoncé l’entrée de l’armée rwandaise et de ses alliés dans Bukavu dès la matinée du 16 février : « Malgré les résolutions de Dar es Salaam et les appels au cessez-le-feu de la communauté internationale, y compris l’intervention du président Emmanuel Macron, le Rwanda continue d’occuper, de piller et de commettre des crimes, violant gravement les droits de l’homme sur notre territoire », peut-on lire dans le document.
Face à cette situation, le gouvernement a appelé la population locale à la prudence et à rester chez elle pour éviter d’éventuelles attaques des « forces d’occupation ». Il a également exhorté les citoyens à la solidarité et au soutien des forces armées congolaises : « Bukavu, Goma et tous les autres territoires occupés du Nord et du Sud-Kivu restent des symboles de notre résistance. Soyons unis, vigilants et déterminés face à cette épreuve », indique le communiqué officiel.
« Un contexte sécuritaire tendu »
L’occupation de Bukavu par des forces liées au Rwanda s’inscrit dans une recrudescence des combats dans l’Est de la RDC, où les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), soutenus par Kigali selon Kinshasa et plusieurs organisations internationales, multiplient les offensives.
Dans la soirée du 15 février, l’administration présidentielle congolaise avait pourtant annoncé la reprise du contrôle de Bukavu par l’armée nationale, avec le soutien des forces volontaires Wazalendo. À ce moment-là, Kinshasa affirmait que les forces du M23 avaient été repoussées et que la ville était sous contrôle gouvernemental. Cependant, la situation sur le terrain reste confuse et évolutive, avec des affrontements sporadiques signalés dans la région.
L’occupation de Bukavu marque une nouvelle étape inquiétante dans l’expansion du conflit à l’Est du pays. Cette escalade intervient alors que la communauté internationale, notamment les Nations unies, l’Union africaine et la France, tentent de négocier un cessez-le-feu entre les parties en conflit.
L’intervention du président français Emmanuel Macron n’a, pour l’instant, pas permis de désamorcer la crise. De leur côté, les autorités rwandaises n’ont pas encore réagi officiellement aux accusations de Kinshasa, bien que Kigali ait toujours nié tout soutien direct au M23.
La prise de Bukavu par des éléments rebelles ou des forces étrangères représente un coup dur pour le gouvernement congolais, qui peine à contenir l’avancée du M23. Cette situation pourrait entraîner de nouvelles vagues de déplacements de population et aggraver la crise humanitaire déjà alarmante dans l’Est de la RDC.
Alors que Kinshasa tente de mobiliser ses alliés régionaux et internationaux, la population de Bukavu reste dans l’incertitude, suspendue aux prochaines décisions politiques et militaires qui façonneront l’avenir de cette région sous haute tension.