0 5 minutes 3 jours

À l’issue de la mise en œuvre du projet « Voix et contrôle des citoyens pour la résilience des communautés et la gouvernance locale », l’ONG Constellations Internationale dresse un bilan critique des projets financés par la Banque mondiale en République centrafricaine. Selon Lorenzo Ganazoui Yandocka, coordonnateur de l’organisation, la majorité des interventions actuelles ne répondent pas aux réalités du terrain et freinent le véritable développement du pays.

Il faut un projet centré sur l’expression citoyenne. Mis en œuvre dans les préfectures de la Lobaye, le Mbomou, la Vakaga et la Basse-Kotto, le projet a bénéficié d’un financement de 350.000 dollars de la Banque mondiale, sur une durée de 18 mois. L’objectif était de favoriser la résilience des communautés en leur permettant de faire entendre leurs voix, notamment dans le domaine de la santé, durement touché par la crise.

Dans ce cadre, l’ONG a mis en place un outil participatif intitulé « Boukou ti Maingo », destiné à recueillir les attentes, priorités et propositions des populations locales. Ce document a servi de base pour évaluer l’adéquation des projets mis en œuvre avec les besoins réels des communautés.

Il en ressort, un écart entre projets financés et besoins locaux. L’analyse issue du terrain est sans appel. Selon M. Yandocka, la plupart des projets exécutés en RCA sont conçus sans réelle consultation des bénéficiaires : « Ces projets sont souvent construits à partir de modèles importés, sans prendre en compte les spécificités socioéconomiques de chaque région. Résultat : ils échouent à impulser un véritable changement. »

Ce manque d’ancrage local entraîne une faible appropriation par les communautés, une efficacité limitée, et dans certains cas, une perte de ressources financières.

De ce fait, il faut des solutions spécifiques à chaque préfecture. L’ONG appelle à une réorientation stratégique des projets de développement, fondée sur les réalités régionales. À titre d’exemple : Dans la Vakaga, enclavée et à forte vocation agro-pastorale, le développement de l’agriculture et de l’élevage apparaît comme prioritaire.

Dans le Mbomou, la pêche constitue l’activité économique dominante, appelant à des actions ciblées pour renforcer cette filière. D’autres priorités émergentes dans la Lobaye et la Basse-Kotto, telles que l’accès à la santé, à l’eau potable et à l’éducation.

L’outil « Boukou ti Maingo », selon Constellations Internationale, représente un levier essentiel pour structurer des projets mieux adaptés et réellement porteurs de développement.

Une opportunité à saisir avec le PND

Alors que la RCA s’engage dans une nouvelle dynamique à travers la mise en œuvre du Plan National pour le Développement (PND), l’ONG insiste sur l’urgence de revoir les modalités de conception des projets : « Si la République centrafricaine veut passer d’une politique humanitaire à une politique de développement, il faut des projets construits à partir des réalités communautaires. Le PND doit en tenir compte », a martelé Lorenzo Ganazoui Yandocka.

Constellations Internationale prévoit de soumettre un canevas de projets par région, basé sur les données issues du terrain, pour orienter les futures interventions des bailleurs de fonds.

Basée à Bangui et active depuis février 2016, Constellations Internationale est une organisation humanitaire spécialisée dans le développement communautaire et la promotion d’une gouvernance locale responsable. Son approche privilégie l’écoute des populations, l’implication citoyenne et la redevabilité des acteurs publics.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *