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La République centrafricaine, pays marqué par des décennies d’instabilité politique et de conflits armés, se trouve à un tournant majeur à l’approche de la présidentielle prévue en décembre 2025. Sur cette scène souvent instable et imprévisible, une figure nouvelle mais déjà très influente s’impose : Henri-Marie Dondra.

Ancien Premier ministre et ex-pilier du régime en place, il est aujourd’hui l’incarnation d’un espoir pour une partie de la population, tout en suscitant la méfiance et les critiques d’une autre. Sa possible succession à Faustin-Archange Touadéra s’annonce à la fois porteuse de promesses et riche en controverses.

Henri-Marie Dondra n’est pas un inconnu du grand public centrafricain. En poste comme ministre des Finances puis Premier ministre sous Touadéra, il s’est construit une image d’homme d’État compétent, capable de naviguer dans les eaux troubles de la politique nationale. Pourtant, son départ du Mouvement Cœurs Unis (MCU) en 2023 pour fonder l’Unité Républicaine (UNIR) illustre une volonté claire de rupture.

Ce choix symbolique, loin d’être un simple geste tactique, témoigne d’une ambition politique affirmée : incarner un leadership alternatif face à un pouvoir critiqué pour son incapacité à stabiliser durablement le pays et améliorer les conditions de vie.

Le soutien populaire à Dondra, notamment visible lors des marches de Bria où plus d’un millier de citoyens ont manifesté leur désir de le voir candidat, traduit une réelle attente d’alternance. Cet engouement s’est également traduit par le congre extraordinaire le 16 mai 25 ou à l’unanimité, ces partisans lui donne l’autorisation d’être candidat potentiel du parti UNIR.

Ce phénomène est d’autant plus marquant dans un pays où les élections sont souvent émaillées de violences et d’irrégularités. Le choix du nom même de son parti, Unité Républicaine, vise à rassembler autour d’un projet d’État solide et inclusif, face à une gouvernance perçue comme parfois clanique et fragile.

Toutefois, ce soutien ne va pas sans opposition. Plusieurs acteurs politiques et analystes soulignent que la popularité de Dondra reste cantonnée à certaines régions et groupes sociaux, tandis que d’autres restent profondément attachés au président Touadéra, apprécié pour sa posture de chef d’État dans un contexte régional complexe. Cette division expose d’ores et déjà le pays à une campagne électorale potentiellement très tendue.

Une succession marquée par les suspicions et les luttes de pouvoir

Les arrestations des frères d’Henri-Marie Dondra, accusés d’un complot d’empoisonnement visant le président Touadéra, ont plongé le pays dans une crise politique supplémentaire. Ces événements ont été perçus par nombre d’observateurs comme une manœuvre visant à affaiblir politiquement Dondra, en jetant le doute sur son entourage. Cette affaire est symptomatique des luttes d’influence internes et de la fragilité des institutions judiciaires dans un contexte où le droit est souvent instrumentalisé.

Cette situation jette une ombre sur la campagne électorale à venir, posant la question principale du respect des règles démocratiques et de la transparence dans un scrutin qui pourrait décider de l’avenir du pays pour les prochaines années.

L’une des surprises de cette période a été la rencontre discrète mais symbolique entre Touadéra et Dondra, orchestrée par le conseiller spécial Fidèle Gouandjika. Ce tête-à-tête pourrait ouvrir la voie à un apaisement des tensions, voire à un compromis politique. Mais il pourrait aussi ne rester qu’un geste tactique sans suite concrète, destiné à contenir une opposition montante.

Ce rapprochement illustre la complexité du jeu politique en Centrafrique, où alliances et rivalités se mêlent dans un contexte souvent dicté par des intérêts à la fois personnels et régionaux. L’enjeu pour Dondra est clair : réussir à incarner une alternative crédible sans tomber dans les mêmes travers qui ont miné le régime actuel.

Un pays au bord du changement ou de la fracture ?

Au-delà des enjeux politiques personnels, la présidentielle de 2025 pourrait être le révélateur des tensions profondes qui traversent la Centrafrique. Entre l’aspiration au changement portée par Henri-Marie Dondra et la volonté de continuité défendue par Touadéra, c’est le destin même de la République centrafricaine qui se joue.

La gestion des crises sécuritaires, la reconstruction économique, la réconciliation nationale restent des défis colossaux pour le prochain président. Dans ce contexte, la candidature de Dondra cristallise autant l’espoir d’une évolution que la peur d’une nouvelle période d’instabilité.

Henri-Marie Dondra est aujourd’hui bien plus qu’un candidat potentiel : il est le symbole d’une nouvelle génération politique qui tente de s’imposer dans un paysage marqué par l’histoire douloureuse de la Centrafrique. Si son parcours et sa stratégie politique montrent une volonté sincère de changement, les obstacles qu’il rencontre révèlent aussi les difficultés d’une transition démocratique dans un pays en quête de stabilité.

Face à Faustin-Archange Touadéra, l’élection à venir ne sera pas qu’un simple rendez-vous démocratique. Ce sera une épreuve cruciale pour la Centrafrique, entre espoir de renouveau et risque de fractures profondes. L’issue de cette confrontation pourrait bien déterminer la trajectoire politique, sociale et économique du pays pour les années à venir.

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