
La République Centrafricaine vient de franchir une étape décisive dans sa quête de paix durable. Le gouvernement centrafricain a signé un nouvel accord de désarmement avec deux groupes armés majeurs : les 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation) et l’UPC (Union pour la Paix en Centrafrique) dirigé par Ali Darassa Mahamat.
Ce rapprochement, qui s’inscrit dans le cadre du Programme national de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Rapatriement (DDRR), ouvre la voie à un climat de sécurité renforcée et à la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.
Depuis le déclenchement de la crise politico-militaire de 2013, la RCA a connu une prolifération de groupes armés exerçant leur influence sur de vastes régions du pays. Parmi eux, les 3R, fondés en 2015, se sont d’abord présentés comme un groupe d’auto-défense visant à protéger les populations peules du nord-ouest contre les exactions. Très vite, ils sont devenus l’un des mouvements armés les plus structurés, contrôlant plusieurs zones stratégiques.

De son côté, l’UPC, sous la direction d’Ali Darassa, est né des cendres de l’ex-Séléka, coalition majoritairement musulmane qui avait pris le pouvoir en 2013. L’UPC, basé principalement dans la région de la Ouaka, a longtemps imposé son autorité sur les axes économiques du centre du pays.
Ces deux groupes figuraient parmi les principaux signataires de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République Centrafricaine (APPR-RCA) signé à Khartoum en février 2019. Toutefois, les défis de l’application effective de cet accord ont persisté, avec des violences sporadiques et une fragilité institutionnelle accrue.
Le DDRR : une solution durable pour un retour à la normalité
Face à ces défis, le gouvernement a renforcé la mise en œuvre du Programme DDRR, destiné à désarmer les combattants, démobiliser les structures armées illégales, et réinsérer les ex-combattants dans la vie civile ou les intégrer dans les forces régulières selon des critères stricts.
L’accord récemment signé prévoit : la remise effective des armes lourdes et légères, l’enregistrement biométrique des ex-combattants, leur réinsertion dans des programmes civils de formation professionnelle ou dans les forces de défense et de sécurité, l’accès aux projets communautaires de réhabilitation économique.
Le Ministre en charge du DDRR a salué cet accord comme un « tournant majeur dans l’histoire récente de la République Centrafricaine », ajoutant : « Par la main tendue et le dialogue, nous bâtissons une paix qui ne sera plus imposée par les armes, mais choisie par la volonté du peuple centrafricain. »
Les propos fermes du Chef d’État-Major des Armées
Le Général d’Armée Zéphirin Mamadou, Chef d’État-Major des Armées, a rappelé l’importance de ce moment : « La paix ne s’impose pas par la force des armes, elle se construit par la volonté des cœurs. Aujourd’hui, nous voyons dans cette signature un acte de courage. Nos forces armées, rénovées et républicaines, resteront garantes de l’application rigoureuse des termes de cet accord. L’autorité de l’État sera rétablie sur chaque mètre carré de notre territoire. »
La pacification des zones autrefois contrôlées par les 3R et l’UPC permettra le retour progressif de l’administration civile, le redéploiement des forces de sécurité intérieure, ainsi que la relance des services publics essentiels : écoles, centres de santé, marchés et routes commerciales.
Les partenaires internationaux, notamment l’Union Africaine, les Nations Unies et la CEEAC, ont salué cette avancée et réaffirmé leur engagement à soutenir la RCA dans son processus de stabilisation.
Si cet accord constitue un progrès incontestable, le gouvernement et ses partenaires savent que le véritable défi reste la mise en œuvre effective sur le terrain : garantir la sécurité des ex-combattants, prévenir les tensions communautaires et s’assurer que les projets de réinsertion économique produisent des résultats visibles pour les populations locales.
Pour cela, une approche inclusive, transparente et rigoureuse du DDRR est essentielle, avec une attention particulière aux jeunes, aux femmes et aux victimes de conflits.
La République Centrafricaine donne ainsi un nouveau visage à sa quête de stabilité. Chaque arme déposée est un pas de plus vers la reconstruction nationale, chaque ex-combattant réinséré est un pilier pour la paix future.
Comme l’a souligné le Président Faustin Archange Touadéra dans son message à la Nation : « L’heure n’est plus aux divisions. L’heure est à l’union sacrée pour la paix, le développement et la dignité retrouvée du peuple centrafricain. Ensemble, bâtissons une RCA forte, unie et prospère. »