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Après quatorze mois d’activités sur le terrain, le projet « NGBOKOU TI MAINGO », porté par l’ONG Constellation Internationale, tire sa révérence ce 26 mai 2025. Déployé dans quatre préfectures de la République Centrafricaine, ce projet visait à renforcer la redevabilité sociale, à travers une série d’actions communautaires pensées « par et pour » les citoyens. À l’heure du bilan, que retenir de cette initiative à dimension expérimentale et participative ?

Avec un budget relativement limité de 35 000 dollars US, « NGBOKOU TI MAINGO » n’avait pas vocation à bouleverser le paysage institutionnel, mais plutôt à agir comme catalyseur de bonnes pratiques locales en matière de gouvernance. L’ambition était claire : tester des mécanismes concrets de retour d’information entre les citoyens, les organisations de la société civile (OSC), les autorités locales et les partenaires techniques.

Dans une République Centrafricaine encore marquée par la faiblesse des institutions, la précarité des services publics et la fragmentation sociale, le projet s’est voulu un espace d’expérimentation sociale, là où bien d’autres initiatives peinent à dépasser le stade du diagnostic.

Six étapes pour bâtir une culture de redevabilité

Le projet s’est articulé autour de six axes majeurs, allant du renforcement des capacités des OSC, à la mise en place d’outils de suivi communautaire, en passant par l’identification de solutions politiques et un travail de restitution aux échelles nationale et internationale.

L’un des piliers du dispositif fut l’approche participative dite « bottom-up » : au lieu de faire « descendre » des solutions, le projet a choisi de faire « remonter » les besoins, perceptions et propositions des populations locales. Une telle approche se distingue dans un contexte où, bien souvent, les décisions politiques sont prises loin des réalités du terrain, voire sans consultation aucune des premiers concernés.

Un des éléments marquants du projet fut l’utilisation du mécanisme collaboratif du GPSA (Global Partnership for Social Accountability). Il s’agit là d’un cadre reconnu à l’échelle internationale, qui favorise l’écoute active des citoyens et l’ajustement dynamique des politiques publiques à leurs retours.

Le projet a ainsi : recensé les feedbacks de centaines de citoyens, organisé des audiences publiques, mis en place des canaux permanents de dialogue entre société civile et autorités locales. Cette systématisation du retour d’information est un acquis notable dans un pays où les espaces de dialogue sont rares et souvent instrumentalisés.

Si l’on peut saluer la montée en compétence de plusieurs OSC locales, de même que l’intérêt exprimé par certaines autorités pour l’approche, les impacts restent à consolider.

Le projet, en raison de sa durée et de ses ressources, n’a pas pu couvrir toutes les couches sociales ni généraliser ses outils. Par ailleurs, l’appropriation par les pouvoirs publics demeure inégale selon les préfectures.

Un autre défi réside dans la pérennisation des mécanismes mis en place : sans relais structurels ni financement complémentaire, les boucles de rétroaction risquent de se tarir aussi vite qu’elles ont émergé.

En définitive, « NGBOKOU TI MAINGO » aura servi de laboratoire citoyen, démontrant que même dans des contextes fragiles, il est possible d’instaurer des dynamiques locales de transparence et de co-construction. À condition toutefois d’ancrer ces démarches dans un soutien politique plus affirmé et une volonté de transformation structurelle.

L’enjeu pour la suite est clair : ne pas laisser cette lumière s’éteindre, mais au contraire s’en servir pour éclairer de nouvelles initiatives à l’échelle nationale.

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