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Neuf ans après l’accession de Faustin-Archange Touadéra à la présidence de la République Centrafricaine, où en est réellement le pays ? Si ses partisans vantent des avancées notables en matière de sécurité et de gouvernance, une lecture plus critique révèle un bilan bien plus mitigé, oscillant entre dépendance accrue aux puissances étrangères, fragilité institutionnelle et détérioration des conditions de vie de la population.

Dès son arrivée au pouvoir en 2016, le président Touadéra a promis de restaurer l’autorité de l’État et de sécuriser le pays, alors rongé par des groupes armés. Pourtant, neuf ans plus tard, la Centrafrique semble avoir troqué son indépendance contre une vassalisation stratégique à des puissances étrangères, notamment la Russie et le Rwanda.

Si le déploiement des mercenaires du groupe Wagner et des forces rwandaises a permis de repousser certaines factions rebelles, il est impossible d’ignorer le revers de la médaille : une dépendance totale aux intérêts russes, qui se sont traduits par une mainmise sur les ressources minières, notamment l’or et les diamants. Peut-on vraiment parler de souveraineté retrouvée quand les décisions stratégiques du pays semblent dictées par Moscou ?

Le discours officiel veut nous faire croire à un renforcement de l’administration publique et à une amélioration de la gouvernance. Pourtant, sur le terrain, l’État demeure une coquille vide. Loin des bureaux climatisés de Bangui, l’autorité gouvernementale est inexistante dans plusieurs régions où les fonctionnaires peinent à exercer leurs missions.

La corruption, elle, reste endémique. Les maigres ressources budgétaires continuent d’être dilapidées dans des circuits opaques, et les institutions de contrôle peinent à remplir leur rôle. La justice, censée être un pilier du redressement national, est souvent instrumentalisée à des fins politiques, tandis que les dossiers de détournement impliquant des proches du pouvoir restent sans suite.

Une économie exsangue et un peuple oublié

L’un des plus grands échecs du régime de Touadéra est sans doute son incapacité à améliorer le quotidien des Centrafricains. Malgré les discours optimistes sur la relance économique, le pays demeure plongé dans une pauvreté extrême, avec un taux de chômage alarmant et une inflation galopante.

Les infrastructures restent dans un état déplorable, l’accès aux soins de santé est un luxe pour la majorité, et l’éducation souffre d’un sous-financement chronique. Pendant ce temps, l’élite politique continue de s’enrichir sans scrupule, laissant une population désabusée face à des promesses jamais tenues.

Alors que s’ouvre une nouvelle phase politique, il est légitime de s’interroger sur l’avenir de la Centrafrique. Le président Touadéra pourra-t-il redresser la barre après neuf ans de gestion contestable, ou son règne marquera-t-il l’enfoncement définitif du pays dans un cycle de dépendance et de stagnation ?

Ce qui est certain, c’est que l’heure n’est plus aux illusions. Le peuple centrafricain mérite bien mieux qu’un État fantoche, livré aux intérêts étrangers et gangrené par la mauvaise gouvernance. Mais pour cela, encore faut-il que les dirigeants aient la volonté réelle de rompre avec les pratiques du passé.

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