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L’invité de la rédaction de ce vendredi est Mr  Simplice Victorien PAOULYS (SVP), informaticien de formation et entrepreneur dans le domaine des nouvelles technologies vivant en France. Son entretien avec Afrique en Plus (A+) porte sur son parcours, ses réalisations mais aussi son regard pour l’avenir entrepreneuriale en Centrafrique.

A+ : Monsieur Simplice Victorien PAOULYS, bonjour et merci de nous accorder cet entretien. Pour commencer, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? Parlez-nous de votre parcours académique, de votre formation et de votre évolution professionnelle. Quelles sont les grandes étapes qui ont marqué votre carrière ?

SVP : Je m’appelle Simplice Victorien PAOULYS, Administrateur de réseau en Informatique et télécommunication de formation.

En ce qui concerne mon parcours professionnel, je suis de base Technicien de Réseau en informatique et Télécommunication titulaire d’un DUT BAC+2, et avec le temps, j’ai pu évoluer au sein de mon entreprise et je suis aujourd’hui Administrateur Réseau en Informatique et Télécommunications BAC+4 grâce à des formations et aussi à des évolutions en interne au sein de mon entreprise.

Les grandes étapes importantes de ma carrière se caractérise par des changements des boîtes qui m’offrent des opportunités d’acquérir des nouvelles compétences avec des nouveaux projets afin d’enrichir mes connaissances dans le domaine.

A+ : Vous êtes aujourd’hui un acteur reconnu dans le domaine de l’entrepreneuriat. Comment avez-vous commencé cette aventure ? Quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées et comment les avez-vous surmontées ? Pouvez-vous nous parler de vos plus grandes réalisations jusqu’à présent ?

SVP : Je commence à être reconnu dans ce domaine aujourd’hui, c’est grâce à Dieu, à mes convictions et au soutien total de mon équipe qui ont cru en moi et aussi à ce projet. L’aventure a commencé après une visite sur mon terrain après 20 ans d’absence au pays, et en ce moment j’ai été approché par le chef du village en la personne de Monsieur YORO ROBERT qui m’a sollicité de construire une école pour les enfants qui font 8 à 10 km par jour pour se rendre à l’école à PK22 et un dispensaire pour la population pour les premiers soins surtout les femmes en ceinte.

Après la consultation de l’association des jeunes, des femmes des membres des différents comités de l’église et après un sondage favorable au besoin primordial qui est l’école et l’hôpital, avec mon équipe, on a décidé de se lancer sur le projet.

Les principales difficultés sont plutôt financières, puisque je devrais jongler entre mes charges familiales, mes besoins personnels et rajouter les obligations du projet ; tout en sachant que je n’ai aucune aide, aucune subvention puisqu’il faudrait supporter toutes ces charges avec mon salaire, ce n’est pas une partie de plaisir.

Je les ai surmontés grâce à ma détermination, au soutien total de mon équipe et de ma partenaire de l’association AJORA2 RCA et surtout grâce à la prière qui me fortifie. Ma grande réalisation je dirai plutôt celle de pose de la première pierre le 1er juin à FAFARA en la présence du Monsieur le maire qui est synonyme du début de réalisation des travaux.

C’était un succès inoubliable et il fallait voir à tel point la population, les autorités, les invités tous ceux qui étaient présents ressentent la même chose que moi, que nous c’est à dire le plaisir de partager ce moment de joie de bonheur de partage et d’amour.

A+ : La République Centrafricaine mise aujourd’hui sur l’entrepreneuriat des jeunes pour stimuler son développement économique. En tant que jeune entrepreneur, comment percevez-vous l’écosystème entrepreneurial en Centrafrique ? Selon vous, quels sont les points forts et les principales lacunes de ce secteur dans le pays ?

SVP : Le rôle de la jeunesse dans l’édification de la nation est d’offrir de nouvelles perspectives et une énergie nouvelle pour contribuer au développement économique de son pays. La pression démographique et la forte augmentation de la population de jeunes posent un problème majeur pour l’emploi en RCA. L’entrepreneuriat de jeunes tient une place de plus en plus importante dans les programmes de développement en RCA, l’entrepreneuriat permet d’accroître les possibilités d’emploi et de gains pour la jeunesse.  

Pour être honnête, je ne maitrise pas encore les enjeux en RCA, par contre la plupart de mes compatriotes de la diaspora se plaignent d’un manque d’encadrement pour les jeunes entrepreneurs, manque de soutien financier de la part de l’état, durcissement des démarches administratives afin d’obtenir des documents nécessaires pour faciliter l’implantation de leur entreprise. En gros ceux de la diaspora ne sont pas les bienvenus à cause de certaines hostilités de quelques compatriotes sur le terrain, d’où l’abandon de projets de quelques compatriotes.

A+ : Le financement des projets innovants reste un défi majeur en RCA. Beaucoup de jeunes ont des idées, mais manquent de ressources pour les concrétiser. En tant que membre de la diaspora, quelles stratégies ou solutions concrètes pourriez-vous proposer pour faciliter l’accès aux financements et encourager l’investissement dans les projets porteurs ?

