
En marge de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 9), le Président de la République centrafricaine, Faustin Archange Touadéra, a eu un entretien stratégique avec Mme Cindy McCain, Directrice exécutive du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Cette rencontre, tenue à Yokohama, a été l’occasion de discuter du renforcement et de l’élargissement du programme d’alimentation scolaire en République centrafricaine, dans un contexte marqué par de nombreux défis éducatifs, nutritionnels et socio-économiques.
Au cœur des échanges, la nécessité d’étendre l’alimentation scolaire afin de toucher un plus grand nombre d’élèves à travers le pays : « Nous avons échangé avec le Président de la République sur la possibilité d’élargir ce programme afin d’avoir une couverture nationale », a déclaré Mme Cindy McCain à l’issue de la rencontre.
Pour la responsable du PAM, cette initiative dépasse la seule dimension alimentaire. Elle constitue une véritable passerelle vers l’éducation, notamment pour les jeunes filles, souvent les plus exposées au décrochage scolaire dans les zones rurales et fragilisées par l’insécurité alimentaire. « L’alimentation scolaire offre une opportunité unique : elle permet de garder les enfants à l’école, de leur garantir une éducation de qualité et de prévenir l’abandon », a-t-elle souligné.
Une vision présidentielle axée sur la réussite scolaire et la santé
De son côté, le Président Faustin Archange Touadéra a réaffirmé la centralité de ce programme dans sa vision pour l’avenir de la jeunesse centrafricaine. Selon lui, l’alimentation scolaire n’est pas seulement un appui ponctuel, mais un levier stratégique pour l’amélioration du taux de réussite scolaire, la promotion de la santé des élèves et la réduction de la mortalité infantile.
« Investir dans l’alimentation scolaire, c’est investir dans l’avenir de notre pays. Un enfant qui apprend dans de bonnes conditions, nourri et en bonne santé, est un futur citoyen productif capable de contribuer au développement national », a insisté le Chef de l’État.
Cette ambition s’inscrit dans un contexte où la malnutrition chronique demeure l’un des principaux obstacles à l’éducation et au développement humain en Centrafrique. Selon les dernières estimations, plus de 40 % des enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance lié à une alimentation insuffisante ou déséquilibrée.
Le programme, tel qu’envisagé par le gouvernement centrafricain en partenariat avec le PAM, vise à fournir d’ici 2027 des repas scolaires réguliers à plus de 500.000 écoliers. Un objectif ambitieux qui nécessitera une mobilisation accrue de financements et une coordination renforcée avec les acteurs locaux.
Au-delà de l’impact direct sur les élèves, le projet entend aussi dynamiser l’économie locale. En privilégiant les produits agricoles locaux pour la préparation des repas scolaires, les autorités souhaitent soutenir environ 20.000 petits exploitants agricoles. Une orientation qui s’inscrit dans une logique de développement durable et d’autonomisation des communautés rurales.
« Le lien entre l’agriculture et l’alimentation scolaire est essentiel. En achetant localement, nous soutenons les familles rurales, nous créons des emplois et nous renforçons la résilience de notre économie », a expliqué le Président Touadéra.
Un défi de financement et de durabilité
Toutefois, l’extension de ce programme à l’échelle nationale représente un défi de taille. Les besoins financiers sont considérables et nécessitent la mise en place de stratégies innovantes de mobilisation des ressources. C’est l’un des points clés abordés lors de la rencontre entre le Président centrafricain et la Directrice exécutive du PAM.
Mme Cindy McCain a rappelé que la réussite d’une telle initiative repose sur une forte coalition entre les bailleurs internationaux, les gouvernements partenaires et le secteur privé. « Nous devons travailler ensemble pour garantir que chaque enfant centrafricain ait accès à un repas nutritif à l’école. C’est une responsabilité collective », a-t-elle affirmé.
Le PAM entend ainsi renforcer son plaidoyer auprès des partenaires techniques et financiers afin de garantir la viabilité du programme sur le long terme.
L’initiative centrafricaine s’inscrit également dans le cadre plus large des Objectifs de Développement Durable (ODD), en particulier l’ODD 2 (« Faim zéro ») et l’ODD 4 (« Éducation de qualité »). En investissant dans l’alimentation scolaire, la République centrafricaine contribue directement à ces objectifs, tout en posant les bases d’un développement inclusif et durable.
Reste désormais à transformer cette vision en réalité, grâce à une mobilisation internationale accrue et à une mise en œuvre efficace sur le terrain. Car derrière les chiffres et les stratégies, ce sont des centaines de milliers d’enfants qui attendent, chaque jour, une assiette pleine pour apprendre et construire leur avenir.