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Dans une vidéo publiée dimanche 9 février 2025, le groupe armé dirigé par Armel Ningatoloum Sayo a intensifié ses attaques contre le président Faustin-Archange Touadéra, l’accusant de manœuvres politiques pour rester au pouvoir à tout prix, notamment en sabotant les efforts de paix dans le pays.

La vidéo, tournée dans un village assiégé proche de Paoua, dans la préfecture de Lim-M’pende, au nord-ouest de la République Centrafricaine, présente des images d’unité armée détruisant des symboles du Mouvement Cœurs Unis (MCU), le parti politique du président.

La vidéo met en scène des membres du groupe armé qui brûlent des affiches et des bannières du MCU, et fustigent ce qu’ils considèrent comme les tentatives du président Touadéra pour se maintenir au pouvoir en dépit des efforts pour la réconciliation nationale. Ces rebelles accusent directement le chef de l’État de manipuler les processus politiques en vue d’un troisième mandat, ce qui, selon eux, représente une grave menace pour la paix et la stabilité du pays.

Un des rebelles, visiblement ému, déclare : « Nous sommes prêts à affronter ce gouvernement qui cherche à détruire notre pays. Nous n’avons pas le choix, c’est la guerre ou la paix, et nous choisissons la guerre pour sauver notre nation. » Il appelle les Forces armées centrafricaines (FACA) à ne pas interférer dans leurs actions, soulignant ainsi la fracture profonde entre le gouvernement en place et les forces rebelles.

« Contexte de l’escalade : arrestation de Sayo et tensions régionales »

Les tensions entre le groupe armé dirigé par Armel Sayo et le gouvernement centrafricain se sont considérablement intensifiées depuis l’arrestation de Sayo à l’aéroport international de Douala, au Cameroun, le 17 janvier 2025. Sayo, alors qu’il tentait de se rendre à Khartoum au Soudan, a été interpellé par les autorités camerounaises, suscitant une vague de colère parmi ses partisans. Cette arrestation a marqué un tournant dans la relation déjà tendue entre le leader rebelle et le gouvernement du président Touadéra.

L’arrestation de Sayo est perçue comme une tentative de mettre fin à l’influence croissante de ce dernier et de ses alliés dans la région, notamment en raison de son rôle central dans le groupe armé Révolution et Justice (RJ), qu’il avait fondé en 2013. Après plusieurs années passées dans l’ombre, Armel Sayo est devenu en 2024 le leader de la Coalition militaire pour le salut du peuple et la récupération (CMSPR), un regroupement rebelle qui revendique la lutte contre l’administration Touadéra et ses politiques.

La vidéo de ce dimanche a été confirmée comme authentique par des sources locales proches de Paoua. Elles indiquent que plusieurs villages environnants ont été le théâtre d’affrontements entre les rebelles et les forces de sécurité. La situation à Paoua est particulièrement préoccupante, car les forces armées centrafricaines sont en état d’alerte maximale, anticipant de nouvelles attaques armées dans les jours à venir. Des témoins ont signalé des déplacements massifs de populations, fuyant les zones de conflit pour se réfugier dans des régions considérées comme plus sûres.

Les autorités locales ont réagi en déployant des renforts militaires pour tenter de sécuriser la région et prévenir d’éventuelles escalades violentes. Toutefois, la présence de groupes armés dans la zone rend la situation particulièrement instable. L’armée centrafricaine est actuellement engagée dans un bras de fer avec plusieurs groupes rebelles qui continuent de défier l’autorité de l’État, malgré les accords de paix signés dans le passé.

« Armel Sayo : un parcours militaire et politique complexe »

Armel Sayo, né à Bangui le 17 août 1979, est une figure complexe de la politique et de la guerre en République Centrafricaine. Ancien directeur de la sécurité sous l’administration de François Bozizé, il a rapidement gagné en influence à travers son rôle clé dans le mouvement rebelle qui a secoué le pays ces dernières années. En 2013, il fonde le groupe armé Révolution et Justice (RJ), qui s’opposait au régime du président Bozizé, avant de rejoindre d’autres factions rebelles dans les années suivantes.

Sayo a aussi occupé des postes ministériels sous la présidence de Michel Djotodia, notamment ministre de la Jeunesse et des Sports en 2014, puis ministre de l’Habitat en 2015, avant de se retirer de la scène politique et de se concentrer sur ses activités militaires. En 2024, il devient le leader de la Coalition militaire pour le salut du peuple et la récupération (CMSPR), consolidant ainsi son rôle de leader d’opposition armée. Il est désormais l’une des figures les plus redoutées et controversées du paysage politique centrafricain.

« Une menace pour la stabilité de la région »

Les répercussions de cette situation sont considérables, tant pour la République Centrafricaine que pour la stabilité de la région. Les affrontements entre le gouvernement et les groupes armés ont déjà déstabilisé de nombreuses régions du pays, et cette nouvelle escalade risque de provoquer une intensification des violences. La communauté internationale, notamment l’ONU et l’Union africaine, suit de près l’évolution de la situation, exhortant à une reprise des pourparlers de paix et à la recherche d’une solution politique inclusive.

La montée en puissance de groupes comme celui de Sayo soulève également des peurs concernant le processus électoral en cours en République Centrafricaine. Avec des élections générales prévues dans les mois à venir, la violence, l’instabilité politique et les accusations de manipulation électorale risquent de fragiliser davantage la confiance des citoyens et d’agacer les tensions internes.

Alors que la République Centrafricaine se trouve à un tournant critique de son histoire, l’enjeu principal reste la paix durable. L’aggravation des tensions entre le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra et les groupes armés dirigés par des figures comme Armel Sayo pose un défi de taille pour les autorités centrafricaines. La question reste ouverte : le pays parviendra-t-il à trouver un terrain d’entente pour sortir de ce cycle de violence, ou la guerre civile continuera-t-elle à déstabiliser la région pour de nombreuses années à venir ?

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