
Faustin Archange Touadéra, avec son pouvoir consolidé, devient une figure centrale, une sorte de « monstre froid » qui aspire tout sur son passage. Plusieurs militants, mais aussi des partis politiques d’opposition se rallient et l’on se demande quel avenir désormais pour l’opposition ?
La République Centrafricaine traverse une période de mutation politique majeure. Les élections présidentielles de 2016 ont marqué un tournant décisif, où 28 candidats sur 30 ont fait allégeance au Président Faustin Archange Touadéra, au second tour. Mais que reste-t-il aujourd’hui des partis politiques traditionnels qui, à l’époque, ont choisi de soutenir le pouvoir en place ? Ont-ils réellement bénéficié de leur rapprochement avec le régime actuel ?
De MESSAN de Boganda, au KNK de Bozize, en passant par le FPP d’Abel Goumba, PSD de Derant Lakoue et autres, ayant marqué l’histoire de la politique centrafricaine, le constat est amer : ces partis se trouvent aujourd’hui en crise.
Prenons l’exemple du Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC), qui a marqué le début du multipartisme en RCA. Après le décès de son emblématique président, Désiré Zanga Kolingba, le parti est dans une impasse. Le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) de Martin Ziguélé ne s’en sort guère mieux. Divisé en trois factions, et le parti peine à se redéfinir politiquement.
Le KNK (Kwa Na Kwa), vacillant entre l’opposition et le pouvoir, vit lui aussi une période de turbulences. Nombre de ses cadres ont été récupérés par le camp du pouvoir, et ses dirigeants se trouvent aujourd’hui soit exilés, soit marginalisés. Quant au Parti Africain pour la Transformation Radical et l’Intégration des Etats (PATRIE) de Crépin Mboli-Goumba, il a vu ses députés disparaître de l’Assemblée Nationale, une perte lourde de conséquences. Quant au CRPS de Me Nicolas Tiangaye, son parti se résume quasiment à lui-même.
Il apparaît clairement que les alliances opportunistes nouées en 2016 n’ont pas profité à ces partis. Au contraire, beaucoup d’entre eux semblent avoir été victimes de cette politique de soutien sans conviction. Résultat : des partis marginalisés, divisés, voire disparus de la scène politique. Les personnalités ou leaders persécutés par le pouvoir actuel. La question se pose : quel avenir pour ces partis traditionnels en RCA ?
Il est difficile de répondre de manière tranchée, tant cette situation résulte de facteurs multiples. Toutefois, il est indéniable que ces formations politiques doivent impérativement se réinventer, se renouveler, et retrouver une certaine pertinence si elles veulent exister encore sur la scène politique nationale. Pour cela, une gestion plus stratégique de leurs alliances et un engagement moins opportuniste seront nécessaires pour retrouver leur place.
Ce déclin, cependant, est symptomatique d’une crise plus profonde, celle de la démocratie et de la gouvernance en RCA. L’heure est venue pour les acteurs politiques du pays de réfléchir sur un nouveau modèle de démocratie, afin de rendre aux partis politiques leur rôle fondamental de représentation des citoyens, tout en promouvant une gouvernance véritablement démocratique.
La plupart des partis ne semblent exister que de manière nominale, sans réelles bases territoriales ni structures solides. Beaucoup de partis sont devenus des coquilles vides, manquant de ressources, de leadership et de vision claire pour représenter un véritable contre-pouvoir ou une alternative sérieuse au gouvernement en place. Les partis sont directement identifiés à leurs leaders, et pour la plupart, ils n’ont pas de siège social. Ainsi, la question demeure : que reste-t-il des partis politiques traditionnels en RCA ? Peu de choses, semble-t-il. Dans un contexte politique où l’alignement sur le président est souvent plus stratégique que théorique, l’avenir des partis traditionnels reste incertain.
Dans ce contexte, la nécessité de repenser l’avenir de la politique en République Centrafricaine est plus pressante que jamais. Il est crucial de garantir la vitalité des partis politiques, et d’encourager un pluralisme démocratique qui, seul, pourrait permettre au pays de sortir de la crise de gouvernance qui le ronge depuis trop longtemps. N’est-ce pas le moment opportun d’appliquer la loi sur les partis politiques.