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Beaucoup de jeunes femmes hésitent à s’affirmer dans ces domaines par peur d’être jugées ou limitées par des normes sociétales rigides. Pour changer cette dynamique, il est essentiel de mettre en place des programmes de mentorat et de formations ciblées, d’encourager les entreprises et médias à donner plus de visibilité aux femmes et de créer des réseaux de soutien entre professionnelles.

Evodie SENEKPING, présidente fondatrice de Jo de Luxe, journaliste chroniqueuse et spécialiste en communication institutionnelle et événementielle, partage son expérience et ses ambitions pour transformer le domaine médiatique en Centrafrique, tout en poursuivant ses études à Paris (France).

1. Af+ : Évodie, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a motivée à vous lancer dans le journalisme et la communication audiovisuelle, et aujourd’hui, vous vous intéressez à la communication institutionnelle ?

ES : Mon parcours professionnel est le fruit de ma passion pour l’impact des médias sur la société. J’ai commencé en 2016 en animant des chroniques à la radio IFM à Yaoundé tout en étant étudiante à l’ISTAG. Cette expérience m’a révélé l’importance de l’information structurée pour éveiller les consciences.

 Par la suite, j’ai travaillé comme responsable communication à la Mairie de Bangui de 2018 à 2023, où j’ai compris l’importance de la communication institutionnelle pour rapprocher les citoyens et leurs institutions. Aujourd’hui, avec une formation en Communication Politique et Institutionnelle, je me spécialise dans la création de stratégies d’influence adaptées aux réalités sociopolitiques africaines.

2. Af+ : Quelle a été l’impulsion qui vous a poussée à fonder votre propre agence de communication en 2020 à Bangui ?

ES: Jo de Luxe est né d’un constat : le besoin d’une communication moderne, percutante et adaptée aux réalités africaines. En travaillant dans l’administration publique, j’ai réalisé que la communication était souvent négligée ou mal exploitée, tant par les institutions que par les entreprises et les figures publiques.

J’ai voulu apporter une approche stratégique et innovante en mettant en place une agence capable d’accompagner des acteurs clés – entreprises, institutions, personnalités – à mieux structurer leur image et leur présence médiatique. Depuis sa création, Jo de Luxe a travaillé avec des ONG, des personnalités politiques et des entreprises, en les aidants à développer des stratégies efficaces de visibilité et d’influence.

3. Af+ : Vous êtes actuellement en formation en France. Qu’est-ce que cette expérience vous apporte dans votre développement professionnel et personnel ?

ES : Cette formation me permet d’élargir mes perspectives et de perfectionner mes compétences en communication stratégique et en gestion de l’image publique. La France, avec son environnement académique exigeant et son accès aux grands experts de la communication, me permet d’acquérir des outils concrets et adaptés aux réalités internationales.

Sur le plan personnel, c’est aussi une opportunité de renforcer mon réseau professionnel, d’apprendre des méthodologies avancées et d’explorer de nouvelles approches qui pourront être adaptées et appliquées en Centrafrique.

4. Af+ : Vous avez organisé plusieurs éditions de causeries éducatives à Bangui. Quelles sont les motivations derrière cette initiative ? Qu’espérez-vous transmettre aux jeunes participants ?

ES : Mon engagement auprès de la jeunesse vient d’une conviction profonde : le savoir est la clé de l’émancipation. J’ai lancé ces causeries éducatives pour offrir aux jeunes un espace de discussion, de réflexion et de formation, où ils peuvent interagir avec des experts et se projeter dans un avenir ambitieux.

À travers ces événements, je veux transmettre l’audace de rêver grand, l’envie de se surpasser et l’importance du travail bien fait. L’objectif est aussi de leur fournir des outils concrets pour réussir, que ce soit en matière de leadership, de communication ou d’entrepreneuriat.

5. Af+ : En tant qu’organisatrice d’événements et spécialiste de la communication, quels sont les défis spécifiques que vous avez rencontrés en République centrafricaine pour organiser ces événements et promouvoir une culture d’excellence ?

ES : Les principaux défis sont logistiques, financiers et structurels. Il est souvent difficile de mobiliser les financements nécessaires pour organiser des événements de qualité. De plus, les infrastructures ne sont pas toujours adaptées, et la culture de l’événementiel reste à développer.

Un autre défi est la sensibilisation du public : il faut encore convaincre qu’investir dans la formation et les rencontres éducatives est une nécessité pour le développement. Mais malgré ces obstacles, chaque édition est une victoire, car elle permet d’inspirer, motiver et faire émerger des talents.

7. Af+ : À l’occasion de la Journée Internationale des Femmes 2025, quels sont les défis restants en Centrafrique pour permettre aux jeunes femmes de s’épanouir pleinement dans des secteurs comme le journalisme et la communication ? Et quelles actions concrètes proposez-vous pour encourager leur participation active au développement du pays ?

ES : Les défis sont nombreux. L’accès aux formations qualifiantes, le manque de modèles féminins inspirants et les stéréotypes de genre freinent encore l’émancipation des femmes, notamment dans des secteurs comme le journalisme et la communication. Beaucoup de jeunes femmes hésitent à s’affirmer dans ces domaines par peur d’être jugées ou limitées par des normes sociétales rigides.

Pour changer cette dynamique, il est essentiel de mettre en place des programmes de mentorat et de formations ciblées, d’encourager les entreprises et médias à donner plus de visibilité aux femmes et de créer des réseaux de soutien entre professionnelles. Il faut aussi que l’État et les institutions jouent un rôle actif en garantissant des opportunités d’emplois et d’entrepreneuriat pour les femmes, et en luttant contre les discriminations.

8. Af+ : Pour conclure, quels projets futurs envisagez-vous pour continuer à promouvoir la culture d’excellence et à inspirer les jeunes en Centrafrique ?

ES : Af+ : Mon ambition est de développer un véritable écosystème de formation et d’accompagnement pour la jeunesse. Je travaille actuellement sur la création d’un incubateur de talents en communication et médias, un espace où les jeunes pourront se former, pratiquer et bénéficier de l’accompagnement d’experts.

Je souhaite également renforcer l’impact de Jo de Luxe en proposant des solutions encore plus innovantes pour les institutions et entreprises centrafricaines, en mettant l’accent sur la transformation digitale et la création de contenu à fort impact. Enfin, je compte poursuivre mes initiatives éducatives et événementielles pour continuer à inspirer et former la prochaine génération de leaders et de communicants en Centrafrique.

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