
Des milliers de manifestants se sont rassemblés le mardi 28 janvier dans les capitales du Mali, du Niger et du Burkina Faso pour célébrer le retrait officiel de leurs pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
À Niamey, la capitale du Niger, une foule impressionnante s’est réunie sur la place Toumo avant de marcher jusqu’à la place de la Concertation, à proximité de l’Assemblée nationale. Arborant les drapeaux du Niger, du Mali, du Burkina Faso et de la Russie, les manifestants scandaient des slogans tels que « Vive l’AES, à bas la CEDEAO ! ».
Le colonel Ibro Amadou Bacharou, l’un des membres du régime militaire nigérien, a réaffirmé la fermeté de Niamey : « Beaucoup pensaient que nous reviendrions sur notre décision. Aujourd’hui, c’est terminé, il n’y a plus rien entre la CEDEAO et nous ! ». Un discours appuyé par le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte, qui a qualifié cette sortie de « libération nationale ».
À Ouagadougou, la place de la Nation était également noire de monde. Le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla, a pris la parole pour dénoncer l’organisation régionale : « La CEDEAO est l’une des chaînes de notre asservissement qui a été brisée aujourd’hui. Pour se libérer totalement, nous devons couper tous les liens avec l’impérialisme. »
Enfin, au Mali, un grand rassemblement s’est tenu près de Bamako, à Kurukanfuga. L’un des organisateurs, Samou Samuel Koné, a accusé la CEDEAO d’avoir « trahi les idéaux panafricanistes » et de freiner le développement des États membres.
Le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO était dans l’air depuis plusieurs mois. Après avoir été suspendus de l’organisation à la suite des coups d’État militaires entre 2020 et 2023, ces trois pays sahéliens ont été soumis à des sanctions économiques sévères, en particulier le Mali et le Niger.
En réponse, les régimes en place ont choisi d’unir leurs forces sous une nouvelle organisation, l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette alliance vise à renforcer leur coopération économique, sécuritaire et politique en dehors de la CEDEAO.
« La réaction de la CEDEAO »
Face à ce départ acté, la CEDEAO a publié un communiqué officiel le 29 janvier 2025, acceptant le retrait des trois pays tout en maintenant certaines dispositions transitoires pour préserver la coopération régionale : reconnaissance des documents d’identité des citoyens du Mali, du Niger et du Burkina Faso jusqu’à nouvel ordre ; maintien des accords commerciaux et de libre circulation pour les biens et services en provenance des trois pays. Droit de circulation, de résidence et d’établissement des ressortissants des États sortants, conformément aux protocoles de la CEDEAO. Protection des fonctionnaires de la CEDEAO originaires de ces pays, afin qu’ils puissent poursuivre leurs missions sans entrave.
Ces mesures seront appliquées jusqu’à ce que la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO définisse un nouveau cadre de relations avec les pays de l’AES.
Avec cette sortie officielle de la CEDEAO, le Mali, le Niger et le Burkina Faso entrent dans une nouvelle ère. La création de l’AES marque une volonté de rupture avec les anciennes structures régionales et d’autonomisation économique et sécuritaire.
En attendant, les dirigeants de l’AES se disent confiants quant à l’avenir : « Nous avons choisi la voie de la souveraineté et du développement autonome. L’histoire retiendra cette date comme celle de notre renaissance », a déclaré un porte-parole du gouvernement malien.
Le retrait de ces trois États de la CEDEAO pourrait bien redessiner les équilibres géopolitiques en Afrique de l’Ouest, alors que d’autres pays de la région observent avec attention cette transition historique.