
À l’orée des élections locales prévues pour 2025, le Président de la République Centrafricaine, Faustin Archange Touadéra, a entrepris une manœuvre diplomatique décisive : une visite officielle à Bruxelles du 2 au 5 juin 2025. Ce déplacement stratégique intervient dans un moment politique clé, où la République Centrafricaine (RCA) cherche à consolider ses institutions, restaurer la paix, et garantir des scrutins crédibles et inclusifs.
En se rendant personnellement au siège des institutions européennes, le Président Touadéra a démontré une volonté claire de repositionner la RCA sur l’échiquier international comme un État souverain, stable et responsable. Ce déplacement n’est pas anodin : il vise à rompre avec l’isolement diplomatique et à réactiver les partenariats historiques, notamment avec l’Union européenne.
Le chef de l’État a présenté aux partenaires européens les priorités du quinquennat 2024–2028, à travers le Plan national de développement (PND), tout en insistant sur l’importance du soutien à l’organisation des élections locales, premières du genre depuis des décennies.
Les enjeux sécuritaires et institutionnels ont été au cœur des échanges. À travers des entretiens avec des hauts responsables européens, dont Mme Hadja Lahbib et M. Antonio Costa, le Président Touadéra a plaidé pour : le renforcement de la coopération sécuritaire à travers la mission EUAM-RCA, un soutien à la mise en œuvre du DDRR (programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Rapatriement), une implication plus robuste de la MINUSCA dans le processus de paix.
Ce repositionnement de la RCA comme un acteur de stabilité en Afrique centrale s’appuie sur des avancées concrètes en matière de sécurité intérieure et de réintégration des ex-combattants.
Des résultats économiques immédiats
Sur le plan économique, la visite s’est soldée par des engagements financiers notables : 19,7 millions d’euros ont été débloqués pour financer 17 projets prioritaires dès 2025. Le projet Boali 3, structurant pour l’indépendance énergétique du pays, a été inscrit dans les priorités de coopération. Le corridor Douala–Bangui–Kisangani–Kampala, axe régional vital, a été relancé comme vecteur d’intégration et de commerce transfrontalier.
L’alignement des financements européens sur les axes du PND témoigne d’une diplomatie centrée sur les résultats, au service du développement inclusif et de la résilience nationale.
Cette offensive diplomatique s’inscrit dans une stratégie d’ensemble : garantir des élections locales transparentes, soutenues par la communauté internationale, dans un climat de paix et de sécurité. Le Président Touadéra entend faire de ce rendez-vous électoral un symbole de maturité démocratique, dans un pays longtemps éprouvé par les crises successives.
La proposition d’organiser une table ronde internationale à Rabat pour mobiliser les partenaires autour de ces échéances montre une approche concertée, anticipative et multilatérale.
La visite de Faustin Archange Touadéra à Bruxelles marque une étape clé dans la réaffirmation du leadership centrafricain. Plus qu’une démarche protocolaire, elle traduit une volonté politique forte de mobiliser l’appui nécessaire pour assurer le succès des élections locales, tout en consolidant les réformes économiques et sécuritaires en cours.
À travers cette offensive diplomatique, le Président centrafricain confirme sa vision d’une RCA souveraine, crédible et tournée vers l’avenir, où la diplomatie est un levier direct au service du peuple et de la démocratie.