0 6 minutes 1 mois

Le 24 juillet 2025, un collectif regroupant les ressortissants et habitants de Sikikédé, localité située dans la préfecture de la Vakaga au nord-est de la République centrafricaine, a tenu une conférence de presse afin d’exprimer sa vive opposition à l’implantation d’un bureau sous-fédéral du parti politique Unité Républicaine (UNIR) dans leur région.

Cette démarche, considérée par le collectif comme une provocation politique et une manœuvre de division sociale, soulève de fortes tensions dans une zone déjà fragile, où la stabilité et la cohésion communautaire sont des enjeux majeurs.

Les membres du collectif ont fait part de leur surprise et de leur indignation face à l’annonce de l’installation prochaine d’un bureau sous-fédéral du parti UNIR à Sikikédé, sans aucune concertation préalable avec la population locale ou ses représentants. Selon leurs déclarations, cette initiative « ne respecte ni les réalités sociales ni les sensibilités politiques » de la communauté : « Sikikédé n’est pas un terrain d’expérimentation politique au service d’ambitions personnelles ou partisanes », ont-ils insisté, soulignant que toute implantation politique doit se faire dans le respect des aspirations et de la volonté populaire locale.

Le collectif dénonce ainsi une tentative d’implantation « provocatrice et inacceptable », qui aurait pour objectif de diviser la population, d’introduire la confusion et d’affaiblir l’unité sociale dans une région qui a toujours privilégié la paix et la stabilité : « Nous ne pouvons pas accepter que notre localité devienne un enjeu politique pouvant porter atteinte à la cohésion et à l’harmonie entre nos habitants », ont-ils affirmé.

Face à cette situation, les ressortissants de Sikikédé ont lancé un appel solennel aux autorités locales et nationales pour qu’elles fassent preuve de vigilance et encadrent rigoureusement les activités politiques susceptibles de troubler l’ordre public. Ils appellent également les habitants de la région à rester unis et solidaires, à rejeter toute forme de manipulation politique et à défendre les valeurs communes qui fondent leur vivre-ensemble.

« Notre engagement est clair : soutenir la paix, la stabilité, la cohésion nationale et le développement, sous la direction du président Faustin Archange Touadera », a déclaré un des porte-paroles du collectif. Ce dernier a réaffirmé la loyauté indéfectible des habitants de Sikikédé envers la République, ses institutions légitimes, et particulièrement envers le Chef de l’État.

Le collectif a également demandé au parti UNIR de respecter la volonté populaire locale, de cesser toute démarche unilatérale et de s’abstenir de toute action qui pourrait compromettre l’unité et la stabilité de la communauté. « Sikikédé ne doit pas être considéré comme un espace de manœuvre politique pour des ambitions individuelles », ont-ils averti.

Une localité stratégique au cœur des enjeux politiques et sécuritaires

Sikikédé, parfois appelée Ndah, est une localité d’environ quelques milliers d’habitants, située dans la préfecture de la Vakaga, une zone qui connaît depuis plusieurs années des défis sécuritaires et des tensions intercommunautaires. La région est souvent perçue comme un bastion de stabilité dans une République centrafricaine confrontée à des crises récurrentes.

L’importance stratégique de Sikikédé dans le contexte politique national ajoute une dimension particulière à ce conflit naissant. La présence d’un bureau politique, surtout sans consensus, pourrait raviver des tensions latentes et affecter les équilibres locaux fragiles.

D’un point de vue juridique, la position du collectif pose une question délicate, notamment en regard de la nouvelle constitution centrafricaine adoptée le 30 août 2023. Celle-ci consacre, à travers son article 7, le principe du pluralisme politique, stipulant que « les partis politiques concourent à l’expression du suffrage, au renforcement de la conscience nationale et à l’éducation civique. Ils forment et exercent librement leurs activités dans le respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs ».

L’article 8 reconnaît quant à lui explicitement l’opposition politique en République centrafricaine. Ainsi, tout parti politique, y compris ceux dans l’opposition comme UNIR, est en droit d’implanter des structures sur le territoire national, à condition de respecter les règles et la paix sociale.

Cette réalité constitutionnelle met en lumière la complexité du cas Sikikédé : alors que le collectif revendique son attachement à la stabilité locale, le parti UNIR exerce un droit reconnu de présence politique, ce qui impose un dialogue et une concertation préalables pour éviter les conflits.

Face à cette tension, de nombreux observateurs appellent à une médiation entre les différentes parties, pour favoriser un cadre d’échange respectueux et constructif. L’objectif serait de garantir le respect des droits politiques du parti UNIR tout en préservant la paix sociale et l’unité de la communauté.

Une meilleure communication entre les autorités locales, le collectif des ressortissants et le parti UNIR apparaît comme une condition sine qua non pour apaiser les craintes et éviter une escalade politique aux conséquences imprévisibles.

Si le droit à la liberté d’association et d’activité politique est garanti par la loi, la réalité du terrain impose une démarche respectueuse des acteurs locaux et des enjeux propres à chaque communauté.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *