0 5 minutes 1 mois

Une équipe de l’ONG Médecin d’Afrique s’est rendue ce samedi 26 Juillet sur le site de réfugiés de Betoko, à environ 50 kilomètres de Paoua, dans la préfecture de Lime Mpende, pour une mission de sensibilisation sur les fistules obstétricales. L’initiative vise à informer les femmes réfugiées tchadiennes sur l’existence d’opérations chirurgicales gratuites de réparation, dans une région où les cas restent nombreux et peu traités.

Les fistules obstétricales sont des lésions graves résultant de complications lors de l’accouchement, souvent en l’absence de soins médicaux appropriés. Elles entraînent des pertes d’urine ou de selles incontrôlables et provoquent, chez les femmes touchées, une stigmatisation sociale majeure : « Beaucoup de femmes vivent avec cette souffrance en silence, isolées, rejetées parfois même par leur propre famille, alors qu’une intervention chirurgicale peut les soulager durablement. Nous sommes venus à Betoko pour informer les femmes que cette opération est gratuite et disponible pour celles qui en ont besoin », explique Dr. Henri, chef de base de Médecin d’Afrique à Paoua.
L’équipe de Médecin d’Afrique a organisé des rencontres directes avec les femmes du camp, avec l’appui des responsables communautaires, pour mieux faire connaître les symptômes et les possibilités de traitement : « Le but est de lever le tabou et de permettre aux femmes concernées de ne plus avoir honte, mais de consulter. Ce type de pathologie peut être soigné efficacement si elle est prise en charge à temps », poursuit le Dr Henri.
Selon l’ONG, plusieurs cas ont déjà été identifiés dans les environs de Paoua et sur le site de Betoko, ce qui justifie l’urgence d’une campagne d’information directe.
La mission a été chaleureusement accueillie par la population réfugiée, qui voit en cette initiative un signe d’espoir. Florent Mbayssemme, délégué du site de Betoko, salue l’intervention de l’ONG : « C’est une grande première ici. Les femmes souffrent en silence depuis longtemps. Grâce à Médecin d’Afrique, elles ont aujourd’hui une chance de s’en sortir. Nous espérons que cette action va se poursuivre et toucher plus de femmes. »
Au-delà de la santé, des besoins urgents en autonomisation
Au cours de cette mission, Médecin d’Afrique a également pris le temps d’échanger avec les réfugiés sur leurs besoins prioritaires, au-delà des problématiques de santé. Un sujet majeur a émergé : l’autonomisation économique des femmes : « Certes, nous recevons une assistance de base de la part du PAM, de World Vision ou de l’ONG Nourrir. Mais les femmes ne sont pas autonomes. Elles n’ont ni activité génératrice de revenus, ni formations. Cela freine toute perspective d’avenir », souligne Florent Mbayssemme.
Un constat que partage Médecin d’Afrique : « Nous ne voulons pas nous limiter à la santé. L’autonomisation des femmes est une clé essentielle à la résilience des communautés déplacées. C’est pourquoi nous travaillons à la conception d’un projet de formation professionnelle et de soutien économique ciblé », annonce le Dr Henri.
Aujourd’hui, plus d’une centaine de réfugiés tchadiens vivent encore sur le site de Betoko, en attente d’un retour vers leur pays d’origine. Un retour qui, selon les acteurs humanitaires, dépendra de la situation sécuritaire au Tchad et de l’appui logistique du HCR.
En attendant, les besoins restent immenses : accès à la santé, à l’éducation, à l’eau potable et à des moyens de subsistance durables : « Il ne faut pas que ces gens tombent dans l’oubli. Nous devons garder le cap de la solidarité et de l’accompagnement, même dans la durée », conclut le chef de base de Médecin d’Afrique.
Une fistule obstétricale est une ouverture anormale entre le vagin et la vessie ou le rectum, survenant après un travail prolongé non assisté. Elle entraîne une incontinence chronique et des complications sociales graves. Elle peut être traitée chirurgicalement dans la majorité des cas. Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) estime que plus de 2 millions de femmes vivent avec une fistule non traitée dans les pays en développement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *