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La République Centrafricaine sous tutelle des bailleurs et ONG, difficile à admettre mais les faits sont têtus. Avec l’effet d’annonce du retrait de financement de l’aide américaine qui jusqu’ici est le principal bailleur des ONGs, quel sera donc le sort de la population Centrafricaine ?

Depuis plusieurs décennies, la République centrafricaine vit une réalité qui défie les principes de souveraineté nationale : une dépendance quasi totale vis-à-vis des bailleurs de fonds et des organisations non gouvernementales (ONG) pour financer ses projets de développement, assurer la sécurité, et même organiser ses élections.

 Il devient impératif de poser la question : À chaque étape du processus de développement, ce sont les partenaires étrangers qui mènent la danse. Leur influence est visible dans la plupart des secteurs essentiels de la vie nationale. Plus de 47 % du budget national de la RCA dépend des aides extérieures. Les projets menés par les ONG qu’il s’agisse d’infrastructures, de santé, d’éducation ou de sécurité se substituent souvent à l’action de l’État.

Des initiatives telles que le RCCPCA en sont l’illustration, mais la gestion de ces fonds soulève de nombreuses interrogations. Comment ces fonds sont-ils réellement utilisés ? Les autorités nationales sont-elles capables de dresser un bilan précis des dépenses réalisées au nom de l’État ? L’opacité dans la gestion de ces ressources est un problème récurrent, et l’absence d’un contrôle interne efficace aggrave la situation.

Dans des pays comme le Sénégal, un département ministériel est chargé de superviser les ONG pour s’assurer que leurs projets correspondent aux priorités du gouvernement, et surtout, que les fonds alloués sont utilisés à bon escient. La RCA, en revanche, semble démunie d’une telle structure, ce qui permet aux ONG de travailler souvent sans aucune coordination ni supervision effective de l’État.

Et que dire de la gestion des élections, un élément clé de la démocratie ? Depuis plus d’un an les locales sont reportées à plusieurs reprises quand l’échéance arrive. Raison principale, manque d’argent.

Depuis des décennies, les élections sont financées et sécurisées par les partenaires internationaux. La MINUSCA assure la sécurité, un rôle qu’elle joue de plus en plus, passant de 7 000 soldats à plus de 20 000 aujourd’hui. Un paradoxe dans un pays qui se dit souverain, mais qui ne parvient pas à assurer la sécurité de ses propres élections.

Les services essentiels tels que la justice, la santé et l’éducation sont également sous perfusion extérieure. L’appareil judiciaire national est presque entièrement dépendant de la MINUSCA, et la gestion du système de santé repose sur les ONG et l’OMS. Les écoles sont construites par des organisations internationales, et les enseignants sont financés par la Banque mondiale.

Face à cet état de fait, il est difficile de comprendre comment l’on peut revendiquer une souveraineté pleine et entière lorsque les éléments fondamentaux de la vie du pays sont assurés par des acteurs externes. L’autonomie économique et financière, condition sine qua non de la souveraineté, reste un objectif lointain pour la RCA.

À quel moment l’État centrafricain prendra-t-il les rênes de son propre destin ? Le défi réside dans la capacité à réduire cette dépendance et à investir dans les structures nationales, à renforcer la gestion des ressources et à créer un environnement propice à l’autonomie. Car, tant que la RCA continuera de tendre la main aux bailleurs de fonds pour financer ses charges régaliennes, il sera difficile de revendiquer une véritable indépendance.

« La souveraineté sera un vain mot ! »

La réalité est là : la RCA reste sous tutelle. Il est grand temps d’affronter cette vérité et d’engager une réflexion sérieuse sur les voies et moyens d’assurer le futur de ce pays, au-delà des promesses et des aides extérieures. L’État, dans sa propre maison, doit enfin prendre les commandes

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