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À l’issue de la Table ronde des investisseurs, organisée à Casablanca (Maroc), le gouvernement centrafricain a obtenu des engagements financiers d’une ampleur historique : près de 9 milliards de dollars américains, soit plus de 5 000 milliards de francs CFA, destinés à financer la mise en œuvre du Plan National de Développement (PND) 2024- 2028.

Cette mobilisation inédite, fruit de plusieurs mois de travail diplomatique et technique, traduit une con- fiance renouvelée de la communauté internationale envers Bangui. Elle marque également un rare moment de satisfaction et d’unités nationales, dans un pays trop souvent traversé par des divisions et des incertitudes.

Le choix de Casablanca pour accueillir cette rencontre n’est pas fortuit. Le Maroc, allié de longue date de la Centrafrique, s’impose de plus en plus comme un acteur clé de la coopération Sud-Sud. En abritant la Table ronde des investisseurs, le Royaume a confirmé sa volonté d’accompagner la relance du pays, tout en facilitant le rapprochement entre Bangui et ses partenaires bilatéraux et multilatéraux.

Au-delà du soutien logistique et diplomatique, le geste marocain s’inscrit dans une logique de solidarité et d’engagement en faveur de la stabilité régionale. Le succès de cette mobilisation témoigne de la place croissante qu’occupe Rabat comme facilitateur dans les initiatives de développement africaines.

Un plan pour transformer la Centrafrique

Le PND 2024-2028 se veut bien plus qu’un programme économique. Il constitue une vision stratégique pour redonner espoir aux populations et reconstruire un État fragilisé par des décennies de crises.

Ce plan repose sur quatre axes majeurs : consolider la paix et la sécurité, socle indispensable de toute entreprise de développement ; moderniser les infrastructures (routes, énergie, télé- communications) pour désenclaver le pays et attirer les investissements ; améliorer l’accès aux services sociaux de base, notamment l’éducation et la santé, au bénéfice direct des populations ; stimuler la croissance économique, par la diversification des filières productives et le renforcement du secteur privé.

Avec les financements promis à Casablanca, le gouvernement centrafricain dispose désormais des moyens d’ancrer ces ambitions dans la réalité et d’amorcer un véritable tournant dans l’histoire du pays.

L’ombre de Bruxelles 2016

L’enthousiasme suscité par l’annonce des 9 milliards de dollars rappelle un précédent : la conférence de Bruxelles en 2016, qui avait déjà débouché sur des promesses substantielles de la part des bailleurs de fonds. Mais cette mobilisation s’était heurtée à des limites de mise en œuvre, à des failles institutionnelles et à un contexte sécuritaire instable, réduisant l’impact réel des engagements.

La leçon est claire : cette fois, la Centrafrique ne peut se permettre de répéter les erreurs du passé. « Nous n’avons plus droit à l’erreur, car nous serons jugés à l’acte », a rappelé Charles Armel Doubane, ancien ministre et éditorialiste. Les partenaires attendent des résultats tangibles, mesurables et visibles sur le terrain.

Si la mobilisation financière est une victoire diplomatique, elle n’est qu’un début. Le véritable enjeu réside dans la capacité des autorités centrafricaines à gérer ces ressources avec rigueur, transparence et efficacité.

Comme le rappellent plusieurs observateurs, il ne suffit pas d’obtenir des financements ; encore faut-il savoir les utiliser au service du bien commun. Cela suppose de renforcer la gouvernance, de rationaliser la gestion publique et de lutter contre toute forme de gaspillage ou de corruption. La confiance acquise à Casablanca doit être consolidée par des résultats concrets, faute de quoi elle risque de s’effriter rapidement.

Au-delà des accords et des chiffres, l’événement de Casablanca peut et doit servir de catalyseur pour un sur- saut d’unité nationale. Dans un con- texte marqué par les incertitudes poli- tiques et les fractures sociales, ce succès offre l’occasion de rassembler toutes les forces vives de la nation au- tour d’un objectif commun : construire une République Centrafricaine stable, pacifique et prospère.

La réussite du PND dépendra donc autant de la volonté des partenaires internationaux que de la capacité des Centrafricains eux-mêmes à dépasser leurs clivages et à s’approprier ce projet de développement. Comme le sou- ligne un éditorial centrafricain : « Ce n’est qu’à ces prix que nous parviendrons enfin à bâtir un État où il fait bon vivre, pour notre génération et celles à venir. »

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