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Depuis plusieurs années, la République centrafricaine cherche à sortir du cercle vicieux de l’instabilité politique et des conflits armés pour s’engager résolument sur la voie du développement durable. Le chemin est escarpé, mais les signaux émis par le gouvernement indiquent une volonté réelle de transformer l’essai. À travers une dynamique structurée articulée autour du RCPCA, du PND et de la table ronde des investisseurs prévue à Rabat, la RCA entend écrire une nouvelle page de son histoire économique.

La mise en œuvre du RCPCA (Relèvement et Consolidation de la Paix en Centrafrique) a constitué une étape essentielle dans la transition post-conflit. Ce document stratégique, fruit d’un processus de dialogue national et d’analyse multisectorielle, a permis d’identifier les priorités immédiates en matière de sécurité, de cohésion sociale et de rétablissement de l’autorité de l’État. Il a surtout jeté les bases de la planification économique à moyen terme.

Le Plan National de Développement (PND), quant à lui, vient prolonger cette ambition dans une vision plus large : construire une économie résiliente, inclusive et tournée vers l’avenir. Le PND ne se limite pas à une simple projection budgétaire il se veut une boussole nationale, un pacte de confiance entre l’État, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé et les citoyens. Il met l’accent sur la diversification économique, le développement des infrastructures, l’agriculture, l’éducation et la santé  autant de piliers sans lesquels toute croissance resterait illusoire.

Rabat, carrefour des ambitions centrafricaines

C’est dans cette logique que s’inscrit la table ronde des investisseurs prévue au Maroc. Un événement hautement stratégique qui s’annonce comme un tournant dans la diplomatie économique centrafricaine. Rabat, capitale d’un partenaire historique et influent en Afrique, servira de tremplin pour présenter le potentiel de la RCA, exposer les réformes en cours, et attirer les capitaux indispensables à la réalisation des projets inscrits dans le PND.

Ce rendez-vous n’est pas seulement une opération de charme auprès des bailleurs de fonds ; il constitue également un test de crédibilité pour le gouvernement centrafricain. Réussir Rabat, c’est démontrer que Bangui est désormais capable de parler d’égal à égal avec les acteurs économiques internationaux, sur la base d’une feuille de route claire, ambitieuse et cohérente.

Soyons lucides : la route vers le développement reste jalonnée de défis majeurs. Insécurité résiduelle, faibles capacités administratives, manque de financement domestique, gouvernance perfectible la Centrafrique n’est pas encore sortie d’affaire. Mais pour la première fois depuis longtemps, un cap stratégique semble être assumé et suivi. Il ne s’agit plus de répondre dans l’urgence, mais d’anticiper, planifier et construire.

Le succès de cette dynamique dépendra largement de la capacité du gouvernement à mobiliser autour de lui tous les acteurs nationaux et internationaux dans un esprit de transparence, de responsabilité et de solidarité. La Centrafrique ne pourra relever le défi de la relance économique que si elle réussit à consolider la paix, restaurer la confiance et créer un environnement propice à l’investissement productif.

La Centrafrique tente de changer de paradigme. De pays en crise, elle veut devenir un pays en reconstruction, puis un pays émergent. Le RCPCA a amorcé le processus, le PND en trace les contours, et la table ronde de Rabat en sera, peut-être, le déclencheur international. L’heure est grave mais pleine d’espoir. Il appartient désormais aux dirigeants centrafricains de transformer cette dynamique en réalité tangible pour les populations. Car à la fin, ce sont les citoyens qui doivent être les premiers bénéficiaires de cette nouvelle ère.

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