
Dans une volonté affirmée de soutenir son programme de développement national et d’accroître les investissements publics, la République centrafricaine a annoncé une révision ambitieuse à la hausse de son calendrier d’émissions de titres publics pour le deuxième trimestre 2025. Cette décision a été rendue publique dans une note diffusée le 30 avril 2025 par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC).
Selon le nouveau programme, le gouvernement centrafricain prévoit de mobiliser entre 93,5 et 113,5 milliards de francs CFA (soit environ 161,9 millions de dollars) sur le marché régional des titres publics. Ce montant représente une augmentation significative par rapport aux prévisions initiales de 70 à 90 milliards FCFA.
Pour atteindre ces objectifs, le ministère des Finances et du Budget prévoit de recourir à plusieurs types de titres : les obligations assimilables du Trésor (OAT) d’une maturité de 3 à 5 ans, ainsi que les bons assimilables du Trésor (BAT) à plus court terme. Les opérations se feront à travers des techniques de syndication domestique, de rachat de titres, ainsi que par adjudication ou abondement, dans une logique de professionnalisation accrue de la gestion de la dette publique.
Selon Dieu-Béni-Socrate Djamawa-Endjikpeno, chef de service de négociation, renégociation d’emprunts et émission des titres publics, cette levée de fonds répond à une double nécessité : « Le marché est en notre faveur et le pays est en chantier. Nous émettons les longues maturités pour financer les projets de développement en cours qui pourront impacter la croissance économique durant le deuxième semestre », a-t-il déclaré à l’Agence Ecofin.
Le soutien politique et institutionnel affirmé
De son côté, le Ministre des Finances et du Budget, Hervé Ndoba, a souligné l’importance stratégique de cette initiative : « Cette mesure vise non seulement à renforcer la mise en œuvre de notre Plan national de développement, mais aussi à permettre à l’État centrafricain de faire face efficacement à ses charges régaliennes, notamment en matière de sécurité, d’éducation, de santé et de justice », a-t-il déclaré.
Il a également insisté sur la nécessité d’un financement pérenne et soutenable pour garantir la stabilité institutionnelle et le bon fonctionnement de l’appareil d’État, dans un contexte marqué par une volonté de modernisation et de consolidation des acquis.
Un facteur clé ayant favorisé cette révision à la hausse est la notation financière en monnaie locale obtenue récemment auprès de l’agence Bloomfield Investment, qui a apporté une visibilité accrue sur la qualité de la gestion des finances publiques centrafricaines. Cette notation favorable, selon les autorités, a permis de restaurer la confiance des investisseurs régionaux, de plus en plus enclins à souscrire aux titres du Trésor centrafricain : « Cette transparence accompagnée par les réalisations des investissements structurants – bitumage de toute la capitale, électrification, augmentation des points d’eau potable, construction d’établissements scolaires a donné confiance aux investisseurs », a ajouté M. Djamawa-Endjikpeno.
Soutenir la relance par l’investissement
Les fonds levés viendront couvrir les besoins courants de l’État, mais surtout financer les projets structurants contenus dans le Plan National de Développement (PND-RCA) 2024-2028. Ce plan stratégique vise à relancer durablement l’économie nationale et améliorer les conditions de vie des populations après plusieurs années marquées par des crises sécuritaires et socio-économiques.
Parmi les priorités : la réhabilitation des infrastructures de base, la diversification de l’économie, la modernisation de l’administration publique et le renforcement du capital humain.
Cette démarche marque un tournant dans la stratégie de financement de l’économie centrafricaine, longtemps dépendante de l’aide extérieure. En optant pour un endettement régional maîtrisé, la RCA cherche à accroître son autonomie financière, tout en stimulant la croissance par l’investissement productif.
Prochaine étape : la première émission du trimestre est attendue dans les prochains jours, avec une adjudication prévue pour mobiliser 15 milliards FCFA à travers une OAT à 5 ans.
Les marchés observeront de près le niveau de souscription et les taux d’intérêt exigés, indicateurs-clés de la confiance du marché dans la trajectoire économique du pays.