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Malgré la volonté politique affichée par le président Faustin-Archange Touadéra pour redynamiser le système éducatif centrafricain, le ministère de l’Éducation nationale peine à se restructurer. Nominations contestées, mauvaise gestion administrative et lente application des réformes freinent l’amélioration du secteur.

À son retour à la tête du ministère de l’Éducation nationale, le ministre d’État Aurélien Simplice Zingas avait promis une rupture avec les pratiques qui nuisent au bon fonctionnement du système éducatif. Son expérience passée laissait espérer un véritable changement, mais le constat actuel est loin d’être à la hauteur des attentes.

De nombreux observateurs estiment que les obstacles sont profonds et structurels. Malgré les discours officiels, les vieilles pratiques persistent, notamment le népotisme, le clientélisme et le manque de professionnalisme dans les nominations aux postes clés du ministère.

Une cartographie scolaire réformée mais mal appliquée

L’un des chantiers majeurs engagés dans le secteur éducatif est le redécoupage des circonscriptions et des secteurs scolaires pour améliorer la gestion et l’allocation des ressources. Selon l’arrêté n°184/MEN/DIRCAB/DGESP.24 du 18 décembre 2024, la République centrafricaine est passée de 24 à 52 circonscriptions et de 78 à 272 secteurs scolaires.

Le président Touadéra lui-même a souligné cette avancée dans son discours à la Nation du 28 décembre 2024. Cependant, la mise en application de cette réforme est chaotique. Des vides administratifs persistent, certains établissements scolaires sont mal intégrés dans la nouvelle répartition, et l’organisation des inspections académiques demeure confuse.

Les récentes nominations effectuées par arrêtés ministériels (n°025, 026, 027 et 028 du 13 janvier 2025) ont suscité une vive polémique. Plusieurs cadres du ministère dénoncent une gestion partisane des postes de responsabilité, où la compétence cède la place aux intérêts personnels.

Parmi les dérives signalées : le clientélisme, des instituteurs proches de certains cadres sont promus chefs de secteur scolaire, au détriment des conseillers pédagogiques expérimentés.

Le népotisme, ou des inspecteurs de l’enseignement fondamental sont nommés chefs de secteur ou directeurs régionaux, écartant les véritables spécialistes. Le favoritisme ou les diplômés des sciences de l’éducation prennent la direction de circonscriptions et de centres pédagogiques, alors que ces postes devraient revenir aux enseignants du fondamental.

Ce manque de rigueur dans les nominations fragilise encore davantage le ministère et nuit aux performances du système éducatif.

Quelle issue pour le ministère de l’Éducation nationale ?

Face à cette situation préoccupante, plusieurs solutions s’imposent entre autre l’application rigoureuse des critères de compétence dans les nominations. Créer un organe indépendant de contrôle et d’évaluation pour suivre l’application des réformes.

Lutter contre la corruption et les pratiques de favoritisme en mettant en place des mécanismes de transparence. Renforcer la formation et le recrutement des enseignants pour garantir un enseignement de qualité.

Le président Touadéra a fait de l’éducation une priorité pour le développement du pays, mais sans une réforme en profondeur de la gestion ministérielle, les ambitions risquent de rester lettre morte. L’avenir du système éducatif centrafricain dépend désormais de la capacité du gouvernement à passer des discours aux actes.

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