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La petite ville de Djibloho, capitale administrative de la Guinée équatoriale, est depuis ce lundi 16 septembre le centre névralgique de la réflexion statistique en Afrique centrale. Les experts du Comité sous régional de la statistique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) y ont entamé une réunion de quatre jours consacrée à l’évaluation et à la relance du Programme statistique sous régional, connu sous l’appellation STAT-CEMAC.

Organisée par la Commission de la CEMAC, cette rencontre s’inscrit dans la dynamique de renforcement de la gouvernance régionale en matière de production, d’harmonisation et d’exploitation des données statistiques. La cérémonie d’ouverture, marquée par une solennité certaine, a été présidée par M. Nicolas Beyeme Nguema, Commissaire en charge du Département des Politiques économique, monétaire et financière de la Commission, aux côtés de M. Marcelo Castro Ngua Nkulu, Gouverneur de la province de Djibloho.
Dans son mot de bienvenue, le Gouverneur de Djibloho a exprimé la fierté de sa province d’accueillir des travaux d’une telle importance pour l’avenir de la sous-région : « Nous espérons que ces journées de réflexion aboutiront à des conclusions concrètes qui permettront non seulement d’atteindre les objectifs fixés, mais également d’améliorer les conditions de vie des populations de la CEMAC », a-t-il déclaré, insistant sur le rôle vital de la statistique pour orienter les politiques publiques.
De son côté, le Commissaire Nicolas Beyeme Nguema a rendu hommage aux autorités équato-guinéennes pour leur engagement constant en faveur de l’intégration régionale. Il a ensuite insisté sur l’urgence de doter la CEMAC de systèmes statistiques modernes et fiables, capables d’accompagner les États membres dans leurs stratégies de développement : « Les statistiques ne sont pas seulement des chiffres, elles sont la base des décisions politiques et économiques. J’invite donc chacun de nous à oeuvrer ensemble pour assurer le succès de cette réunion et tracer un avenir prometteur pour la statistique en Afrique centrale », a-t-il lancé devant une cinquantaine de participants.
Au cœur des débats : HISWACA et la modernisation des systèmes
Jusqu’au 18 septembre, les experts venus des six pays membres de la CEMAC Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad plancheront sur plusieurs points stratégiques. Il s’agira notamment de dresser le bilan de la mise en œuvre des recommandations issues de la 10ᵉ session du Comité sous régional, de présenter les outils de gestion du Projet HISWACA au niveau de la Commission, ainsi que le Plan de travail et budget annuel (PTBA) 2026.
Le Projet HISWACA, pour Harmonisation et amélioration des statistiques en Afrique de l’Ouest et du Centre, occupe une place centrale dans les discussions. Lancé en 2024 avec le soutien financier de la Banque mondiale, il vise à harmoniser les méthodes de collecte et de traitement des données dans les États membres tout en renforçant leurs capacités institutionnelles. Le suivi des indicateurs de pauvreté et des conditions de vie des ménages figure parmi ses priorités.
Les participants examineront également l’état d’avancement des conventions signées avec des partenaires techniques tels que l’Institut sous régional de statistique et d’économie appliquée (ISSEA), l’Observatoire économique et statistique d’Afrique subsaharienne (AFRISTAT) et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).
Au-delà des instituts nationaux de statistique des six pays membres, la rencontre réunit des représentants d’institutions régionales comme la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC), la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (COSUMAF) et la CEBEVIRHA (Commission économique du bétail, de la viande et des ressources halieutiques). Des partenaires internationaux tels que le Fonds monétaire international (FMI), l’UNFPA, l’ISSEA, AFRISTAT et l’IFORD (Institut de formation et de recherche démographiques) participent également aux échanges.
Cette diversité d’acteurs traduit, selon plusieurs experts, la volonté de la CE-MAC d’impliquer l’ensemble des parties prenantes dans la construction d’un système statistique régional intégré : « La qualité des politiques publiques dépend de la qualité des données disponibles. L’approche collective est la seule qui puisse garantir des statistiques harmonisées et comparables entre nos pays », a confié un cadre de la Commission en marge des travaux.
STAT-CEMAC : un cadre de référence pour la décennie
Le programme STAT-CEMAC constitue désormais le cadre de référence des activités statistiques communautaires pour la prochaine décennie. Son ambition est claire : mettre en place un système performant qui génère des données fiables, harmonisées et disponibles à temps, couvrant toutes les dimensions du développement et de l’intégration qu’elles soient économiques, sociales, environnementales ou culturelles.
Les discussions de Djibloho s’inscrivent ainsi dans une volonté plus large de modernisation et de renforcement des systèmes statistiques nationaux et sous régionaux. Les experts espèrent que les conclusions permettront de lever les obstacles techniques et financiers qui freinent encore la production de données de qualité en Afrique centrale.

À l’issue des travaux des experts, le Comité de pilotage du Projet HISWA-CA prendra le relais afin d’examiner les orientations stratégiques et d’adopter les recommandations opérationnelles. Une étape décisive pour assurer la cohérence et la continuité des actions en matière statistique au sein de la CEMAC.
En accueillant ce conclave, Djibloho s’impose comme un symbole de l’engagement régional en faveur d’une gouvernance éclairée par des données fiables. Pour le Gouverneur Marcelo Castro Ngua Nkulu, l’enjeu dépasse les seules considérations techniques : «Une meilleure production statistique, c’est aussi un outil de lutte contre la pauvreté et un levier pour améliorer le quotidien des citoyens. »
Entre ambition d’harmonisation et impératif de modernisation, la CEMAC veut inscrire la statistique au cœur de son projet d’intégration. Les prochains jours diront si les engagements pris à Djibloho sauront se traduire en actions concrètes capables de répondre aux attentes des populations de la sous-région.

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