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Le 21 septembre 2025, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal ont officiellement reconnu l’État de Palestine, suivis par la France le 22 septembre. Cette décision historique, portée par des alliés traditionnels d’Israël, vise à relancer la solution à deux États face à la guerre dévastatrice à Gaza et à l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie. La réaction israélienne, menée par le Premier ministre Benyamin Nétanyahou, a été immédiate, ferme et quasi unanime.

La position de Benyamin Nétanyahou : une opposition catégorique

Un rejet sans équivoque : Dans une vidéo diffusée dès le 21 septembre, Nétanyahou a qualifié la reconnaissance d’un État palestinien de « récompense énorme au terrorisme » après le massacre du 7 octobre 2023. Il a affirmé avec force : « Cela n’arrivera pas. Aucun État palestinien ne verra le jour à l’ouest du Jourdain ».

Une justification sécuritaire : Le Premier ministre israélien a justifié sa position en invoquant la menace terroriste du Hamas, qu’il considère comme incompatible avec l’existence d’un État palestinien viable. Il a rappelé avoir lutté « pendant des années » contre la création de ce qu’il appelle un « État terroriste ».

Annonce de représailles : Nétanyahou a promis une riposte après les fêtes du Nouvel An juif et sa rencontre prévue avec Donald Trump à la Maison Blanche le 29 septembre. Bien que les détails restent flous, il a déclaré : « La réponse à cette tentative de nous imposer un État terroriste au cœur de notre terre sera donnée après mon retour des États-Unis. Attendez-vous-y ».

Un consensus politique rare en Israël

La question de la reconnaissance palestinienne a provoqué une rare unité au sein de la classe politique israélienne, fragilisée par des divisions internes habituelles.

 La droite et l’extrême droite : annexion et durcissement :

  Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (extrême droite), a proposé une annexion « immédiate » de la Cisjordanie en réponse aux reconnaissances.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a renchéri en appelant à « l’annexion des terres de la patrie du peuple juif en Judée-Samarie et l’abandon définitif de l’idée absurde d’un État palestinien ».

La gauche : un soutien affaibli à la solution à deux États : Même traditionnellement favorable à un accord de paix, la gauche israélienne reste silencieuse ou critique face à cette vague de reconnaissances, illustrant l’effritement du consensus autour de la solution à deux États après le 7 octobre.

Le président Herzog : une critique modérée : Le président Isaac Herzog, dont le rôle est souvent protocolaire, a exprimé son désaccord, qualifiant cette reconnaissance de « jour triste pour ceux qui veulent la paix ». Il a estimé que cela n’aiderait aucun Palestinien, ne libérerait aucun otage et ne faciliterait pas un accord.

Contexte et conséquences internationales

Une décision symbolique forte : Les pays à l’origine de cette reconnaissance, dont le Royaume-Uni avec son héritage historique via la déclaration Balfour, entendent corriger une injustice historique et maintenir vivace l’espoir d’une solution à deux États. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré : « Aujourd’hui, pour raviver l’espoir de paix le Royaume-Uni reconnaît formellement l’État de Palestine ».

Une réaction israélienne qui pourrait isoler davantage le pays : Les menaces d’annexion de la Cisjordanie proférées par des membres du gouvernement israélien risquent de creuser un fossé avec les partenaires arabes d’Israël, comme les Émirats arabes unis, qui ont averti que l’annexion serait une « ligne rouge ». Cela pourrait mettre en péril les Accords d’Abraham.

Une relation complexe avec les États-Unis : L’administration Trump, qui désapprouve la reconnaissance, se trouve tiraillée entre son soutien indéfectible à Nétanyahou et la désapprobation croissante de ses autres alliés proches.

Analyse : Les motivations profondes derrière le rejet israélien

La virulence de la réaction israélienne s’enracine dans plusieurs facteurs structurels et contextuels.

Le traumatisme du 7 octobre 2023 : L’attaque du Hamas est perçue comme une preuve ultime de l’hostilité mortelle aux portes d’Israël. Pour Nétanyahou, reconnaître un État après cette atrocité revient à récompenser l’agression terroriste. Cette position trouve un écho profond dans une société israélienne encore traumatisée.

La dynamique politique interne : La survie politique de Nétanyahou dépend de son alliance avec les partis d’extrême droite, pour lesquels l’annexion de la Cisjordanie est un pilier idéologique non-négociable. Toute concession sur la question palestinienne provoquerait l’effondrement de sa coalition gouvernementale.

Une stratégie de fait accompli : Depuis des années, le gouvernement israélien encourage l’expansion des colonies en Cisjordanie, rendant de facto la continuité territoriale d’un futur État palestinien de plus en plus improbable. Nétanyahou lui-même a souligné : « Nous avons doublé les implantations juives en Judée-Samarie et nous continuerons sur cette voie ». La reconnaissance internationale est perçue comme une menace directe contre cette stratégie.

Perspectives futures : escalade ou statu quo ?

L’annonce de représailles israéliennes laisse présager une nouvelle phase de tension.

Scénario d’escalade : La matérialisation des menaces d’annexion partielle ou symbolique de la Cisjordanie pourrait :

Enterrer définitivement les perspectives de solution à deux États,

Provoquer une crise diplomatique majeure avec l’Europe et certains partenaires arabes et

Mettre l’administration Trump dans une position inconfortable, la forçant à choisir entre son soutien à Israël et la condamnation de la violation du droit international.

Scénario de statu quo renforcé : Israël pourrait se contenter de mesures symboliques (comme l’approbation de nouveaux logements en colonies) tout en maintenant le status quo. La reconnaissance, bien que symbolique, accroît la pression internationale sur Israël et pourrait, à long terme, favoriser un isolement croissant du pays sur la scène diplomatique.

La reconnaissance de l’État palestinien par plusieurs puissances occidentales marque un tournant diplomatique. Elle a provoqué en retour une levée de boucliers quasi générale en Israël, du centre jusqu’à l’extrême droite. Benyamin Nétanyahou, porté par un consensus national rare, rejette cette initiative avec une fermeté absolue, la qualifiant de récompense au terrorisme et promettant des représailles. Cette réaction révèle les profondes fractures et les traumatismes qui empêchent tout dialogue. Alors que la communauté internationale espérait relancer un processus de paix moribond, la réponse israélienne, teintée de menaces d’annexion, risque au contraire de creuser encore le fossé et d’éloigner la perspective d’une paix durable pour les Israéliens et les Palestiniens. Les prochains jours, avec la possible annexion de territoires en Cisjordanie et la réaction des partenaires internationaux, seront décisifs pour l’avenir de la r

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