
Tout commence en 2011 avec l’approbation d’un crédit IDA de 125 millions USD dans le cadre du Projet de transport et de facilitation du transit en zone CEMAC. L’ambition est claire: réduire les coûts logistiques en restaurant les corridors stratégiques reliant la RCA au port de Douala, au Cameroun. La problématique à été au centre d’un café de presse la vendredi 5 juin 2025 a Bangui.
L’axe Douala–Bangui, par lequel transite l’essentiel des importations et exportations du pays, bénéficie d’interventions majeures, notamment sur la route Bouar–Baoro et plusieurs ponts devenus impraticables. Cette réhabilitation a permis un accès permanent en toute saison, un progrès capital pour une économie fragilisée par son isolement.

« Avant, les camions mettaient une semaine, parfois deux, pour faire Bouar–Bangui. Aujourd’hui, le trajet est faisable en deux jours », a souligné Guido Rurwanga, Representant Pays de la Banque mondiale en Centrafrique.
L’emploi rural au cœur des infrastructures
En 2015, un nouveau cap est franchi avec le lancement du projet LONDO (« Debout »), financé à hauteur de 20 millions USD. Objectif: entretenir 10 000 km de routes rurales tout en générant des emplois temporaires pour 35 500 personnes, dans les zones les plus affectées par les violences et la pauvreté.
Cette approche « travail contre rémunération » a permis de combiner relance économique et inclusion sociale, avec un fort accent sur la main-d’œuvre locale. Dans plusieurs régions, ces activités ont été les premières sources de revenus depuis des années.
À la suite du retour progressif de la stabilité après 2020, la Banque mondiale renforce ses efforts dans les zones historiquement marginalisées, notamment au nord-est. Le projet EICRP (Emergency Infrastructure and Connectivity Recovery Project) a permis de restaurer près de 900 km de routes, dont 400 km dans les préfectures de Bamingui-Bangoran et Vakaga.
Les résultats sont concrets : 100 000 habitants ont retrouvé l’accès à des services de base, marchés, écoles et centres de santé : « Ce n’est pas qu’une route. C’est un lien social, un outil de paix », déclare le Representant Pays.
Parmi les réalisations emblématiques, le pont de Bamingui, long de 45 mètres, construit en 2021 grâce à un financement de 4,9 millions USD, incarne à lui seul les effets transformateurs des infrastructures.
Jadis impraticable durant les crues, le pont reconnecte désormais les villes de Bamingui et Ndele, sur la Route Nationale 8 (RN8), offrant une liaison essentielle pour les populations et les autorités.
Une résilience urbaine pour l’avenir
Enfin, la Banque mondiale intègre désormais les défis climatiques et urbains dans ses investissements. En septembre 2024, un don IDA de 70 millions USD est approuvé pour le Projet PROVIR, centré sur la résilience climatique en milieu urbain : assainissement, drainage, lutte contre l’érosion et les inondations dans la capitale, Bangui, et d’autres villes.
Ce projet marque une évolution de la stratégie: il ne s’agit plus uniquement de relier les territoires, mais aussi de préserver leur durabilité dans un contexte de dérèglement climatique croissant.
En Centrafrique, investir dans les transports, c’est bien plus qu’un enjeu logistique: c’est reconnecter les communautés, stabiliser les territoires et ouvrir des perspectives économiques et sociales. La Banque mondiale, par son approche intégrée et progressive, a permis de démontrer que la route peut aussi être une voie vers la paix.