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À huit mois de l’élection présidentielle camerounaise prévue le 5 octobre 2025, la question de la candidature de Maurice Kamto fait débat. L’opposant déclaré deuxième à la présidentielle de 2018 a déjà annoncé son intention de briguer la magistrature suprême sous les couleurs du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).

Le code électoral camerounais impose des critères stricts aux candidats à la présidentielle. Pour se présenter, un candidat doit : Être investi par un parti représenté à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans un conseil municipal ou régional, obtenir des parrainages, s’il est issu d’un parti non représenté. Dans ce cas, il doit réunir au moins 300 signatures d’élus ou de chefs traditionnels de premier degré, et ce, dans chacune des dix régions du pays. 

Or, le MRC a boycotté les élections législatives et municipales de 2020 en dénonçant un processus électoral biaisé. Cette décision prive théoriquement le parti de toute représentation institutionnelle, ce qui complique la possibilité d’une investiture directe de Maurice Kamto par son propre parti. 

« Des divergences d’interprétation »

Pour le parti au pouvoir, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) de Paul Biya, Maurice Kamto ne peut se présenter sous la bannière du MRC sans parrainages, puisque son parti n’a pas d’élus officiellement reconnus dans les instances législatives et locales. 

Le MRC, en revanche, affirme que la situation a évolué. Selon Joseph Emmanuel Ateba, secrétaire national à la communication du parti, plusieurs dizaines d’élus municipaux ont rejoint le MRC depuis 2020, après avoir démissionné de leurs partis d’origine. Le MRC estime donc qu’il peut être considéré comme un parti représenté et ainsi présenter son candidat sans nécessiter de parrainages. 

Mais pour Patrick Rifoe, communicant du RDPC, cette interprétation est erronée. Selon lui, « gagner des élus hors scrutin ne signifie pas être un parti représenté ». Il estime que cette question, si elle était portée devant le Conseil constitutionnel, risquerait de se heurter à une institution perçue comme favorable au régime en place. 

Face à ces incertitudes, deux options s’offrent à Maurice Kamto : Chercher les parrainages requis ou se faire investir par un autre parti représenté cela impliquerait toutefois qu’il démissionne du MRC, car la loi interdit d’appartenir à deux partis à la fois. Cette solution pourrait être perçue comme une compromission politique et nuire à son image auprès de ses partisans. 

« Un contexte électoral incertain »

La situation politique s’est encore compliquée avec la récente décision du président Paul Biya de reporter les élections législatives et municipales à 2026. Cette décision, validée par le Parlement en juillet 2024, empêche le MRC de tenter de regagner une représentation institutionnelle avant la présidentielle. Une manœuvre perçue par certains observateurs comme un moyen d’affaiblir l’opposition. 

Pour Hilaire Kamga, expert en questions électorales, Maurice Kamto doit choisir une stratégie solide face à un Conseil constitutionnel « pratiquement aux ordres du pouvoir ». Selon lui, « la meilleure approche serait de sécuriser un parrainage ou une investiture claire, plutôt que de s’engager dans une bataille juridique incertaine ». 

Si Maurice Kamto parvient à surmonter ces obstacles et à valider sa candidature, l’élection de 2025 pourrait être l’une des plus disputées de l’ère Biya. Le président sortant, au pouvoir depuis 42 ans, n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature, mais plusieurs cadres du RDPC militent déjà pour un huitième mandat consécutif. 

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