
La République Centrafricaine semble sous pression alors que la démarche des activistes centrafricains, connus sous le nom des « 12 Apôtres », prend de l’ampleur avec cette demande d’ouverture d’une enquête contres des dignitaires Centrafricains. Même si le gouvernement se dit serein, le climat s’apparente à la peur.
La République Centrafricaine traverse une période de turbulences diplomatiques, et une nouvelle affaire vient ébranler le gouvernement de Bangui : l’initiative des « 12 Apôtres », qui ont saisi la Cour Pénale Internationale (CPI) pour poursuivre le président Faustin-Archange Touadéra et ses alliés en raison des violations des droits humains, notamment celles commises par les membres du groupe paramilitaire Wagner. Cette démarche, d’abord ignorée par de nombreux observateurs, semble désormais prendre une tournure sérieuse, forçant les autorités centrafricaines à réagir.
Dans un contexte déjà fragile, marqué par une crise politique persistante et des alliances militaires controversées, le gouvernement de Bangui semble plus préoccupé qu’il ne veut l’admettre. Bien que le porte-parole Maxime Balalou ait qualifié les membres des « 12 Apôtres » d’« antipatriotes » et d’« ennemis de la nation », et l’avocat d’« agent impérialiste », il a cependant répondu à ce dernier, chargé du dossier devant la CPI. Ce geste révèle une prudence croissante. Malgré les déclarations de résistance de la République Centrafricaine, une certaine nervosité est palpable.
Le rôle du groupe Wagner, dont les liens avec le gouvernement centrafricain sont bien établis, est au cœur de cette affaire. Alors que la CPI pourrait s’intéresser aux exactions de ce groupe en RCA, le gouvernement craint une érosion de ses soutiens internationaux, notamment vis-à-vis de la Russie, principal allié militaire de Bangui.
Si un mandat d’arrêt international devait être émis, les conséquences seraient multiples. Non seulement cela risquerait d’isoler diplomatiquement la République Centrafricaine, mais cela pourrait aussi affecter ses relations avec ses partenaires africains et occidentaux.
Plus inquiétant encore pour les autorités centrafricaines, c’est la possibilité que d’autres puissances internationales, particulièrement celles occidentales, exploitent cette situation pour accroître leur pression sur le gouvernement. Nous avons vu par le passé comment les relations internationales, à la fois diplomatiques et économiques, peuvent être fragiles, et un dossier comme celui-ci pourrait devenir un terrain de jeu pour les puissances extérieures, dont l’intérêt ne serait pas nécessairement celui du peuple centrafricain, mais plutôt celui d’un rééquilibrage géopolitique.
La procédure lancée par les « 12 Apôtres » constitue un test décisif pour la République Centrafricaine. La réaction du gouvernement, qui s’est empressé de rejeter l’initiative tout en tentant de la contenir, montre la dimension géopolitique et diplomatique de ce dossier. Derrière l’aspect judiciaire, c’est un affrontement de puissances qui se joue, avec, en toile de fond, la lutte d’influence entre l’Est et l’Ouest d’Afrique.
La CPI, en enquêtant sur les violations des droits humains, pourrait non seulement accabler le président Touadéra et ses alliés, mais aussi entamer une réflexion plus large sur la gestion des conflits en Afrique. Le système international est-il réellement efficace pour juger des exactions commises par les dirigeants et leurs alliés ? L’issue de cette procédure pourrait redéfinir les contours de la justice internationale en Afrique.
Enfin, la question de l’avenir de cette procédure se pose. Un mandat d’arrêt international émis contre le président Touadéra ou ses proches pourrait entraîner une déstabilisation profonde. Au-delà des enjeux juridiques, il en va de la souveraineté et de l’indépendance de la République Centrafricaine. Si l’histoire nous a appris quelque chose, c’est que face à de telles pressions internationales, l’histoire de la Centrafrique pourrait se réécrire dans une nouvelle configuration politique et diplomatique.