SVP : Le financement des projets est un atout majeur pour la réalisation des projets dans sa globalité que ça soit en RCA ou ailleurs.

En France par exemple, le gouvernement met chaque année une certaine somme d’argent à la disposition des organismes (PRAOSIM) afin de financer les associations ou ONG porteuses des projets. Me concernant, ma stratégie elle est simple puisque je ne maitrise pas encore le système de financement des projets en RCA.

A cet effet, je commence à financer mon projet avec mes propres moyens dans un premier temps. Par exemple, j’ai mis à la disposition de l’ONG, un terrain pour la réalisation de ses projets. Le 2 décembre 2023 j’ai distribué les kits scolaires aux enfants de la commune de FAFARA qui est aussi symbole du lancement officiel de mon ONG en RCA. Le 1er juin, c’était la pose de la première pierre du projet, par Monsieur le maire de BEGOUA en la personne de Jean Emmanuel Gazanguinza.

Le 6 juin j’organiserai une rencontre avec les partenaires, sponsors, donateurs, bienfaiteurs et bien d’autres pour expliquer le but et l’objectif de notre projet. Le 7 juin, il y aura une soirée GALA de CHARITE organisée par ladite ONG, l’argent récolté seront reversé à l’ONG afin d’entamer les travaux de construction de l’école et du dispensaire.  

Par la suite, je vais monter le projet basé sur les faits concrets ainsi que des réalisations, afin de demander les aides, les subventions et consort qui seront un coup de pouce non négligeable, puisque la réalisation de nos projets dépendra en grande partie des aides de l’Etat, des sponsors, des partenaires et aussi des organismes internationaux.

A+ : L’entrepreneuriat est souvent perçu comme un chemin difficile et risqué. Comment, selon vous, pourrait-on susciter davantage d’intérêt chez les jeunes Centrafricains et les motiver à se lancer dans l’entrepreneuriat ? Quels conseils leur donneriez-vous pour réussir dans ce domaine ?

SVP :L’entrepreneuriat n’a jamais été une partie de plaisir, surtout pour les jeunes qui comptent se lancer dans le domaine dans un pays comme le nôtre.A cet effet, il est nécessaire de disposer certaines qualités telles que :

Le Leadership : pour se lancer dans l’entreprenariat, il faut être capable de comprendre, inspirer et motiver ses collaborateurs afin d’avoir une équipe productive.

La Communication : Développer des compétences en communication et être constructif dans vos propos, vous permettra de créer des relations pérennes à tous les niveaux (fournisseurs, salariés, clients, investisseurs…).

La Négociation : Accroître vos talents de négociation est primordial pour que votre entreprise rencontre le succès escompté.

L’Innovation : Si vous souhaitez laisser une empreinte dans le monde de l’entreprise, soyez innovant. Proposez de nouvelles idées ou de nouveaux produits non présents sur le marché afin que votre entreprise prospère.

Le Réseau : Aujourd’hui, il est important de développer un réseau dense et de qualité. Ainsi, il sera plus facile pour vous de contacter les personnes adéquates et de développer efficacement votre entreprise.

En gros la réussite de ton entreprise dépendra de ta capacité de ta gestion, de ta motivation, de croire en soi et d’être capable à surmonter les obstacles afin de te faciliter le chemin.

A+ : Nous avons appris que vous préparez un grand événement à Bangui dans les prochains jours. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet événement ? Quel en sera le thème principal et quels en sont les objectifs ? Qui seront les principaux participants et partenaires ?

SVP : Bien évidemment que je compte bien organiser deux événements d’ici le mois de juin à Bangui à savoir : le 06 juin, une rencontre avec les partenaires, les sponsors, les invités, les bienfaiteurs, les donateurs… afin de les présenter notre ONG, le but, les objectifs et aussi les perspectives d’avenir.

Solliciter des aides financières de leur part pour nous faciliter la réalisation de notre projet. A la fin des rencontres, l’ONG offrira un cocktail aux participants.

Et aussi le 07 juin, l’ONG organisera une soirée GALA DE CHARITE au cours duquel, il y aura un défilé de mode fait par les enfants orphelins de l’association AJORA2 RCA qui est notre partenaire principal et aussi des artistes qui vont intervenir pour mettre le show, il y aura aussi deux pièces de théâtre et bien d’autres activités.

Cet événement a pour but principal d’aider les enfants démunis sur le plan scolaire ainsi que sur le plan sanitaire de la République Centrafricaine précisément de la commune de FAFARA PK18 axe Damara et de promouvoir l’égalité de chances et aussi de renforcer la cohésion sociale. L’objectif de cette soirée c’est d’abord pour récolter des fonds visant à réaliser les projets de l’ONG DNS qui, est de construire une école et un dispensaire, gagner   de la notoriété auprès de mécènes, des sponsors et du grand public. Soutenir et sensibiliser à une cause.

