
Le processus de dialogue politique entre le gouvernement et les forces de l’opposition se poursuit timidement mais de manière tangible, deux semaines après son lancement officiel. Ce dialogue, initié le 2 septembre dernier à l’issue d’une rencontre entre le Premier ministre Félix Moloua et les leaders du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), marque un nouveau chapitre dans la quête d’une concertation nationale avant les échéances électorales prévues en décembre 2025.
Selon des sources proches du dossier, l’opposition a remis officiellement, le dimanche 14 septembre, une note détaillant les thématiques qu’elle juge prioritaires pour le dialogue. Cette note, élaborée après une dizaine de jours de travaux internes, représente le premier geste concret de l’opposition dans le cadre de ce processus, et offre une première fenêtre sur les enjeux qui animent le paysage politique centrafricain à quelques mois des élections présidentielles et législatives.
Le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution, principal regroupement de l’opposition impliqué dans ce dialogue, avait pour mission de définir non seulement les thématiques à discuter mais également le format et le calendrier du dialogue. La note qu’il a transmise reflète, selon les informations consultées par notre rédaction, des revendications structurantes et un agenda politique clair. Parmi les points les plus saillants figure la refonte de l’Autorité Nationale des Élections (ANE) et du Conseil constitutionnel, institutions jugées stratégiques par l’opposition pour garantir la transparence et la crédibilité du scrutin à venir.
Cette exigence de réformes institutionnelles traduit une volonté de l’opposition de sécuriser les conditions électorales avant même le démarrage de la campagne. Elle illustre également le climat de méfiance persistante entre le pouvoir en place et les forces politiques qui se positionnent en alternative. Le contexte centrafricain, marqué par des tensions récurrentes et une fragilité institutionnelle, rend cette étape particulièrement sensible et déterminante pour la légitimité des élections.
Du côté du gouvernement, l’attention est désormais portée sur l’examen de la note de l’opposition. L’exécutif dispose d’un temps de réflexion pour étudier les propositions et envisager un cadre de dialogue acceptable pour toutes les parties.
Ce moment de consultation pourrait influencer la forme et la portée du dialogue national, qui reste, pour l’heure, planifié sans date précise. Les analystes politiques notent que la manière dont le gouvernement traitera ces propositions sera un indicateur clé de sa capacité à intégrer l’opposition dans un processus de concertation véritable, au-delà des simples démarches protocolaires.
Le processus de dialogue en cours s’inscrit dans un contexte politique complexe.
La RCA, en proie à des crises institutionnelles répétées et à des conflits internes, cherche à instaurer un mécanisme de gouvernance capable d’assurer la stabilité avant les élections de 2025. Les initiatives de dialogue antérieures ont souvent été marquées par des blocages et des frustrations, ce qui explique la prudence affichée par les acteurs et l’importance accordée à la formulation précise des revendications de l’opposition.
L’analyse des propositions transmises par le BRDC suggère également une approche stratégique de l’opposition. En insistant sur des réformes institutionnelles concrètes et sur la transparence électorale, le bloc politique cherche à inscrire le dialogue dans un cadre de résultats tangibles plutôt que dans des discussions purement symboliques. Cette démarche pourrait renforcer la légitimité de l’opposition tout en mettant le gouvernement face à ses responsabilités dans la préparation des prochaines échéances électorales.
Le processus de dialogue entre le pouvoir et l’opposition centrafricaine, bien que jeune, franchit des étapes importantes. La remise de la note par le BRDC constitue un signal fort de l’engagement de l’opposition et met en lumière les défis institutionnels qui devront être abordés pour garantir des élections crédibles.
La manière dont l’exécutif réagira à ces propositions déterminera non seulement la suite du dialogue, mais aussi la perception de la scène politique centrafricaine par la communauté nationale et internationale. L’attente est désormais centrée sur la réaction du gouvernement et la mise en place d’un calendrier concret, qui pourrait constituer un pas décisif vers une concertation politique stable et durable dans le pays.