
Enclavée au cœur de la République centrafricaine, la ville de Nzacko vit au rythme de l’insécurité et de l’abandon. Ici, des éléments des Forces armées centrafricaines (FACA), censés assurer la stabilité de la région, se retrouvent eux-mêmes en détresse.
À notre arrivée dans la ville, la scène est saisissante : des soldats épuisés, vêtus d’uniformes défraîchis, errent entre des abris de fortune construits à la hâte. Mais ces maigres protections n’ont pas résisté aux intempéries : « Ils ont monté des hangars pour se protéger, mais tout a été emporté par le vent », raconte Charles Djouma, secrétaire de la mairie : « Pendant la saison des pluies, ils dorment à la belle étoile. »
Dans l’un des campements improvisés, un soldat accepte de témoigner sous anonymat : « Nous sommes ici pour protéger la population, mais qui nous protège, nous ? Nous manquons de tout : nourriture, soins médicaux, équipements. Certains de nos camarades ont dû partir, incapables de tenir plus longtemps. »
« Des relèves aux abonnés absents »
En plus des conditions de vie précaires, ces hommes font face à un autre problème : l’absence de rotation. Les militaires, en poste depuis des mois, ne sont toujours pas relevés. Omer Lakouetene, chef du quartier Zo Kwe Zo, s’inquiète : « Ces soldats risquent leur vie pour nous, mais qui pense à eux ? On ne sait même pas quand ils seront remplacés. C’est comme s’ils étaient oubliés. » Certains n’ont même pas pu renouveler leur carte magnétique pour toucher leur solde, faute de moyens pour rejoindre Bangui.
Face aux interrogations, notre équipe a tenté de joindre l’État-major des FACA. Mais aucune réponse officielle n’a été donnée, le ministère de la Défense évoquant le « secret militaire ». Une absence de réaction qui alimente la colère et l’incompréhension des populations locales.
Ce drame ne se limite pas à Nzacko. À travers le pays, d’autres postes militaires souffrent du même manque de soutien. Si rien n’est fait, le moral des troupes risque de s’effondrer, menaçant la stabilité déjà fragile du pays. En attendant, les soldats de Nzacko, épuisés mais déterminés, continuent d’assurer leur mission. Jusqu’à quand ?