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Dans une interpellation adressée au Président Touadéra, le Collectif revient sur quatre décennies de violences, la naissance du mouvement d’autodéfense AAKG et les récentes exactions contre ses leaders.

Dans un document officiel transmis au Président de la République Centrafricaine, Son Excellence Faustin-Archange Touadéra, le Collectif AZANDE ANI KPI GBE lance une interpellation solennelle sur la situation dramatique que vit la population du Haut-Mbomou, plus particulièrement la communauté Zandé. Le collectif alerte sur des décennies de violences armées, de marginalisation et de silence institutionnel, appelant les autorités nationales et la communauté internationale à une réaction immédiate.

Un long calvaire passé sous silence

Depuis 1981, les populations du Haut-Mbomou subissent des violations massives des droits humains, notamment :

Pillages, incendies de villages, assassinats et massacres orchestrés par les groupes armés appelés communément « braconniers » ;

Depuis 2008, incursions et crimes des rebelles de la LRA de Joseph Kony, principalement contre les Zandés ;

À partir de 2011, violences continues des éleveurs Peuhls affiliés à l’UPC (Union pour la Paix en Centrafrique).

Face à ces atrocités, l’inaction des pouvoirs publics et des forces internationales (MINUSCA, ONU, Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme) est dénoncée avec vigueur par le Collectif, qui affirme que ces violations se sont déroulées « au vu et au su » des autorités successives.

La naissance d’un mouvement de résistance : AAKG

C’est dans ce contexte d’abandon que naît, selon le collectif, AZANDE ANI KPI GBE (AAKG), un mouvement d’autodéfense populaire et communautaire, créé par les jeunes du Haut-Mbomou. Sa mission : reprendre le contrôle de leurs terres, protéger les populations civiles et restaurer la dignité de la communauté Zandé.

AAKG se veut non sécessionniste et respectueux des droits humains. Dans ses actions, il affirme avoir contribué à :

La libération de la sous-préfecture de Bambouti, permettant le retour de l’autorité de l’État et l’installation de la MINUSCA ;

La reprise de la libre circulation des personnes et des biens dans plusieurs localités ;

La stabilisation progressive de la paix dans le département du Haut-Mbomou.

Violations récentes contre AAKG et ses leaders

Malgré ces efforts, le mouvement fait aujourd’hui face à de graves atteintes :

Arrestations arbitraires de ses leaders M. GOUENGUE Elie et M. BAKOYOGO Célestin, en collaboration avec des mercenaires russes de Wagner, avec la complicité tacite de la MINUSCA ;

Blocage de l’intégration de ses membres dans les forces armées centrafricaines : sur 5 000 candidats AAKG proposés, seuls 200 ont été formés ;

Déni de reconnaissance par l’État centrafricain des efforts de pacification menés sur le terrain.

Des revendications claires et urgentes

Le Collectif AZANDE ANI KPI GBE adresse plusieurs revendications aux autorités nationales et aux partenaires internationaux :

Une enquête immédiate sur l’arrestation des deux leaders détenus à la SRI ;

La libération sans condition de tous les leaders AAKG détenus ;

La réparation morale et juridique des préjudices causés ;

Un engagement clair à respecter la vie et la liberté des Zandés ;

La reconnaissance officielle du droit des Zandés et des autres communautés nationales à vivre sur leurs terres.

Ce document, signé à OBO le 29 mars 2025, se veut un appel à la justice, à la paix et à la reconnaissance. Il témoigne d’un ras-le-bol généralisé des populations abandonnées à leur sort et met en lumière un mouvement communautaire structuré, qui cherche la paix dans la dignité et la reconnaissance.

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