
Contre toute attente, alors que les chefs de junte militaire en Afrique de l’Ouest prolongent leurs mandats, le président de la transition gabonaise a décidé de tenir des élections dès avril, bien que celles-ci fussent initialement prévues pour août.
Ce changement de calendrier soulève de nombreuses interrogations. Pourquoi cette précipitation à surprendre ses détracteurs, et surtout, quelles sont les motivations sous-jacentes de cette décision ? Est-ce une tentative de redorer son image face à l’opinion nationale et internationale ?
Pendant ce temps, en République Centrafricaine (RCA), le calendrier électoral reste un sujet d’incertitude. Malgré les promesses répétées, les élections locales se sont vues reportées plusieurs fois. La raison principale évoquée : un manque de financement. Le report semble être devenu la norme, alors que les élections législatives et présidentielles prévues pour décembre 2025 approchent à grands pas.
L’autorité nationale des élections (ANE) peine à convaincre que les conditions sont réunies pour respecter ce calendrier. On peut s’interroger si le gouvernement centrafricain respectera-t-il ses engagements vis-à-vis de la Constitution ou ces élections seront-elles une fois de plus ajournées ?
Si les opposants au gouvernement de Touadera dénoncent les reports successifs, il faut également reconnaître qu’une partie d’entre eux y trouve un certain avantage. En effet, ce délai supplémentaire leur permettrait de mieux se préparer, notamment en termes de ressources matérielles et financières.
« Pour d’autres, ce sera l’occasion de restructurer les organes de base »
Mais ce report pourrait également ouvrir la voie à un dialogue plus large, permettant de remettre en question certaines dispositions de la Constitution, notamment celles qui régissent les critères d’éligibilité des candidats.
Dans ce contexte, la question des finances demeure cruciale. Bien que les partenaires traditionnels, notamment les États-Unis sous l’administration Trump, soient moins enclins à soutenir financièrement la RCA, un autre acteur pourrait jouer un rôle clé : la Russie. L’allié historique du gouvernement de Bangui pourrait s’avérer décisif.
Certains affirment que le don de carburant russe pourrait être une source importante de financement pour les prochaines élections, alors que les partenaires traditionnels attendent du gouvernement qu’il entame un dialogue sous leurs conditions.
Au final, malgré les défis et les incertitudes, il semble plausible que le calendrier électoral actuel soit maintenu, contre toute attente. D’ailleurs, il serait dans l’intérêt du gouvernement de respecter ce délai constitutionnel afin d’éviter l’émergence de crises susceptibles de ternir la légitimité des institutions pendant une période de transition incertaine.
Mais dans ce cas, qui serait réellement le perdant ? Serait-ce le gouvernement qui serait contraint de rendre des comptes à la communauté internationale, ou les opposants, qui, malgré leurs réserves, pourraient en réalité bénéficier de ce report pour se redresser et se renforcer ?
Une chose est sûre : en RCA, comme au Gabon, l’avenir politique reste plus imprévisible que jamais.