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La cour martiale des juridictions militaires de Bangui a entamé, ce lundi 10 février 2025, une série d’audiences marquant une étape importante dans la lutte contre l’impunité au sein des forces armées centrafricaines. Cette session a été inaugurée par l’affaire opposant le ministère public au caporal Jeoffra DOKAKAMA, accusé du meurtre de la soldate de 2 classe Hyrima OULOUFI.

Dès les premières heures de l’audience, qui s’est tenue en présence d’hommes armés, de journalistes et des proches de la victime, le commissaire du gouvernement, Benoît Narcisse FOUKPIO, a exposé les faits reprochés à l’accusé. Après huit heures de débat entre l’accusation et la défense, la cour a rendu son verdict : « Conformément à la loi, l’accusé caporal Jeoffra DOKAKAMA est déclaré coupable d’assassinat et condamné à la peine de travaux forcés à perpétuité, assortie d’une amende de 150 000 FCFA. »

Cette condamnation, prononcée à la majorité des voix des assesseurs, reflète la volonté de la cour martiale d’appliquer une justice stricte en matière criminelle.

« Une défense qui dénonce une procédure viciée »

L’avocat de la défense, Maître GREKA Benoît SARASEGUE, a immédiatement contesté le verdict, remettant en cause la légalité du procès. Selon lui, un élément clé de la procédure pénale a été omis : « Personnellement, je dirai que le droit n’a pas été dit. On n’a pas respecté l’équité, surtout en raison de l’absence du corps de délit. Dans un procès criminel, la présentation du corps de délit est essentielle pour permettre une formation de jugement objective, mais cela n’a pas été fait. » Cette contestation pourrait ouvrir la voie à un recours, bien que les possibilités d’appel dans le cadre des juridictions militaires restent limitées.

Alors que la cour devait examiner d’autres affaires le mardi 11 février 2025, un rebondissement inattendu est survenu : les deux accusés qui devaient comparaître étaient introuvables dans leurs centres de détention respectifs, à Camp de Roux et à Garangba.

Face à cette situation, la cour a décidé de reporter ces dossiers à la prochaine session et de suspendre l’audience du jour. La reprise des audiences est prévue pour le mercredi 12 février 2025.

« Une justice militaire sous pression »

Ce procès marque un sinueux dans l’application du droit militaire en Centrafrique. D’une part, il témoigne d’une volonté des autorités judiciaires de sanctionner les crimes graves commis au sein de l’armée. D’autre part, les contestations soulevées par la défense et les dysfonctionnements sécuritaires constatés posent la question de l’efficacité et de l’équité de ces juridictions.

Alors que l’opinion publique suit de près cette affaire, la suite du procès et la gestion des accusés en fuite seront scrutées avec attention. L’État-major et les autorités judiciaires devront démontrer leur capacité à faire respecter la discipline au sein des forces armées, tout en garantissant le respect des droits de la défense.

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