
En Centrafrique, l’éducation est en péril après l’annonce de la suspension de l’aide américaine destinée aux pays en difficulté. Cette décision, héritée d’une politique mise en place sous l’administration de Donald Trump et réévaluée par les autorités américaines, risque d’avoir des répercussions graves sur un système éducatif déjà fragile et largement tributaire des financements internationaux.
La RCA, malgré ses ressources naturelles abondantes, reste un pays en développement où l’État peine à financer des services de base, notamment l’éducation. Une grande partie des écoles, surtout en milieu rural, fonctionnent grâce aux subventions des organisations internationales et des ONG financées en partie par les États-Unis.
Ces aides permettent la construction de nouvelles écoles, la distribution de fournitures scolaires et le paiement des salaires de nombreux enseignants sous forme de contrat. Avec le retrait de ce soutien, plusieurs établissements risquent de fermer, réduisant encore plus l’accès à l’éducation pour des milliers d’enfants centrafricains.
Les conséquences de cette décision risquent d’être dévastatrices pour les élèves, en particulier ceux des zones rurales où l’accès à l’éducation est déjà limité : « Sans aide extérieure, de nombreuses familles, confrontées à des difficultés économiques, ne pourront plus assumer les frais de scolarité, ce qui entraînera une hausse du taux d’abandon scolaire. » comme a souligné un le Directeur de l’Institut de Recherche et d’Animation Pédagogique (INRAP).
Les filles seront les premières touchées, car en période de crise économique, elles sont souvent retirées de l’école pour aider à la maison ou être mariées précocement, témoignage faite par Rosine Amang, coordonnatrice d’une association œuvrant auprès des filles : « La suspension de l’aide américaine pourrait donc aggraver les inégalités de genre en matière d’éducation et pousser plusieurs filles à abandonner le chemin de l’école. Comme vous le savez déjà la plupart des filles en Centrafrique sont scolarisées d’une manière gratuite grâce au gap payé par les institutions internationales. »
Quant aux enseignants, la situation s’annonce tout aussi critique : « Beaucoup d’entre eux sont payés grâce aux financements des partenaires internationaux. La suppression de ces fonds pourrait entraîner des licenciements massifs surtout de ceux qui sont sous contrat et une précarisation du métier, compromettant ainsi la qualité de l’enseignement déjà précaire. » Ajoute Brice Kolokpatema, pédagogue en retraite.
« Vers une crise éducative et économique »
« Un système éducatif affaibli signifie aussi une économie en difficulté. Une jeunesse moins instruite aura moins de chances d’accéder à des emplois qualifiés, limitant ainsi le développement du pays. Ce manque de perspectives pourrait également pousser de nombreux jeunes à rejoindre des groupes armés, alimentant l’instabilité qui mine déjà le pays. » Souligne Gustave Azouzou, enseignant à l’école mixte de Danzi sur la route de Boali.
Le retrait de l’aide américaine pourrait aussi affecter d’autres bailleurs de fonds, réduisant davantage les ressources disponibles pour le secteur éducatif.
Si la suspension de l’aide américaine représente un défi majeur pour l’éducation en RCA, elle souligne aussi l’urgence de repenser la stratégie éducative du pays. Il est impératif que les autorités centrafricaines et les acteurs locaux prennent des mesures rapides pour éviter un effondrement du système et garantir aux jeunes générations un accès à l’éducation, pilier du développement et de la stabilité du pays.
L’éducation ne doit pas être une victime collatérale des décisions politiques internationales. Il appartient désormais à la RCA de trouver des solutions durables pour garantir un avenir meilleur à sa jeunesse.