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La Cour Pénale Spéciale (CPS) a poursuivi ce mercredi 19 Mars 2025, les débats dans l’affaire « Procureur spécial contre Oumar Serge Hassan, Adramane Seleman alias Ada, et Ahmat Hissene Abakar alias Encadreur », un procès qui concerne des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis à Ndélé en 2020.

Dès l’ouverture de l’audience, le président de la Cour a rappelé à Ahmat Hissene Abakar les raisons de sa comparution. Selon le Parquet Spécial, en tant que commandant de compagnie de la Brigade du FPRC (Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique), l’accusé aurait dirigé une vingtaine d’hommes pour mener des attaques contre la communauté Rounga les 6, 7, 8 mars et le 29 avril 2020.

Les assauts ont notamment ciblé les villages de Lemena, Aliou, Gozbeida et le marché central de Ndélé. D’après l’accusation, ces attaques étaient orchestrées sous les ordres d’Adam Mockhtar, alors chef d’état-major du FPRC, d’Abdoulaye Hissene, coordinateur du mouvement, et de Haroun Guey, commandant des opérations.

Une défense qui joue la carte de l’erreur d’identité

Face à ces accusations, Ahmat Hissene Abakar a immédiatement réfuté toute implication, avançant un argument surprenant : il serait victime d’une confusion d’identité. Il affirme que le surnom « Encadreur » lui a été attribué par les jeunes de Ndélé, qui le confondaient avec Ahmat Mahamat, un leader du FPRC connu sous ce pseudonyme : « Mon nom est Ahmat Hissene Abakar, et non Ahmat Mahamat alias Encadreur », a-t-il insisté devant la Cour.

Un argument balayé par le Parquet Spécial, qui a jugé cette défense peu convaincante : « Pourquoi l’accusé refuse-t-il de reconnaître son implication et cherche-t-il à tromper la Cour

L’avocat de la défense, Me Pessinam, a dénoncé une tentative de manipulation des preuves, soulignant que depuis le début du procès, aucun témoin n’a formellement identifié son client comme étant l’« Encadreur » cité dans les attaques.

Cependant, plusieurs témoignages indiquent qu’Ahmat Mahamat alias Encadreur, un chef militaire du FPRC de nationalité tchadienne, se trouverait actuellement au Tchad. D’autres sources prétendent au contraire qu’il aurait intégré les Forces Armées Centrafricaines (FACA) à Bangui.

De son côté, Me Benoît Ngreka Sarassengue, avocat d’Adramane Seleman alias Ada, a demandé à l’accusé s’il connaissait son client avant le procès. Ce dernier a répondu par l’affirmative, reconnaissant leur appartenance commune au FPRC, mais niant toute implication dans les attaques : « À cette période, j’étais hors de la ville pour des soins », a-t-il déclaré.

Un procès sous haute tension

Ce procès, baptisé « Ndélé 2 », s’inscrit dans une série de poursuites engagées par la CPS pour juger les crimes commis lors des affrontements intercommunautaires entre factions du FPRC en 2020. Ces violences avaient causé plusieurs dizaines de morts, des destructions massives et des pillages.

La Cour devra désormais trancher entre les éléments présentés par l’accusation et la défense. L’enjeu est de taille : la décision qui sera rendue pourrait marquer un tournant important dans la lutte contre l’impunité en Centrafrique. Le verdict est attendu dans les prochaines semaines.

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