
À quelques mois des élections générales prévues en décembre, la polémique enfle autour de la publication des listes électorales définitives. Alors que l’opposition notamment le BRDC accuse l’ANE d’incompétent dans la gestion de la publication de la liste définitive en violation du code électoral, le gouvernement tente de rassurer.
Un procès-verbal de constat dressé le 19 septembre par l’huissier de justice Me Daniel Apatio, à la demande du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), révèle qu’aucune liste électorale définitive n’était affichée dans les mairies de Bangui, Bimbo et Bégoua. Dans certains établissements municipaux, seules de vieilles listes provisoires ont été retrouvées, parfois abandonnées dans des couloirs ou affichées sur des murs.
Face à ces constats, le porte-parole du gouvernement, Maxime Balalou, ministre de la Communication et des Médias, a réagi lors de sa conférence de presse hebdomadaire du lundi. Il a affirmé que les listes électorales sont déjà disponibles en ligne sur le site de l’Autorité Nationale des Élections (ANE), tout en reconnaissant un retard logistique dans l’affichage physique. Selon lui, « dans peu de temps, ces listes seront visibles dans les différents centres de vote ».
Mais pour Me Crépin Mboli-Goumba, coordonnateur du BRDC, l’affaire révèle un malaise plus profond. Selon lui, le Code électoral est désormais en conflit ouvert avec la Constitution de 2023, ce qui le rend « anticonstitutionnel ». Il rappelle que l’article 10 de la Constitution exige que seules les personnes Centrafricaines d’origine, nées de parents eux-mêmes Centrafricains d’origine, puissent occuper de hautes fonctions électives ou nominatives. Or, le Code électoral, non révisé, permet encore à des personnes naturalisées d’y prétendre.
« En cas de conflit entre une norme inférieure et une norme supérieure, c’est la Constitution qui prévaut », souligne-t-il, dénonçant une « précipitation » qui a conduit à supprimer l’article 18 du Code électoral jugé trop contraignant tout en maintenant l’article 19, qui impose pourtant l’affichage public des listes électorales. « Contrairement aux exigences de cet article 19, à ce jour, aucune liste électorale définitive n’est disponible », insiste Mboli-Goumba, rappelant que même les dispositions du Code ne sont pas respectées par l’ANE.
Entre le constat officiel de l’huissier, les assurances du gouvernement et les dénonciations de l’opposition, la question de la crédibilité et de la légalité du processus électoral reste entière à l’approche du scrutin.