
Le soir tombait déjà que l’homme s’allongea sur son fauteuil pour dire de sa voix atone : « Mes enfants, je suis fatigué, mais avant que le sommeil ne m’emmène vers son lointain horizon, je dois vous dire très rapidement ce qui suit : un père de famille, cultivateur de ses champs, eut deux garçons. Le plus jeune s’appelait Malon tandis que le plus vieux, JUST. Un bon matin, Malon alla trouver son père pour demander ce qui lui revenait.
Le paysan trouva la supplication honnête et satisfait le demandeur. Celui-ci, le lendemain, s’en alla vers un pays d’accueil. C’est là que le jeune homme passa la plupart de son temps. Et c’est là également qu’il dissipera sa fortune. Mais, comme il n’avait plus rien sous la main, décida-t-il de revenir vers son père. Ce dernier le reçut comme un bon père de famille. On tua en son honneur un bœuf, on lui trouva de nouveaux et bons vêtements, et la journée durant, ce fut la fête à domicile. Comme le pater familial fut exceptionnellement satisfait de revoir son fils perdu, revenir à la vie.
Seulement, le fils aîné resta au champ. A quelques pas de la maison, il entendit du bruit ressemblant à la musique. Il vint alors retrouver le père pour lui demander ce qui se passait. Ce père lui fit part de la grande joie qui l’habitait de retrouver son fils mort revenir à la vie. L’enfant était désemparé sur-le- champ. Il se vida pour l’occasion. Car lui-même, donnant de grands coups de main à son père, n’eut point la raison de faire ce qui arrive, mais pour un enfant prodigue, il se donne toute cette peine. Ce à quoi son géniteur répliqua :
-Mon fils, je t’aime bien. Mais ce qui arrive à ton petit-frère, peut-être que tu ne le sais pas. Il est mort mais il revient à la vie. Vous êtes tous mes enfants. Je vous aime tous les deux. Il s’appelle MALON et toi JUST. Relevant toutefois de ma propre progéniture, vous n’avez pas le même destin. Tu es toujours à côté de moi, lui, non. Il arrive à peine, et nous lui réservons ce que toi, tu considères comme ne pas te convenir.
L’aîné de la famille prit le temps de réfléchir pour effectivement se rendre à l’évidence que, seul, chacun a sa destinée. Quelle qu’en soit les attitudes à adopter, aucun humain ne pourra prétendre que cette destinée est l’affaire de tout le monde. Elle n’est que la chose que l’ETRE SUPREME a réservé non pas à tous, mais à chacun de nous tous.