A+ : Qu’est-ce qui vous a poussé à organiser cet événement ? Quelle a été votre principale source d’inspiration et quel impact espérez-vous avoir sur la jeunesse et l’écosystème entrepreneurial centrafricain ?

SVP : Plusieurs raisons m’ont poussées à organiser cet événement que je ne serai pas en mesure de les énumérer toutes. Souvent on a tendance à organiser des soirées dansantes, des mariages, fiançailles et bien d’autres pour se faire plaisir, se divertir et aussi profiter de la vie. Il est aussi temps de penser à contribuer au développement de notre pays qui est la République Centrafricaine ; et ce développement commence par l’éducation ainsi que la santé.

A cet effet, ma principale source d’inspiration est plutôt ma conscience car je me sens redevable envers mon pays la RCA qui m’a octroyé la bourse d’étude afin de poursuivre mes études à l’extérieur précisément en France, et au retour j’aimerai aussi donner cette chance aux enfants de la république centrafricaine de devenir ce que je suis aujourd’hui grâce à l’école.

L’impact espéré c’est de faire connaitre les activités de l’ONG DNS en RCA, recruter les jeunes volontaires, les rassembler et les fédérer autour des idéaux et de l’objectif de notre ONG qui est encore rappelant-le de construire une école pour les enfants de la commune de FAFARA PK18 axe Damara, faire une formation pour les adultes précisément les femmes et construire un dispensaire afin de faciliter l’accès aux soins pour tous surtout les femmes en ceinte.  

A+ : Vous vivez et travaillez à l’étranger. Pouvez-vous partager avec nous votre expérience en dehors du pays ? Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous faites face et comment parvenez-vous à les surmonter ? Quels enseignements tirez-vous de votre parcours international ?

SVP : Effectivement je vis en France et j’ai de la chance de travailler dans mon domaine qui est le réseau en informatique et télécommunications. En tant qu’étranger on rencontre souvent beaucoup de difficultés pour obtenir une place bien, travailler dans notre domaine ou bien avoir un poste de responsable.  

Et pour gagner ta place, il va falloir faire tes preuves plus que les autres, accepté certains traitements (discrimination d’une manière indirecte) et faire preuve de courage d’accepter certaines pratiques illogiques. Pour parvenir à surmonter ces difficultés, c’est ma famille qui est ma principale source de motivation, mon énergie, ma force.  

Ma famille est un atout fondamental dans mon combat, ma lutte de tous les jours avec des conseils et des encouragements. Surtout ma mère qui ne me lâche pas d’un cran, l’encadrement, recadrement, des conseils et surtout la prière. Elle prie tout temps pour moi, pour ma famille, ma vie, mes projets…

A+ : L’année en cours est marquée par des élections générales en Centrafrique. Malheureusement, ces périodes sont souvent synonymes de tensions et de conflits, mettant à mal l’unité nationale. Quel message souhaitez-vous adresser à la population pour encourager des élections pacifiques, libres et transparentes ?

SVP : Les conflits ne contribuent jamais au développement d’un pays surtout comme le nôtre qui a vécu successivement des conflits militaro-politiques, et il est temps de prendre conscience et d’agir dans l’intérêt du peuple et pour le pays.

J’en appelle les responsables politiques que le peuple attend beaucoup d’eux. De leur dignité leur sens du bien commun de promouvoir la paix, la cohésion sociale. Assumez votre responsabilité éducatrice et ayez l’audace de l’exemplarité et d’accepter le résultat des urnes.

A toi la jeunesse, c’est le moment de prendre ta responsabilité et de décider à qui tu veux confier la gestion de ton pays, de ta vie, de ton projet afin de réaliser tes rêves. Aujourd’hui, voter, c’est le moyen le plus simple de participer activement au choix de nos dirigeants, et d’exprimer son avis. Cela évite que les autres prennent, sans nous, des décisions importantes qui vont avoir un impact sur votre quotidien.

A+ : Pour terminer cet entretien, auriez-vous un dernier message à adresser à nos lecteurs et, plus largement, à la jeunesse centrafricaine ?

SVP : Pour en finir, je tiens à remercier le magazine Afrique en + de m’avoir offert cette occasion de m’exprimer et de mettre en lumière mon entreprenariat ainsi que mes projets.

Quant à toi jeune centrafricain, et à ceux désirant de se lancer dans l’entreprenariat, sachez que l’entreprenariat est l’un des moyens pour développer un pays. Il crée l’emploi, réduit le chômage, permet d’avoir un réseau élargi et contribue à l’épanouissement personnel. La jeunesse est plus apte à inventer qu’à juger, à exécuter qu’à conseiller, à lancer des projets nouveaux qu’à poursuivre des anciens.

L’espoir n’est pas une formule mais une pratique. L’espoir fait vivre. L’espoir, une des rares choses que l’on entretienne à peu de frais – souvent même pour rien. Même sans espoir, la lutte est encore un espoir. L’espoir est une mémoire qui désire.

Croyez en vous même et surtout ne comptez que vous même, car vous êtes la clé le véritable détonateur de votre propre succès.

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