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Conakry, le 3 avril 2025 – Plus de trois ans après avoir pris le pouvoir par un coup d’État en septembre 2021, la junte militaire guinéenne, dirigée par le général Mamadi Doumbouya, a annoncé la tenue d’un référendum constitutionnel le 21 septembre 2025. Cette initiative est censée marquer une étape décisive vers la transition démocratique et l’organisation d’élections présidentielles, législatives et locales d’ici la fin de l’année.

Un processus de transition retardé

Lorsqu’il avait renversé l’ancien président Alpha Condé, le général Doumbouya s’était engagé à restaurer un pouvoir civil dans un délai raisonnable. Toutefois, les échéances initialement prévues ont été reportées à plusieurs reprises, alimentant le scepticisme au sein de l’opinion publique et des instances internationales.

Dans son discours du Nouvel An 2025, Mamadi Doumbouya avait déclaré que l’année en cours serait « décisive » pour l’avenir de la Guinée, mais sans fixer de date précise pour le référendum ou les élections. L’annonce officielle du scrutin constitutionnel intervient donc comme une tentative de clarification du calendrier électoral.

Vers une nouvelle Constitution : quels enjeux ?

Le référendum de septembre vise à soumettre à la population guinéenne une nouvelle Constitution, censée garantir des institutions plus solides et assurer une transition politique stable. Toutefois, certains observateurs s’inquiètent du contenu de cette nouvelle charte, qui pourrait offrir à Doumbouya des leviers pour prolonger son influence au pouvoir.

Jusqu’à présent, la charte de transition interdit aux militaires ayant pris le pouvoir de se présenter aux élections présidentielles. Cependant, des doutes persistent quant à la possibilité que cette interdiction soit levée par la nouvelle Constitution. « Le référendum sera un moment crucial pour savoir si Doumbouya respecte son engagement de ne pas briguer la présidence », commente un analyste politique basé à Conakry.

Une réaction mitigée des acteurs politiques et de la société civile

L’annonce du référendum suscite des réactions contrastées. Si certains acteurs politiques saluent l’initiative comme une avancée vers la normalisation institutionnelle, d’autres, notamment dans l’opposition, redoutent une manœuvre pour légitimer une prolongation du règne militaire.

Les organisations de la société civile exigent des garanties de transparence et d’inclusivité dans l’organisation du scrutin. « Une nouvelle Constitution ne peut pas être imposée sans un débat ouvert et une participation effective de tous les acteurs politiques », affirme un responsable d’une organisation de défense des droits humains.

Le regard de la communauté internationale

Depuis le coup d’État de 2021, la Guinée fait l’objet d’une surveillance accrue de la part de la communauté internationale. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine ont plusieurs fois exhorté la junte à respecter ses engagements en matière de transition.

Si l’organisation d’un référendum pourrait être perçue comme un pas en avant, la crédibilité du processus électoral et la nature de la nouvelle Constitution seront déterminantes pour éviter d’éventuelles sanctions ou tensions diplomatiques.

Quel avenir pour la Guinée ?

Le mois de septembre 2025 s’annonce comme un tournant pour la Guinée. Si le référendum a bien lieu et que son résultat est accepté par toutes les parties prenantes, il pourrait marquer le début d’une véritable transition vers un pouvoir civil. Dans le cas contraire, la situation politique pourrait s’enliser, renforçant les tensions internes et la défiance internationale.

En attendant, la population guinéenne reste dans l’expectative, entre espoir d’une démocratie réelle et crainte d’une prolongation du statu quo militaire.

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