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Au moins 75 soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) comparaîtront devant la justice militaire pour avoir fui le champ de bataille face à l’avancée du groupe rebelle du Mouvement du 23 mars (M23) et pour des actes de violences contre des civils, dont des meurtres, des pillages et des viols.

Ces soldats, qui étaient en poste dans la province du Sud-Kivu, sont accusés d’avoir abandonné leurs positions après la prise de la ville stratégique de Nyabibwe par le M23. Certains d’entre eux se sont repliés vers Kavumu, où des actes de violence ont été commis.

Selon les autorités et des témoins locaux, plusieurs soldats en fuite se sont retournés contre la population. À Kavumu, un groupe de militaires a ouvert le feu dans un bar, tuant sept civils. Au total, au moins dix personnes ont perdu la vie à la suite des violences perpétrées par les soldats en déroute. En plus des meurtres, des pillages et des viols ont été signalés dans plusieurs localités.

« Des poursuites judiciaires pour restaurer l’ordre »

Face à ces actes, l’armée congolaise a rapidement annoncé des mesures disciplinaires. Selon le porte-parole de l’armée provinciale, Nestor Mavudisa, les soldats coupables seront sévèrement punis : « Nous ne tolérerons aucun acte d’indiscipline ou de violence contre les populations que nous sommes censés protéger. Ces soldats répondront de leurs actes devant la justice », a-t-il déclaré.

La justice militaire a déjà lancé des procédures pour juger les 75 soldats impliqués. Ils devront répondre de plusieurs chefs d’accusation, notamment la désertion en présence de l’ennemi, le meurtre, le viol, le pillage et la rébellion.

Cet épisode tragique met en lumière les difficultés persistantes de l’armée congolaise face aux offensives du M23. Ce groupe rebelle, actif dans l’est de la RDC, a intensifié ses attaques ces derniers mois, capturant plusieurs localités stratégiques malgré les efforts des FARDC et de leurs alliés.

Pour Léonidas Tabaro, un leader de la société civile du Sud-Kivu, cette affaire reflète un problème plus profond au sein de l’armée : « Des actes de pillage commis par nos soldats incontrôlés qui ont fui face à l’ennemi sont encore enregistrés. Cela montre un manque de discipline, mais aussi des difficultés dans la gestion des troupes face à une rébellion bien organisée. »

« Une population entre peur et méfiance »

Les violences commises par les soldats contre des civils accentuent le climat de peur et de méfiance dans une région déjà marquée par des décennies de conflits armés. Alors que les FARDC peinent à contenir l’avancée du M23, les populations locales se retrouvent prises entre deux feux, victimes à la fois des exactions des rebelles et des abus de certains militaires censés les protéger.

En attendant l’ouverture du procès, les autorités appellent la population à garder son calme et promettent des sanctions exemplaires contre les soldats fautifs. Mais au-delà des poursuites judiciaires, cet événement soulève des interrogations sur la capacité de l’armée congolaise à restaurer la sécurité et à gagner la confiance des populations locales.

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